Fonds marins : La Marine nationale devrait pouvoir utiliser le sous-marin Nautile jusqu’en 2035
Alors qu’elle fut à la pointe de l’exploration des fonds marins, avec le groupe des bathyscaphes, qui réalisa plusieurs exploits dans les années 1950/60, dont une plongée de 9545 mètres, dans la fosse des Kouriles, la Marine nationale ne dispose plus de sous-marins habités pouvant naviguer dans les abysses depuis le désarmement de l’Archimède, en 1974. Seul l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer [IFREMER] maîtrise ce savoir-faire, avec notamment le Nautile, capable d’atteindre une profondeur de 6000 mètres.
En février 2022, étant donné que les grands fonds marins font désormais partie des champs de conflictualité, le ministère des Armées dévoila une stratégie afin de permettre à la Marine nationale de se réapproprier les capacités perdues dans ce domaine… mais avec des moyens modestes. D’où l’amendement défendu par le sénateur Philippe Folliot lors de l’examen du projet de Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30.
Ainsi, le parlementaire avait proposé de permettre à la Marine nationale d’utiliser le Nautile – dont les jours étaient alors comptés – dans le cadre d’un partenariat avec l’IFREMER. « La dualité serait une opportunité pour la France de développer ses capacités militaires, en particulier dans le domaine de la surveillance et de la protection des infrastructures sous-marines, tout en appuyant la recherche scientifique », avait-il expliqué.
L’argument fit son effet, d’autant plus que le Nautile avait été construit en partenariat avec la Direction générale de l’armement [DGA] et la Direction des constructions et armes navales [DCAN, Naval Group]
Promulguée le 1er août 2023, la LPM 2024-30 demande en effet au gouvernement d’étudier la « possibilité de faire entrer le sous-marin Nautile de l’IFREMER dans un schéma dual civil-militaire permettant de poursuivre le développement des capacités militaires dans les grands fonds tout en appuyant la recherche scientifique ».
Cependant, pour rendre cela possible, encore fallait-il moderniser le Nautile pour le maintenir en service au moins jusqu’en 2035… alors que l’IFREMER comptait mettre un terme à son exploitation en 2025. Pour cela, un investissement de 33 millions d’euros était nécessaire.
Or, grâce au plan France 2030, supervisé par le Secrétariat général pour l’investissement [SGPI], et à l’Agence nationale de la recherche [ANR], cette somme été trouvée. C’est en effet ce qu’a annoncé l’IFREMER, pour s’en féliciter, le 3 septembre.
« L’arrêt du Nautile aurait signifié le non-renouvellement de compétences techniques et opérationnelles rares, ainsi que la perte de tout un savoir-faire. Des sujets stratégiques auxquels l’État, à travers le plan France 2030, est sensible car ils mettent en jeu la souveraineté nationale », a fait valoir l’institut de recherche. Et de rappeler que, la France est « le seul pays de l’Union européenne à concevoir, maintenir et opérer un sous-marins habité apte à plonger à 6000 mètres de profondeur ».
Pour rappel, affichant un déplacement de 18 tonnes environ, le Nautile est équipé de trois hublots à grand champ de vision, de dix projecteurs à LED, d’un sonar permettant la détection d’objets dans un rayon de 300 mètres, de deux caméras haute définition et de deux bras manipulateurs. Conçu en titane et pouvant accueillir trois personnes à son bord [deux pilotes et un scientifique], il a une autonomie de 6 heures à 6000 mètres de profondeur. Outre la France, quatre autres pays possèdent une telle capacité, à savoir les États-Unis [avec le sous-marin Alvin], le Japon [avec le Shinkai], la Russie [avec deux engins MIR] et la Chine [avec le Jiaolong].
Des milliards pour l’Espace, et des dizaines de millions d’euros pour l’étude des fonds sous-marins. Même d’un point de vue purement militaire, pouvoir naviguer dans les abysses peut présenter un intérêt. Sans oublier l’exploration, la récupération d’épaves d’avions, fusées et autres. Les océans représentent la majorité de la superficie du globe.
le différentiel de pression c’est un bar tous les 10m.
un tel soum résiste à 600 bars, c’est un peu comme si vous plongiez DANS une bouteille de plongée, mais qui aurait 3x sa pression de service..
La réalité c’est que c’est presque plus compliqué et risqué que l’espace, c’est pourquoi il y a moins de pays équipés que pour l’espace.
Différentiel de pression de l’ISS : 1bar, différentiel de pression d »une combinaison spatiale : 0.3 bars.
Le plus dur est de lancer, pas de maintenir.
Pas plus dur de refaire (en mieux) ce qui a été fait il y a des décennies avec les techniques actuelles. D’où l’importance de garder une veille technologique, et ce dans de nombreux domaines.
Nos génie ont ils prévus un successeur à ce sous marin ????
Ou bien sont ils trop occupé à chercher un 1er ministre ????
Sont-ils trop occupés.
Puisque vous êtes assis devant votre ordi pour commenter ce que font les autres, envoyer donc votre CV 🙂 !
Comme a lancé la veuve d’Eric Tabarly le jour de son enterrement : « La France a abandonné la mer ». Il serait temps de s’y remettre.
Pour un remplaçant, cela semble difficile; Mème le Japon semble abandonner l’idée du submersible habité Shinkai 12000 qui devait être le successeur du Shinkai 6500 et se penche sur les drones :
https://www.asahi.com/articles/ASS8733T3S87ULBH00QM.html
« La coque de pression est une sphère presque parfaite (environ 7 cm d’épaisseur et 2 m de diamètre) en Alliage de titane , mais la technologie pour le faire n’a pas été transmise. S’il est fabriqué à l’étranger, les seules installations qui peuvent vérifier qu’elle est conforme aux normes de sécurité strictes du Japon se trouvent en Chine et en Russie. L’équipement pour le revêtement d’urgence vieillit également, mais la production a été interrompue. »
Une sphère de 2m en alliage de titane, c’est certes pas évident à produire…
mais que la technologie pour le faire n’a pas été transmise… et qu’il faudrait aujourd’hui la commander à l’étranger…
j’en suis tombé… heureusement sur de la moquette
les techniciens de l’époque auraient ils été a ce point égoïstes pour détruire les plans et documents…
L’Inde en construit un actuellement, donc pourquoi pas tenté une collaboration avec New Delhi ? Info trouvé par Clem2000 sur Air Defense : https://www.ndtv.com/india-news/indias-titan-like-submersible-to-take-3-people-6-km-underwater-4382485
Pourquoi ne pas tenter.
« CONFÉRENCE JSN 2023- Du Nautile au seabed warfare »
https://www.youtube.com/watch?v=apcvPCmp_xU
C’est marrant devoir comme l’histoire bégaie : en janvier 92, lors de sa prise de commandement d’ALFAN, l’excellent amiral Lefebvre (Jean-Charles) nous avait expliqué que la marine devait se séparer de ses « danseuses » : le GISMER avait été alors supprimé. Grosse économie entre parenthèse (joke!). Il était en effet inutile de conserver des moyens qui n’avaient jamais « tiré une cartouche ». Ce à quoi, lors des questions, votre serviteur lui avait demandé quand la marine allait désarmer les SNLE qui n’avaient jamais tiré un missile ? Jusqu’au grade de CF (pas les CV qui sont atteint du prurit stellaire et attendent au préalable la réaction de l’amiral) tout le monde a bien rigolé, l’amiral a souri et m’a dit que je raisonnais comme un tambour, ce qui, au demeurant, était exact ! (je n’étais que jeune LV à cette époque et en plus plongeur démineur).
25 ans plus tard, on s’aperçoit que ce domaine d’activité a une dimension stratégique et que la Marine Nationale est à poil en termes de matériel mais a aussi perdu un savoir faire non négligeable. Mais il fallait faire des économies !
En 1994, M. Albert Voilquin, sénateur des Vosges (RI), attire l’attention de M. le ministre d’Etat, ministre de la défense, sur les conséquences de la disparition du groupe d’intervention sous la mer de la marine. Il rappelle que cet organisme était un des très rares organismes militaires qui rapportait plus d’argent qu’il n’en coûtait, du moins sur le plan comptable. C’était trop tard et cela est dommage, 25 ans de perdu ! et comme le disait si justement Napoléon, si l’espace perdu se reconquiert le temps perdu ne se rattrape jamais.
Dans les années 80: Gismer (Div.sip,Div.vism, Ulism, centre hyperbare 500 et 1000 m) ,BIESM « Triton » et « Gustave Zédé » avec leurs sous-marins crache plongeurs. Excellente expertise, personnel hautement qualifié, recherche et développement (partenariat avec la Comex) avec une vision de l’avenir!
Malheureusement les « Etoilés » Parisiens, sûrement sous la pression du politique, ont décidé de tout mettre à la ferraille. Pas grave recommençons, c’est le contribuable qui finance.
🙂
« Plongée sous les mers avec le lieutenant de vaisseau Arnaud »
https://www.youtube.com/watch?v=YRGVTd2naaM
Pi l’UlyX : « Présentation du sous-marin autonome UlyX »
https://www.youtube.com/watch?v=Xve-uhQ9aak
« Ulyx : le cap des 6000 mètres est franchi ! »
https://www.youtube.com/watch?v=f-4rH2RpkJE
On vient de découvrir un truc sympa sur les fonds marins :
« Evidence of dark oxygen production at the abyssal seafloor »
Deep-seafloor organisms consume oxygen, which can be measured by in situ benthic chamber experiments. Here we report such experiments at the polymetallic nodule-covered abyssal seafloor in the Pacific Ocean in which oxygen increased over two days to more than three times the background concentration, which from ex situ incubations we attribute to the polymetallic nodules. Given high voltage potentials (up to 0.95 V) on nodule surfaces, we hypothesize that seawater electrolysis may contribute to this dark oxygen production.
https://www.nature.com/articles/s41561-024-01480-8
« Oxygène noir »
https://fr.wikipedia.org/wiki/Oxyg%C3%A8ne_noir
Et si on intégrait des voiliers dans la nouvelle flotte océanographique ?
« À quoi ressemblera demain la Flotte océanographique française opérée par l’Ifremer ? »
https://www.youtube.com/watch?v=_3gNNBDIMZ0
« Quels besoins scientifiques et technologiques pour l’avenir ? »
https://www.youtube.com/watch?v=e15d2cENWAI
Quand on parle du loup : « La Marine nationale va expérimenter le drone sous-marin UlyX de l’Ifremer »
https://www.meretmarine.com/fr/defense/la-marine-nationale-va-experimenter-le-drone-sous-marin-ulyx-de-l-ifremer
Et, pour les bases de drones dans les eaux tumultueuses, s’inspirer du Polar Pod :
https://www.polarpod.fr/fr
https://www.polarpod.fr/fr/polar-pod
« Esprit de Velox : nouvelle étape dans le développement d’un navire scientifique décarboné »
[…]
« Propulsion principale à la voile
[…]
« Il s’agira d’un navire hauturier de 70 m de long, d’un déplacement de 1000 tonnes, capable de naviguer sur toutes les mers – avec une capacité glace pour la période estivale, et de travailler de 3000 à 3500 mètres de profondeur », rappelle François Frey. Le navire pourra embarquer une cinquantaine de personnes dont une trentaine de scientifiques, et des équipements pesant jusqu’à 10 tonnes. Il disposera de 500 m2 d’espaces de recherche à bord. »
[…]
« Le futur Esprit de Velox sera ainsi doté d’une propulsion principale à la voile (et hybride vent/électrique, donc sans aucune énergie fossile), un « Island Grid » décarboné (mix énergétique issu des énergies éolienne, solaire, hydrolienne et houlomotrice), et une coque composite recyclable « dont l’expérimentation est accompagnée par le Bureau Veritas, les architectes du cabinet VPLP, en coopération avec Arkema ». « Cela n’a encore jamais été fait pour un navire de cette taille. Nous ne voulons pas créer une exception, mais un précédent », souligne François Frey. »
[…]
https://www.meretmarine.com/fr/science-et-environnement/esprit-de-velox-nouvelle-etape-dans-le-developpement-d-un-navire-scientifique-decarbone
😮
Evident, L’IFREMER et seulement « l’IFREMER avait le savoir-faire souverain pour matcher avec Naval Group et pour accélérer cette entreprise vers les profondeurs »
Puisque « la France est le seul pays de l’Union européenne à concevoir, maintenir et opérer un sous-marins habité apte à plonger à 6000 mètres de profondeur »
Mieux vaut tard que jamais !
Mais ça ne répond que partiellement au besoin. Après 2035 ? Cogitation et investissements maintenant ?
Avec 6 % de deficit, 115% de dette la gauche se profile … tu as n espoir ?
Comme pour l’exploration spatiale, je m’interroge (sans être qualifié du tout dans ces domaines) sur la pertinence des missions habitées désormais.
Pour les abysses, des engins télécommandés par fibre optique ne pourraient-ils pas obtenir les mêmes résultats ?
@Géo
Comme pour l’exploration spatiale, cet univers des abysses est naturellement voué à être très majoritairement et de plus en plus souvent visité par des drones (Cf mon post ci-dessous justement, sur ULYx).
…. de même que nous n’avons jamais envoyé QUE des sondes pour visiter le système solaire (hormis en banlieue terrestre, sur la Lune).
Les missions spatiales habitées ne sont que très peu nombreuses pas rapport à celles automatisées (sondes, drones, etc).
Elles sont maintenues car il faut bien progresser dans la science … pas seulement pour les drones, mais aussi pour ce qui concerne le milieu dans lequel l’Homme pourrait (ou devrait) aussi souhaiter évoluer.
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La recherche spatiale (mais aussi sous-marine) sont à l’origine de tant de progrès … Ce serait idiot et bien dommage de ne vouloir qu’avancer comme des borgnes, avec seulement des drones et des sondes.
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Et l’expérience « humaine » reste un facteur déterminant dans l’évolution 😉
Quel serait la masse d’une fibre optique (suffisamment protégée pour ne pas rompre) de 10 km ?
@Ontyl
Le problème que vous évoquez semble déjà résolu : une recherche rapide sur Internet m’indique que la torpille filoguidée F21 a une portée supérieure à 50 km.
J’estime qu’il est impératif de développer une flotte de sous marins équivalents au Nautile, afin que nos militaires puissent envisager sérieusement de s’entretuer dans les abysses.
Sur terre, sous terre, en altitude, dans l’espace, à la surface, sous la surface, dans les grands fonds, un seul objectif : s’entretuer !
Déjà surveiller, voire contrer.
Pourquoi risquerions nous de laisser ces espaces aux russes ou au chinois, et même aux américains qui en profiteraient pour enfumer encore plus l’UE dans le renseignement?
Couloirs de nos sous-marins, câbles de communications, câbles de transferts électriques, plateformes pétrolières, gazoducs, etc.
Le Nautile, piloté/habité, est conservé et c’est tant mieux, car il y a forcément des compétences à conserver et des usages spécifiques à la clé … et son unicité en Europe nous oblige.
Mais en parallèle, son « nouveau » pendant dronisé, « ULYx » arrive …
https://www.meretmarine.com/fr/defense/la-marine-nationale-va-experimenter-le-drone-sous-marin-ulyx-de-l-ifremer
« Ifremer : gros plan sur la rénovation du Nautile »
https://www.meretmarine.com/fr/science-et-environnement/ifremer-gros-plan-sur-la-renovation-du-nautile
« Brève stratégique n°72 – 2024 – L’exploitation des ressources minières des grands fonds marins internationaux dans le Pacifique : Le rêve de Nauru, de la Chine… et des États-Unis »
https://www.irsem.fr/publications-de-l-irsem/breves-strategiques/breve-strategique-n-72.html