Les États-Unis ont fermé leur dernière base aérienne au Niger

Le 15 août 2019, l’US Air Force fit savoir que la base aérienne 201 d’Agadez était prête à commencer ses opérations aériennes, après avoir été réhabilitée grâce à un investissement de plus de 100 millions de dollars. Mais cette dépense en valait la peine : située au centre du Niger, à équidistance du Nord-Mali et du sud de la Libye, tout en étant relativement proche du Lac Tchad et du nord du Nigéria, cette plateforme aéronautique devait permettre aux forces américaines de surveiller les groupes jihadistes actifs au Sahel.

Cinq ans plus tard, le drapeau américain ne flotte plus à Agadez. Malgré une attitude plutôt conciliante à l’égard des putschistes désormais au pouvoir au Niger, les États-Unis ont été priés, comme la France avant eux, de mettre un terme à leur présence militaire dans le pays.

« Les Américains ont cru pouvoir faire ami-ami avec la junte, notamment avec le général Barmou, formé aux États-Unis et ancien chef des opérations spéciales. Ce faisant, ils ont commis la même erreur que nous, croyant que parce qu’il avait été formé aux États-Unis il leur était acquis, ce qui n’est pas le cas du tout », avait prophétisé Sylvain Itté, ancien ambassadeur de France au Niger, lors d’une audition parlementaire, en novembre 2023.

En mars, alors que son rapprochement avec Moscou allait bientôt se concrétiser avec l’envoi d’instructeurs et d’équipements militaires à Niamey, la junte annonça sa décision de dénoncer les accords militaires conclus avec les États-Unis en 2014 par l’ex-président nigérien Mahamadou Issoufou. A priori, les putschistes auraient mal pris la menace de sanctions américaines en cas de vente d’uranium à l’Iran. Un mois plus tard, Washington dut se rendre à l’évidence et se prépara à retirer ses troupes.

En mai, les États-Unis annoncèrent que ce retrait serait achevé « le 15 septembre, au plus tard ». Et de souligner que des « procédures » visant à « faciliter l’entrée et la sortie du personnel américain, y compris les autorisations de survol et d’atterrissage pour les vols militaires » avaient fait l’objet d’un accord avec la junte nigérienne.

Finalement, le retrait des forces américaines aura été plus rapide que prévu. Après avoir quitté la base de Niamey, elles viennent de fermer celle d’Agadez.

« Le retrait des forces et du matériel américains de la base aérienne 201 à Agadez est achevé », a en effet indiqué l’US AFRICOM, le commandement militaire des États-Unis pour l’Afrique. « La coordination se poursuivra entre les forces armées américaines et nigériennes au cours des prochaines semaines afin de s’assurer que le retrait total s’effectue comme prévu », a-t-il ajouté.

 » Ce retrait s’est achevé lundi [05 août] par une cérémonie de transfert des installations en présence d’officiels des deux pays », a confirmé le colonel-major Mamane Sani Kiaou, le chef d’état-major de l’armée nigérienne. « Ce retrait ne signifie pas la fin de la coopération militaire entre les deux pays », a-t-il ajouté. Il est vrai qu’on n’est jamais trop prudent… surtout après la déroute que viennent de connaître les paramilitaires russes dans le nord du Mali…

Selon Sabrina Singh, la porte-parole adjointe du Pentagone, il ne reste plus qu’une vingtaine de militaires américains dans le pays, leur mission étant de « préparer la fin du retrait ».

Reste à voir si les États-Unis trouveront d’autres points de chute pour maintenir une présence militaire en Afrique de l’Ouest. En janvier, le général Thierry Burkhard, chef d’état-major des armées [CEMA], avait confirmé le projet d’établir des bases franco-américaines. « Mutualiser les bases est souhaitable si nous voulons réduire notre visibilité tout en conservant le minimum d’empreinte nécessaire pour maintenir ouverts nos accès », avait-il dit.

A priori, ce pourrait être le cas en Côte d’Ivoire, où le général Kenneth P. Ekman, de l’AFRICOM, s’est récemment rendu pour proposer une coopérations en matière de renseignement, de formation et de soutien sanitaire. Le Bénin serait également susceptible d’accueillir des troupes américaines, une délégation de l’AFRICOM ayant été reçue à Cotonou en mai dernier.

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