Les Philippines accusent la force aérienne chinoise d’avoir mis l’un de ses avions de transport en danger

Ces derniers mois ont été marqués par plusieurs incidents entre les Philippines et la Chine dans les environs de l’atoll Second Thomas, sur lequel Manille entend faire respecter sa souveraineté, ce que conteste Pékin, qui, pour rappel, revendique la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale. C’est d’ailleurs pour cette raison que d’autres contentieux opposent les deux pays, comme celui concernant le récif de Scarborough.

Jusqu’en 2012, ce dernier était contrôlé par les Philippines. Puis, la Chine y envoya d’imposantes flottilles de bateaux de pêche, sous la protection de sa garde côtières. Et, désormais, ce récif a changé de main… Ce qui incita Manille à porter ce litige devant la Cour permanente d’arbitrage [CPA] de La Haye, laquelle lui donna raison, en estimant que les prétentions chinoises en mer de Chine méridionale ne reposaient sur « aucun fondement juridique ». Cependant, cela ne changera rien à l’affaire…

Cette semaine, alors que les Philippines venaient de lancer des manœuvres navales avec les États-Unis, l’Australie et le Canada, l’Armée populaire de libération [APL] a annoncé qu’elle allait mener un exercice militaire près du récif de Scarborough [appelé « Huangyan » à Pékin]. Il s’agit de « tester les capacités de reconnaissance et d’alerte précoce, de manœuvre et de frappe conjointe », a-t-elle expliqué. Et d’ajouter : « Toutes les activités militaires qui perturbent la situation en mer de Chine méridionale, créent des points de tension et compromettent la paix et la stabilité régionales sont sous contrôle ».

C’est dans ce contexte qu’un nouvel incident est survenu entre les forces philippines et chinoise, ce 10 août. Ainsi, le chef d’état-major philippin, le général Romeo Brawner, a accusé l’APL d’avoir « harcelé » un avion de transport tactique NC-212i [c’est à dire un CASA C-212 construit sous licence en Indonésie par Aviocar] alors que celui-ci survolait le récif de Scarborough.

Ainsi, deux avions de combat chinois auraient « exécuté une manœuvre dangereuse vers 09H00 du matin » en lançant des « fusées éclairantes sur la trajectoire » du NC-212i.

LOOK: AFP Statement on the Maritime Patrol Incident at Bajo De Masinloc#AFPyoucanTRUST#OneAFPOnePhilippines#StrongAFPStrongPhilippines #OurSeasOurRightsOurFuture pic.twitter.com/4Q7S8LNOZU

— Armed Forces of the Philippines (@TeamAFP) August 10, 2024

« L’incident a constitué une menace pour l’avion philippin et son équipage, a interféré avec les opérations de vol légales dans l’espace aérien relevant de la souveraineté et de la juridiction des Philippines et a enfreint le droit international et les réglementations régissant la sécurité de l’aviation », a détaillé le général Brawner.

Et d’ajouter que l’état-major philippin « condamne fermement les actions dangereuses et provocatrices de la force aérienne de l’Armée populaire de libération qui ont mis en danger la vie de notre personnel effectuant des opérations de sécurité maritime ».

Deux responsables philippins ont donné plus de détails sur cet incident à l’Associated Press. « Les avions chinois ont volé à une distance très proche » du NC-212i. Ils ont mis la vie de nos pilotes en danger », a dit l’un d’eux. Le second a précisé qu’au moins « huit fusées éclairantes » avaient été lancées.

Le mode opératoire décrit par le général Brawner n’est pas surprenant : ces dernières années, des avions de patrouille maritime et des hélicoptères américains, canadiens et australiens ont en effet été confrontés au même genre d’action que celui que vient de subir le NC-212i philippin.

Photo : John Andrei Policarpio – Travail personnel – CC BY-SA 4.0