Airbus et Lockheed-Martin abandonnent l’appel d’offres visant à remplacer les hélicoptères Puma HC2 britanniques

En 2022, le ministère britannique de la Défense [MoD] lança une procédure afin de se procurer une quarantaine de nouveaux hélicoptères multi-rôles de transport moyen, dans le cadre du programme NMH [New Medium Helicopter], celui-ci devant permettre le remplacement de vingt-trois Puma HC2 et de trois Bell 412 de la Royal Air Force [RAF] ainsi que de cinq Bell 212 et de six Dauphin II de l’Army Air Corps. Le montant de ce marché étant alors évalué à 1 milliard de livres sterling [soit environ 1,2 milliard d’euros].

Cette acquisition passait alors pour urgente puisqu’il était question de la voir aboutir en 2025. En outre, le remplacement de quatre types d’appareils par un seul modèle allait donner au Joint Helicopter Command davantage de flexibilité opérationnelle, via la mutualisation de la formation des équipages et, surtout, la rationalisation du Maintien en condition opérationnelle [MCO].

Quatre candidats se déclarèrent intéressés par l’appel d’offres alors en préparation : Boeing [MH-139 Grey Wolf], Leonardo [AW149], Airbus Helicopters UK [H175M] et Lockheed-Martin UK [via Sikorsky, avec le S-70M Black Hawk].

Puis, contre tout attente, Boeing décida de se retirer de la course pour s’allier avec… Airbus Helicopters. Cependant, des trois concurrents en lice, il n’en reste plus qu’un seul.

En effet, alors que, en février dernier, le MoD a adressé une « invitation à négocier » [ITN – Invitation to Negotiate] aux trois industriels, Airbus Helicopters UK et Lockheed-Martin UK ont fait savoir, la semaine passée, qu’ils jetaient l’éponge. L’un et l’autre ont avancé les mêmes arguments, à savoir qu’ils s’estiment « incapables » de formuler une « offre responsable » susceptible de satisfaire les exigences des forces britanniques tout en garantissant un retour sur investissement acceptable.

Pour rappel, Airbus Helicopters s’était engagé à installer une ligne d’assemblage dédiée au H175M à Broughton [Pays de Galle] s’il décrochait le marché NMH tandis que Lockheed-Martin UK avait assuré que son fournisseur StandardAero allait être chargé de construire les Black Hawk.

De son côté, Leonardo n’a pas eu les mêmes réticences. L’industriel italien a répondu dans les délais à l’invitation à négocier qui lui avait été adressée. Et de souligner qu’il a soumis une offre « entièrement conforme aux exigences du MoD en matière de coûts, de nombre de plateformes [a priori réduit à une grosse vingtaine, ndlr] et de calendrier ».

« Grâce à notre capacité de conception et de fabrication d’hélicoptères établie au Royaume-Uni et à une chaîne d’approvisionnement nationale connexe, nous avons été en mesure de répondre aux exigences du MOD, notamment en matière de valeur sociale et de contribution à l’économie britannique », s’est félicité Adam Clarke, le directeur général de Leonardo Helicopters UK.

Cependant, il n’est pas certain que cette procédure aille jusqu’à son terme. D’abord, il ne sera plus possible au MoD de faire jouer la concurrence… Ensuite, son sort dépendra des conclusions de la prochaine revue stratégique de défense, dont les travaux viennent à peine de débuter.

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25 contributions

  1. Patrico dit :

    Rien que dans le titre j avais le nom et j étais sûr que Léonardo serai sur le haut du podium et c est tout à fait…logique ! ils devraient remporter le contrat! les deux autres sont beaux joueurs et avaient compris sûrement.
    Merci Thank you merci a vous Tous.

  2. Rakam dit :

    Dommage le Puma est une sacré bête de some…Bon Leonardo fait du bon appareil, et reste attractif avec un rapport qualité prix abordable…

  3. St-Denis dit :

    Si la plupart des candidats se carapate… je me pose des questions sur le caractère des sélectionneurs…
    doivent être chiants…

  4. Mic dit :

    Ou Leonardo c’est peut être planté dans la proposition, car des boîtes Airbus/Boeing , LM qui ne veulent pas répondre c’est qu’il y a peut être un problème majeur dans l’appel d’offre ?
    Il ne faut pas écarter un possible nouvel appel d’offre avec des modifications dans les cahiers des charges .

  5. Roland Desparte dit :

    à savoir qu’ils s’estiment « incapables » de formuler une « offre responsable » susceptible de satisfaire les exigences des forces britanniques tout en garantissant un retour sur investissement acceptable…
    Etonnant non ? Qui pourrait me traduire cela sur le fond ? Quelles sont les exigences britanniques insurmontables ? Les anglais voudraient-ils plus de sauce Worcester qu’ils ne sont capables de digérer (financièrement) ? On ne veut plus faire de crédit à nos amis ?
    Là, j’avoue que j’ai du mal à bien comprendre.
    Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup…

    • Jack dit :

      Cela veut tout simplement dire que le contrat ne serait pas rentable pour deux des trois soumissionnaires et… c’est tout.
      .
      « Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup… » Cette expression n’a pas de sens dans le monde de la BITD. Vous pensez vraiment que le détail de l’appel d’offres et les réponses seront dévoilés en détail ?

    • Momo dit :

      C’est clair 😉
      On peut avoir un indice ou deux en reprenant les déclarations:

      Airbus : “We believe that the outcome of this procurement as it stands would not be able to deliver on current defence-industrial strategy objectives, particularly its ambition for long-term new jobs, opportunities for the UK supply chain and sovereign capability.”

      LM: “We… have elected not to submit a response to the New Medium Helicopter ITN as we could not meet its minimum requirements in today’s market conditions.”

      C’est un peu différent que la traduction de l’article, à moins que ce ne soit des propos complémentaires qui me sont inconnus.
      Ici on comprend que les 2 ne veulent suivre sur les exigences du volet industriel dans le cadre économique imposé. Donc pas d’investissement au UK, ROI sans doute très mauvais pour lâcher à ce stade.

      Billard pour Leonardo et très mal joué des négociateurs du MoD qui vont devoir en rabattre et n’atteindront pas les objectifs financiers. C’était pas le moment.

  6. Achille-64 dit :

    4 grands plexis de chaque côté : les militaires pourront profiter du paysage … ?

  7. Schwarzwald dit :

    Franchement le AW149 est une belle bête avec une versatilité appréciable. Quand je vois leur déclinaison 12 pax + 2 gunners ça le fait pour un helico de cette taille.

  8. Hervé 46 dit :

    tout à fait d’accord. les exigences des anglais, fines et connues de tous, vont etre revues à la baisse.

  9. Lado dit :

    Leonardo est la maison mere de l’ex Westland, le « regional de l’étape ».avec une offre pertinente.Pas de perte de temps au delà d’un tour de figuration.Leonardo a probablement « inspiré »le CdC
    Imagine t’on le MinDef Fr commander autre chose que des Airbus fabriqués à Marignane et motorisés pa Safran?

  10. Kardaillac dit :

    L’inimitable souplesse de négociation des industriels italiens !

  11. HMX dit :

    Sauf à assumer d’y mettre le prix, exiger l’installation d’une ligne d’assemblage pour une commande de 20 à 40 appareils ne semble pas constituer le meilleur moyen pour obtenir des offres compétitives.

    Compte tenu du contexte politique et budgétaire qui est celui du Royaume Uni (et bien que nous n’ayons aucune leçon à donner en la matière…) il semble probable que le marché soit déclaré sans suite, et qu’une nouvelle compétition soit relancée sur des bases beaucoup moins ambitieuses, avec un achat « sur étagère » attribué à l’offre la moins-disante…

    Si la compétition devait être relancée, il serait probablement opportun pour Airbus de pousser l’option de l’AS332 Super Puma, successeur « naturel » du Puma, dont le rapport performance/prix passe pour être particulièrement compétitif. Ou à défaut, si l’argent manque et que le MOD devait revoir son ambition à la baisse, le H160M pourrait également constituer un candidat potentiel.

  12. albert dit :

    Leonardo a toujours fait de bon hélico, donc ça restera de toute façon une bonne acquisition. Je ne dit pas un très bon choix vu qu’il n’y a plus de choix.
    Maintenant je reste toujours un peu méfiant quand ces situation où tous les concurrent d’un contrat abandonnent sauf un, ça sent à plein nez le contrat déja joué d’avance, taillé pour un modèle déja pré choisi. N’oublions pas que Leornardo c’est une fusion entre Leonardo-finnemechanica (Italie) et Agustra-Westland (Italie/UK). Et Westland c’est … britannique. Donc on peut penser que les britanniques ont voulu privilégier un produits partiellement national dans ce choix.
    Malheureusement poru les anglais, à avoir pipeauté cette compétition, ils ont tout foiré et se retrouve avec un unique choix. Ca veut dire que les anglais n’auront plus aucun moyen de pression sur le prix, les équipements, la maintenance, etc. Leonardo va imposer ses exigences. Et comme le besoin semble urgent, impossible de relancer un autre appel d’offre, d’autant que Boeing et Airbus ne perdront pas de temps et d’argent dans un combat perdu d’avance. Les anglais sont tombés dans leur propre piège

  13. Géo l´ignare dit :

    Saint-Denis, on peut supposer qu’il y a d’autres critères que l’amabilité du vendeur.
    Ce type de marché, ce n’est pas comme l’épicerie du coin.

  14. Fralipolipi dit :

    Pas si surprenant.
    A l’origine du Puma, « Westland » Helicopters (UK) collaborait avec Sud-Aviation (puis Aerospatiale).
    Donc avec le Puma, les Anglais avaient déjà acheté un hélico co-conçu et co-fabriqué par leurs industriels nationaux.
    .
    Aujourd’hui, la filiale hélico de Leonardo n’est autre que l’ex Agusta-« Westland » … entreprise initialement italo-britannique, avec fusion des 2 entreprises à l’issue d’un autre important programme en collaboration, celui du EH101 Merlin.
    .
    Donc aujourd’hui (et comme à l’époque du Puma), nous voyons un Appel d’Offres qui favorise (sans le dire) l’entreprise détenant le plus d’avoirs industriels et R&D sur le sol britannique, via cette ancienne fusion … à savoir Leonardo.
    Donc, pas de surprise.
    .
    L’AW149 de Leonardo ne semble pas aussi bon que le H175M d’Airbus, notamment au niveau de l’allonge, mais l’écart n’est vraisemblablement pas suffisant pour faire oublier l’ancien « Westland », même si Airbus proposait un assemblage au UK.