L’Allemagne a rejoint le Commandement des Nations unies en Corée

Après la capitulation du Japon, le 2 septembre 1945, et conformément à une entente entre les États-Unis et l’Union soviétique, la Corée fut scindée en deux à partir du 38e parallèle, le Nord passant sous contrôle communiste, avec Kim Il-sung [le grand-père de Kim Jong-un, l’actuel chef du régime nord-coréen, ndlr] aux commandes.

Ce statu quo ne dura pas. En juin 1950, les forces nord-coréennes envahirent le sud de la Corée. Prises par surprise et mal équipées, les troupes sud-coréennes durent battre en retraite. Mais cette offensive fut très vite condamnée par une partie des Occidentaux.

Et, le 27 juin, à l’initiative des États-Unis, le secrétaire général des Nations unies, le norvégien Trygve Halvdan Lie, lança un appel pour constituer une force multinationale afin de faire respecter le droit international et rétablir la souveraineté de la Corée du Sud. La France y contribua, avec un bataillon qui, fort d’un millier de soldats, s’illustra lors des batailles de Twin-Tunnels, de Chipyong-Ni, de Crèvecœur, de T-Bone et du piton d’Arrowhead.

Formée sous l’égide des Nations unies, cette force multinationale fut placée sous commandement américain. La contre-offensive qu’elle lança permit de libérer une grande partie du territoire sud-coréen… et même de prendre le contrôle de Pyongyang. Ce qui incita la Chine communiste à se porter au secours de la République populaire de Corée. La situation se stabilisa ensuite au niveau du 38e parallèle, jusqu’à la signature de l’armistice de Panmunjeom, le 27 juillet 1953.

Cependant, la force multinationale – placée sous l’autorité du « Commandement des Nations unies en Corée » [UNC], a été maintenue, avec pour principal mandat de veiller au respect de l’armistice de 1953. Contrairement à ce que son appellation et son drapeau laissent supposer, elle ne relève pas stricto sensu du Conseil de sécurité de l’ONU, comme les opérations de maintien de la paix. Actuellement, une quinzaine de pays y contribuent à des degrés divers. L’Allemagne vient de les rejoindre, son adhésion ayant été officiellement reconnue le 2 août.

« L’Allemagne est désormais le 18e État membre […]. Son adhésion s’inscrit dans la continuité de la tendance à l’élargissement du Commandement des Nations Unies, après l’adhésion de l’Italie en 2013 », a fait valoir un communiqué diffusé par les Forces américaines en Corée.

« Avec notre adhésion, nous indiquons très clairement que la Corée [du Sud] est pour nous un partenaire important, un partenaire de valeurs. Cela signifie que, tant pour l’Allemagne que pour la République de Corée, ce n’est pas seulement la loi du plus fort qui compte, mais la force de la loi », a commenté Boris Pistorius, le ministre allemand de la Défense, qui s’est rendu à Séoul à cette occasion. « En rejoignant l’UNC, nous contribuons de manière substantielle à la stabilité de la péninsule coréenne », a-t-il ajouté.

« Cette décision témoigne de la ferme conviction de Berlin selon laquelle la sécurité européenne est étroitement liée à la sécurité dans la région indo-pacifique », a encore fait valoir M. Pistorius. « Je suis convaincu que, surtout dans des moments comme ceux-ci, où le monde est façonné par les crises et les guerres, nous devons faire preuve d’unité et que nous devons rester fermes contre ceux qui veulent porter atteinte à la paix et à la stabilité, contre ceux qui attaquent notre ordre commun », a-t-il affirmé.

Quelle sera la contribution allemande à l’UNC ? Rien n’a été dit à ce sujet. Mise en ban des nations au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, alors dépourvue de forces armées [la Bundeswehr a été créée en 1955, ndlr] et n’ayant rejoint l’ONU qu’en 1973, l’Allemagne ne pouvait pas participer militairement à la guerre de Corée. Toutefois, entre 1954 et 1959, elle déploya un hôpital à Busan, sous la bannière de la Croix-Rouge.

« L’engagement de l’Allemagne dans la guerre de Corée, par le biais de son unité de soutien médical, témoigne de son attachement de longue date à la paix mondiale et aux efforts humanitaires », a d’ailleurs souligné l’UNC.