L’agence suédoise de l’armement envisage d’envoyer du personnel en Ukraine

Depuis les dernières annonces de M. Macron, faites en marge du quatre-vingtième anniversaire du Débarquement en Normandie, le 6 juin dernier, l’aide militaire de la France à l’Ukraine a été reléguée au second plan par la dissolution de l’Assemblée nationale [et l’impasse politique qui en a résulté] et les Jeux olympiques de Paris.

Le dernier bilan sur cette aide a été établi par le ministère des Armées en mai dernier. Ainsi, au cours des quatre premiers mois de 2024, la France a livré une « valeur total de 420 millions d’euros d’équipements militaires à l’Ukraine », auxquels « viennent s’ajouter 900 millions d’euros versés à la Facilité européenne pour la paix [FEP], soit un soutien militaire de plus de 1,32 milliard d’euros depuis le 1er janvier », avait-il avancé. Et de préciser que, en plus de cet effort financier, 2000 soldats ukrainiens avaient été formés en Pologne par les armées françaises depuis le début de l’année.

Reste que, depuis maintenant plus de deux mois, les projets visant à livrer des Mirage 2000-5 à Kiev et à former une brigade de 4500 soldats sur le sol ukrainien se sont très discrets. Sans doute ont-ils été au centre de l’entretien téléphonique entre Sébastien Lecornu, le ministre [démissionnaire] des Armées, et Roustem Oumierov, son homologue ukrainien, le 12 août dernier.

Quoi qu’il en soit, alors que, en février, M. Macron avait été l’un des premiers à évoquer l’envoi de « troupes au sol » en Ukraine afin de soulager l’armée ukrainienne de tâches annexes [déminage, logistique, etc.] et de créer une « ambiguïté stratégique » à l’égard de la Russie, la Suède pourrait passer des paroles aux actes très prochainement. C’est en effet ce qu’a suggéré Pål Jonson, le ministre suédois de la Défense, le 15 août.

Ainsi, la Försvarets materielverk [FMV], l’équivalent suédois de la Direction générale de l’armement [DGA], étudie actuellement la possibilité d’établir une présence en Ukraine, afin d’apporter un soutien en matière d’acquisitions d’équipements militaires, de logistique et de maintenance. En clair, elle pourrait envoyer du personnel sur place, si les conditions sont réunies, dans le courant de l’automne prochain.

« Il s’agit d’intensifier le soutien à l’Ukraine en passant d’une situation où nous cédions des matériels provenant des entrepôts de nos forces armées à celle où nous livrerons du matériel récemment produit », a fait valoir le ministre suédois. « Ce sont des civils et non des militaires [qui seront envoyés en Ukraine]. Nous avons un attaché de défense en Ukraine et cela ne pose aucun problème. Ce sont des fonctionnaires gouvernementaux qui travailleront en étroite collaboration avec les autorités ukrainiennes », a-t-il expliqué.

Et de conclure : « Je sais que la Russie essaie parfois d’intimider et de menacer d’autres pays. Mais les mesures que nous prenons sont pleinement conformes au droit international. C’est la Russie qui a déclenché cette guerre illégale ».

« Le rôle élargi de la FMV s’inscrit dans le cadre des efforts du gouvernement visant à intensifier son soutien à l’Ukraine. Les employés de l’agence qui devraient travailler depuis l’ambassade de Suède à Kiev, se concentreront sur la maintenance, les pièces de rechange et la logistique », a résumé le site spécialisé suédois Försvarssektorn Nyheter.

Pour rappel, les États-Unis ont l’intention de fournir des services identiques aux forces ukrainiennes… mais en ayant recours à des sous-traitants privés. Et cela afin de faciliter la maintenance des F-16 promis à Kiev. Cela étant, Stockholm entend également s’impliquer dans la création d’une « autorité ukrainienne chargée de l’achat d’équipements de défense ».

Jusqu’à présent, la Suède a débloqué 16 « programmes de soutien » en faveur de l’Ukraine, pour un montant avoisinant 4 milliards d’euros [43,5 milliards de couronnes suédoises]. Ainsi, des véhicules de combat d’infanterie CV-90, des chars Leopard, des missiles antichars ou encore des obusiers automoteurs Archer ont été fournis à l’armée ukrainienne. Il est aussi question d’un don d’avions de combat Gripen. Aussi, selon Försvarssektorn Nyheter, l’une des missions de la FMV consistera à « analyser » la manière dont ces équipements « se sont comportés au combat ».