Finalement, la Pologne estime que son espace aérien n’a pas été violé lors d’une attaque russe en Ukraine

Le 26 août dernier, alors que la Russie venait de mener une attaque massive contre l’infrastructure énergétique ukrainienne, le commandement des forces opérationnelles polonaises fit savoir qu’un « appareil volant » russe avait survolé la Pologne.

« Nous avons probablement affaire à l’entrée d’un appareil volant sur le territoire polonais. [La présence de] l’objet a été confirmée par au moins trois stations de radiolocalisation », avait en effet affirmé son chef, le général Maciej Klisz. Visiblement, il était sûr de lui. « Ses caractéristiques montrent qu’il ne s’agit pas d’un missile, hypersonique, balistique ou guidé », avait-il précisé, suggérant ainsi qu’il s’agissait d’un drone « kamikaze », sans doute de type Shahed-136 [ou Geran-2].

Puis, le porte-parole du commandement des forces opérationnelles, le colonel Jacek Goryszewski expliqua que les « conditions météorologiques n’avaient pas permis de visualiser la situation » alors que « tout était prêt pour neutraliser cet objet ». En d’autres termes, il n’avait pas été possible d’identifier avec certitude cet « appareil volant », dont la trace fut par ailleurs perdue. Et, depuis, les recherches pour tenter de le retrouver se sont révélées vaines… alors que plus de 250 kilomètres carrés ont été passés au crible.

Les radaristes polonais ont-ils eu la berlue ou ont-ils eu affaire à un « faux positif » ? Toujours est-il que, dix jours plus tard, le général Klisz est revenu sur ses déclarations initiales. « À la suite des analyses » de données satellitaires et radar ainsi que de documents provenant de sources alliées », il y a une « très forte probabilité que l’espace aérien de la République de Pologne n’ait pas été violé le 26 août, » a-t-il déclaré devant des journalistes, le 5 septembre. Cependant, a-t-il ajouté, « des violations de l’espace aérien sont toujours susceptibles de se produire lors d’attaques russes contre l’Ukraine ».

Cette affaire fait penser à celle du missile retrouvé par hasard dans une forêt de la région de Bydgoszcz, en avril 2023. Selon la presse locale, l’engin en question – un Kh-55, probablement utilisé pour leurrer la défense aérienne ukrainienne – aurait bien été détecté par les moyens de surveillance polonais et américains avant sa chute… le 16 décembre 2022. D’ailleurs, le quotidien « Gazeta Wyborcza » affirma que, ce jour-là, un hélicoptère avait survolé l’endroit où ce missile fut retrouvé quelques semaines plus tard.

En attendant, le chef de la diplomatie polonaise, Radoslaw Sikorski, a récemment pris prétexte de cette violation présumée par un drone russe pour justifier le souhait de Varsovie d’abattre tout engin aérien hostile qui serait sur le point d’entrer dans son espace aérien. Une option jusqu’alors catégoriquement rejetée par Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan, estimant que cela pourrait entraîner l’Alliance dans le conflit russo-ukrainien.

Photo : Radar PL-18 – Ministère polonais de la Défense