L’état-major tchèque n’est pas satisfait des conditions posées par la Suède pour prolonger la location d’avions Gripen

En 2004, alors qu’elle venait d’être admise au sein de l’Otan, la République tchèque trouva un accord pour louer quatorze JAS-39 Gripen C/D auprès du constructeur suédois Saab pendant dix ans. Il s’agissait alors d’une solution provisoire, afin de laisser le temps à Prague d’acquérir ses propres avions de combat. Finalement, ce contrat de location fut reconduit en 2014 pour dix ans de plus, avec une clause permettant éventuellement de le prolonger jusqu’en 2027.

Or, en juillet 2022, le ministère tchèque de la Défense annonça qu’il souhaitait se procurer vingt-quatre chasseurs-bombardiers F-35A auprès du constructeur américain Lockheed-Martin. Dans la foulée, Saab fit une contre-proposition : la force aérienne tchèque pourrait conserver les quatorze Gripen C/D au terme du contrat de location à la condition d’acquérir des Gripen E/F par la suite.

« Nous pensons que le nouveau Gripen E est l’un des meilleurs avions au monde, avec un excellent rapport qualité-prix. Aucun autre constructeur ne peut vraiment nous concurrencer dans ce domaine », argumenta alors l’ambassadeur de Suède en République tchèque. Mais cette proposition fut mal reçue par la ministre tchèque de la Défense, Jana Černochová, celle-ci ayant estimé qu’elle venait « non pas d’un diplomate » mais « d’un homme d’affaires ».

Depuis, Prague a confirmé son choix en faveur du F-35A en signant un contrat de 4,3 milliards d’euros. En outre, une enveloppe de 1,8 milliard d’euros devra être débloquée pour financer les infrastructures dédiées à ces avions et le coût d’exploitation de ces derniers jusqu’en 2034. Seulement, les premières livraisons ne commenceront sans doute pas avant la fin du contrat de location des Gripen… D’où le risque d’une rupture temporaire de capacité.

Aussi, le ministère tchèque de la Défense a dit souhaiter garder les Gripen C/D plus longtemps, si possible jusqu’en 2035. Mais encore faut-il que le gouvernement suédois, pas forcément bien disposé à son égard, donne son accord. L’a-t-il obtenu ?

Le 31 août, en marge d’une conférence sur la sécurité organisée à Prague, le ministre suédois de la Défense, Pål Jonson, a indiqué qu’il avait signé une « lettre d’intention » avec son homologue tchèque en vue « d’une coopération renforcée en matière de défense ». Et d’évoquer la possibilité pour la force aérienne tchèque de conserver les Gripen C/D après l’expiration de l’accord qui arrive à échéance en 2027.

Mais ce n’est qu’une « lettre d’intention » qui a été signée… pas un accord ferme et définitif. En clair, les deux parties doivent encore négocier les modalités d’une éventuel prolongation du contrat de location des Gripen. Et, visiblement, M. Jonson n’aurait pas l’intention de faire un cadeau.

En effet, selon Prague International, le ministère tchèque de la Défense ne serait « pas satisfait de l’offre suédoise sur la prolongation de la location des quatorze Gripen au-delà de 2027 ». Aussi a-t-il demandé à la « partie suédoise de la modifier ».

Selon le contrat en vigueur, la location des Gripen coûte environ 70 millions d’euros par an à la République tchèque. Probablement que Stockholm, qui se trouve en position de force, entend en demander bien davantage. D’autant plus que, comme l’a rappelé M. Jonson, les Gripen « sont constamment modernisés pour suivre l’évolution » des menaces.