Pour le première fois, la marine australienne va assurer la maintenance d’un sous-marin nucléaire américain

Dans le cadre du pacte AUKUS [Australie, Royaume-Uni, États-Unis], la Royal Australian Navy [RAN] est censée recevoir huit sous-marins nucléaires d’attaque [SNA] à partir de 2032, dont trois de type Virginia. Quant aux cinq autres, ils seront issus du programme britannique SSN-AUKUS, qui vise à remplacer les SNA de type Astute de la Royal Navy.

Avant d’en arriver là, et au-delà des questions industrielles qui sont encore loin d’être réglées, les défis que doit relever la RAN sont nombreux, d’autant plus qu’elle n’a aucune expérience en matière de propulsion nucléaire. Outre les investissements colossaux qu’elle aura à faire, notamment pour les infrastructures destinées à ses futurs SNA – il est question de construire une cale sèche dont le coût est estimé à plusieurs milliards de dollars -, elle doit former des sous-mariniers, des atomiciens, des ingénieurs et des techniciens.

Dans le même temps, l’US Navy et la Royal Navy ont prévu de déployer ponctuellement un de leurs SNA en Australie à partir de 2027, au titre de la « Submarine Rotational Force-West » [SRF-W]. D’où la nécessité pour la RAN et l’industrie navale australienne de s’y préparer.

L’une et l’autre pourront se faire les dents à l’occasion de l’arrivée du sous-marin américain USS Hawaii à la base navale HMAS Stirling [Australie occidentale], pour une « période de maintenance » [Submarine Tender Maintenance Period – STMP]. C’est la première fois qu’une telle opération sera effectuée sur un SNA de l’US Navy en-dehors des États-Unis.

« Au cours de l’année dernière, le personnel australien a suivi une formation dispensée par les États-Unis et le Royaume-Uni pour comprendre comment exploiter et entretenir en toute sécurité des sous-marins nucléaires d’attaque. […] Dans la continuité de cette formation, cette STMP constitue une étape importante pour l’acquisition de SNA par l’Australie », ont souligné les ministres britannique, australien et américain de la Défense, via un communiqué conjoint.

« C’est la première fois que du personnel australien participera directement à la maintenance d’un tel navire. S’appuyant sur le succès de précédentes visites de SNA américains, le personnel australien suivra un apprentissage pratique et observera une série d’activités au cours de cette STMP », ont-ils ajouté.

Pour cela, l’US Navy a envoyé le navire ravitailleur de sous-marins USS Emory S. Land à la base HMAS Stirling.

« C’est un moment important pour la Royal Australian Navy. Pour la première fois, des Australiens qui ont été formés à bord de l’Emory S. Land utiliseront leurs compétences sur un SNA américain, dans les eaux australiennes », s’est d’ailleurs félicité le contre-amiral Matthew Buckley, de l’agence australienne des sous-marins.

Cela étant, cette opération de maintenance ne concernera pas la propulsion nucléaire de l’USS Hawaii. « Aucun matériau radiologique ne sera transféré à terre » durant l’immobilisation de l’USS Hawaii, a assuré le ministère australien de la Défense.

Toutefois des « exercices de simulation aideront l’Australie à accroître ses connaissance et à s’approprier une culture de la sécurité qui garantira le plus haut niveau de protection », est-il expliqué dans le communiqué conjoint, d’autant plus que « la gestion du nucléaire est une priorité absolue pour les partenaires d’AUKUS ».

Photo : SNA USS Hawaii – US Navy [archive]