Le Maroc sera-t-il le prochain client du Rafale F4 ?

Interrogé sur la vente de 12 chasseurs-bombardiers Rafale à la Serbie alors qu’il était invité par Europe 1, le 30 août, le PDG de Dassault Aviation, Éric Trappier, a indiqué qu’un autre contrat pourrait être signé d’ici la fin de cette année. Comme il n’a rien dit sur l’identité de ce client potentiel, les spéculations vont bon train.

Plusieurs hypothèses peuvent être avancées. Ainsi, il est possible que ce « client mystère » soit la Grèce, étant donné qu’elle aurait l’intention d’étoffer sa flotte de Rafale après le retrait de ses Mirage 2000-5. Ayant déjà fait part de sa préférence pour l’avion de Dassault Aviation, la Colombie fait naturellement partie des candidats, de même que l’Irak, souvent cité… À moins que le possible contrat évoqué par M. Trappier ne concerne l’achat de 26 Rafale Marine par l’Inde, d’autant plus qu’il est en passe de recevoir le feu vert du Conseil des acquisitions du ministère indien de la Défense.

Mais il pourrait s’agir d’un autre pays que l’on n’attendait pas forcément… En effet, depuis quelques jours, une rumeur sur une possible commande de Rafale prend de l’ampleur au Maroc. Jusqu’à présent, seule la reprise d’une trentaine de Mirage 2000-9 émiriens avait été avancée. Cependant, il a également été rapporté que les Forces royales Air s’intéressaient au F-15EX [ou Eagle II] de Boeing. Ce qui ne s’est pas confirmé par la suite…

Quoi qu’il en soit, l’un des premiers à évoquer une possible achat de Rafale par le Maroc a été le site spécialisé Defense Arabic. Selon lui, il s’agirait pour le royaume chérifien de « diversifier » ses sources d’approvisionnement en matière de défense… alors que, ces dernières années, il s’est surtout adressé à l’industrie américaine de l’armement.

De son côté, le site d’information marocain Hespress s’interroge. « Le Maroc pourrait-il être le prochain acquéreur des avions de combat Rafale », se demande-t-il. Aussi a-t-il sollicité l’éclairage de Mohamed Badine El Yattioui, professeur d’études stratégiques au Collège de défense nationale des Émirats Arabes Unis.

Le #Maroc pourrait-il être le prochain acquéreur des #avions de combat #Rafale ? C’est la question qui se pose alors qu’Éric Trappier, président-directeur général de Dassault Aviation, a récemment révélé au micro d’Europe 1 qu’un nouveau contrat pourrait être signé d’ici la fin… pic.twitter.com/XGZvpHCYX5

— Hespress Français (@HespressFr) September 4, 2024

« Les différentes discussions autour de l’achat du Rafale ou du F-15 sont en cours depuis un certain temps, et la décision d’Emmanuel Macron, fin juillet, de reconnaître la souveraineté du Maroc sur les provinces du Sud jouera certainement dans la balance », a-t-il dit. Et de rappeler que les Forces royales Air ont « toujours disposé d’avions français et américains » et que « le Rafale constitue donc la bonne option pour remplacer le Mirage F1 », par ailleurs porté au standard ASTRAC en 2011.

Pour rappel, dans un message adressé au roi Mohammed VI pour le vingt-cinquième anniversaire de son accession au trône, le président Macron a affirmé que « le présent et l’avenir du Sahara occidental » s’inscrivaient « dans le cadre de la souveraineté marocaine ». Ce qui a évidemment contribué à réchauffer les relations entre Paris et Rabat… quitte à fâcher Alger. Aussi, comme l’a souligné M. El Yattioui, cette décision pourrait être déterminante si, effectivement, le Maroc entend commander de nouveaux avions de combat.

Pour rappel, le Maroc avait déjà exprimé son intérêt pour Rafale dans les années 2000, plus précisément durant le mandat du président Chirac, qui entretenait d’excellents rapports avec Mohammed VI. Un accord portant sur la livraison de 18 appareils, pour environ 2 milliards d’euros, était même à portée de main. Seulement, après les élections de 2007, les tergiversations du gouvernement français au sujet du financement ouvrirent une brèche que les États-Unis s’empressèrent d’exploiter en proposant 24 F-16 à un prix défiant toute concurrence. Puis, des impairs diplomatiques firent le reste…