L’administration américaine est sur le point de lever ses restrictions sur les ventes d’armes à l’Arabie saoudite

Durant son mandat, le président Trump renoua avec les fondamentaux de la politique étrangère des États-Unis au Moyen-Orient, en resserrant les liens avec l’Arabie saoudite et en rompant avec l’attitude plutôt conciliante qu’avait adoptée son prédécesseur, Barak Obama, à l’égard de l’Iran. Ce qui s’était traduit par la signature de plusieurs contrats d’armements, d’une valeur totale de 110 milliards de dollars, et le déploiement de forces américaines dans le royaume afin de l’aider à contrer les attaques de missiles et de drones lancées par les rebelles houthis [liés à Téhéran] depuis le Yémen.

Seulement, cette approche suscita quelques remous au Congrès, certains élus du Parti démocrate ayant dénoncé cette proximité avec l’Arabie saoudite, en raison de son intervention militaire contre les Houthis au Yémen et de l’affaire Khashoggi [du nom d’un journaliste saoudien assassiné en Turquie, ndlr].

Ayant promis de mettre fin au soutien américain aux actions saoudiennes au Yémen lors de la campagne électorale qui le mena à la Maison Blanche, le président Biden décida de passer en revue toutes les ventes d’armes à Riyad qui avaient été autorisées par M. Trump. Et des restrictions furent imposées, notamment sur les armements susceptibles d’être utilisés pour des opérations offensives.

Cependant, l’administration de M. Biden a depuis autorisé plusieurs ventes d’armes à l’Arabie Saoudite, afin de lui permettre de protéger son territoire. Ainsi, en novembre 2021, elle donna son feu vert à la livraison potentielle de 280 missiles air-air AIM-120C AMRAAM [Advanced Medium Range Air-to-Air Missiles] supplémentaires à la force aérienne royale saoudienne [RSAF]. Ce fut encore le cas en août 2022, avec 300 missiles intercepteurs MIM-104E [GEM-T] destinés au système de défense aérienne Patriot.

La position de l’administration Biden a incité l’Arabie saoudite à se tourner vers la France pour moderniser son aviation de combat. Faute de pouvoir se procurer 48 Eurofighter Typhoon [à cause d’un veto allemand qui a finalement été levé en janvier] et l’achat de F-15EX américain étant compromis, Riyad a en effet demandé un devis pour acquérir jusqu’à 54 Rafale.

Par ailleurs, en ligne avec son projet « Vision 2030 », le royaume saoudien a depuis diversifié ses approvisionnements militaires, en sollicitant la Corée du Sud [avec un contrat de 3,2 milliards de dollars pour le système de défense aérienne Cheongung II] et… la Chine.

D’où le retour à une position plus conciliante des États-Unis. L’an passé, la diplomatie américaine avait en effet évoqué un nouveau « pacte de défense » avec l’Arabie Saoudite, en échange d’une normalisation des relations du royaume avec Israël. Ce que les attaques terroristes lancées par le Hamas le 7 octobre ont par la suite compromis.

Mais sans attendre la signature de ce nouveau pacte, Washington a décidé de lever ses restrictions sur les ventes d’armes à Riyad. Et, selon l’agence Reuters, qui a reçu les confidentes de trois sources « proches du dossier », celles-ci pourraient reprendre « dès la semaine prochaine ».

« Les Saoudiens ont respecté leur engagement et nous sommes prêts à respecter le nôtre, en remettant ces affaires en ordre par le biais d’une notification et d’une consultation appropriées du Congrès », a déclaré un haut responsable de l’administration de M. Biden.

Pour rappel, les autorités saoudiennes et les Houthis se sont mis d’accord sur une trêve en mars 2022, sous l’égide des Nations unies. « Depuis, il n’y a pas eu de frappes aériennes saoudiennes au Yémen et les tirs transfrontaliers vers le Royaume ont pratiquement cessé », a relevé ce responsable.

Un élément qui a pu influencer la décision américaine concerne la situation en mer Rouge, où le trafic maritime commercial est régulièrement pris pour cible par les rebelles houthis… Ces derniers ont d’ailleurs été visés par plusieurs frappes menées par les États-Unis et le Royaume-Uni [ainsi que, plus récemment, par Israël] afin de dégrader leurs capacités militaires au Yémen.

Quoi qu’il en soit, parmi les ventes potentielles jusqu’alors suspendues, celle concernant 3000 bombes GBU-39 SDB [Small Diameter Bomb], d’un montant estimé à 290 millions de dollars, pourrait rapidement se concrétiser.