Le ministre britannique de la Défense prépare les esprits à des coupes budgétaires

Même si le président Macron a dit vouloir préserver le budget des armées, quitte à opérer quelques « ajustements », il n’en reste pas moins que l’exécution de la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30, qui prévoit de porter l’effort de défense à 50,5 milliards en 2025 [soit une hausse de 3,3 milliards d’euros], est compromise, faute d’une majorité à l’Assemblée nationale pour voter la prochaine loi de finances initiale.

En outre, la situation des finances publiques va nécessairement compliquer la donne. Dans l’attente des décisions que rendront bientôt les agences de notation [DBRS publiera la sienne le 20 septembre, puis ce sera au tour de Fitch et de Moody’s en octobre], et alors que la France a été placée en « procédure de déficit excessif » par la Commission européenne, le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire a fait état, le 2 septembre, d’un nouveau dérapage des déficits publics et préconisé 16 milliards d’euros d’économies immédiates. Quelles conséquences cela pourrait-il avoir sur l’actuelle loi de finances ? Il reviendra au prochain gouvernement de trancher.

De l’autre côté de la Manche, la situation n’est pas florissante non plus. Comme il est d’usage en politique, le nouveau Premier ministre, le travailliste Keir Starmer, a dénoncé la situation que lui a laissée son prédécesseur, Rishi Sunak, en évoquant un « trou noir » de 22 milliards de livres sterling dans les comptes publics pour l’exercice en cours. Aussi, a-t-il annoncé des « temps difficiles » pour les mois à venir.

Et il n’est pas exclu que les forces armées britanniques en fassent les frais, alors que les travaux sur une nouvelle revue stratégique de défense viennent d’être lancés. En tout cas, leur ministre de tutelle, John Hailey, prépare les esprits à d’éventuelles coupes budgétaires.

« Au sein du gouvernement, nous sommes désormais tous confrontés à des finances publiques qui sont bien pires que ce que nous pensions avant les élections. De mémoire d’homme, c’est probablement le pire héritage. C’est pourquoi le Premier ministre et le chancelier [le ministre de l’Économie, ndlr] ont parlé de choix difficiles, de choix que nous n’aurions pas voulu faire ou que nous n’avions pas prévu de faire, y compris en matière de défense, mais que nous ferons parce que nous devons maîtriser les finances publiques », a en effet déclaré M. Hailey sur les ondes de la BBC, le 3 septembre.

Et d’insister : « Nous devons voir la croissance revenir et c’est ainsi que nous pourrons reconstruire à la fois la richesse de ce pays et les services publics. […] Nous ferons notre part pour aider ce gouvernement à faire face au déficit de cette année et à l’état déplorable des finances publiques. »

Plus tôt, des responsables de la défense britannique avaient confié au quotidien The Times qu’ils « redoutaient des coupes dans les principaux projets militaires » et qu’il n’y avait « aucun signe » que le gouvernement s’apprêtait à augmenter le budget des forces armées « dans un avenir proche ». Quant à l’objectif des 2,5 % du PIB, pourtant annoncé par M. Starmer, il ne pourrait être atteint qu’après 2030.

Par ailleurs, a rapporté le Times, les membres de équipe de M. Hailey auraient été « surpris par l’état des forces armées » après avoir pris leurs fonctions. « Le ministère de la Défense est dans un état pire qu’on le craignait », a confié l’un d’eux.