Finalement, les Super Étendard Modernisés argentins pourraient voler de nouveau

Mis en œuvre par la 2e Escuadrilla Aeronaval de Caza y Ataque, les 14 avions d’assaut embarqués Super Étendard de la marine argentine [ARA – Armada de la República Argentina] donnèrent du fil à retordre à la Royal Navy lors de la guerre des Malouines / Falklands. Ainsi, armés de missiles antinavires Exocet, ils coulèrent le « destroyer » HMS Sheffield et le bâtiment logistique Atlantic Conveyor.

Puis, au fil du temps, certaines pièces de rechange faisant défaut en raison d’un veto britannique, les Super Étendard argentins se trouvèrent cloués au sol. Pour autant, l’Aviación Naval Argentina ne se résolut pas à renoncer aux capacités offertes par ces appareils.

D’où l’accord signé en 2018 avec la France pour disposer de cinq Super Étendard Modernisés [SEM], retirés du service par la Marine nationale deux ans plus tôt. D’un montant de 14 millions d’euros, le contrat prévoyait également la fourniture d’un simulateur de vol et de pièces détachées.

Cette acquisition passait pour une bonne affaire étant donné que, par rapport aux Super Étendard d’ancienne génération, les SEM pouvaient être dotés d’une nacelle de désignation laser Damoclès et emporter des bombes guidées GBU-49 de 250 kg et GBU-58 de 125 kg. En outre, ils étaient équipés d’un transmetteur de flux Vidéo Rover et d’une radio VHF/FM pour la communication avec les troupes au sol.

Seulement, depuis qu’ils ont été livrés à l’Argentine, ces SEM n’ont jamais été en mesure de voler, le Royaume-Uni ayant mis un veto sur certains de leurs composants, comme le siège éjectable Martin Baker Mk 4A.

En mai 2023, alors ministre argentin de la Défense, Jorge Taiana estima que cette situation ne pouvait plus durer. Aussi en tira-t-il les conséquences en officialisant le retrait du service de l’ensemble des Super Étendard de l’Aviación Naval Argentina. Dans le même temps, le Receveur général de la Nation [Sigen] et l’Office anti-corruption ouvrirent une enquête sur les conditions dans lesquelles ces avions qui ne pouvaient pas voler furent acquis.

Dès lors, on pensait que la longue histoire opérationnelle du Super Étendard était définitivement terminée. Mais c’était aller un peu vite en besogne…

En effet, en juin dernier, le média en ligne argentin InfoBae a avancé que Buenos Aires envisageait de transférer les cinq SEM à l’Ukraine… Et d’expliquer qu’il reviendrait à la France de les remettre en état de vol. Vrai ou faux ? En tout cas, le site d’information maintient encore ses affirmations, bien qu’elles n’aient jamais été confirmées. Et pour cause !

Depuis que le président Javier Milei est au pouvoir, les forces armées argentines font l’objet d’un remaniement d’ampleur [avec une vingtaine d’officiers généraux renvoyés]. En outre, elles bénéficient de nouvelles ressources, comme en témoigne l’acquisition de chasseurs-bombardiers F-16 d’occasion [auprès du Danemark] alors que ce dossier traînait depuis des années.

Quant aux Super Étendard Modernisés, il n’est plus question de les rayer de l’inventaire de l’Aviación Naval. C’est en effet ce qu’a expliqué l’amiral Carlos María Allievi, chef d’état-major de la marine argentine depuis janvier, lors d’un récent entretien.

« Depuis que ces avions sont arrivés en Argentine, ils n’ont jamais pu voler, essentiellement à cause d’une restriction due à un veto des Britanniques sur les sièges éjectables », a d’abord rappelé l’amiral Allievi. Or, une solution a été trouvée pour pallier ce problème, a-t-il ajouté.

📍#Argentina (🇦🇷)

In an interview with @nicpromanzio, Chief of General Staff of the @Armada_Arg, Contralmirante Carlos María Allievi, confirmed the Argentine Navy is planning "at least one flight test" of a Super Étendard Modernisé.

This would come after ejector seat testing. pic.twitter.com/6jylvVTKTY

— SA Defensa (@SA_Defensa) August 1, 2024

A priori, deux sièges éjectables Martin Baker Mk 4A seraient en passe d’être remis en état par la société MBA Argentina S.A, liée à Martin Baker. Pourquoi n’a-t-elle pas été sollicitée plus tôt… alors que cette solution semble évidente ? En outre, deux pilotes de la 2e Escuadrilla Aeronaval de Caza y Ataque suivent actuellement un entraînement avec des avions IA-63 Pampa de la force aérienne argentine.

« Nous avons la ferme intention d’effectuer prochainement au moins un vol d’essai » pour voir si ces avions sont encore opérationnels, alors qu’ils n’ont plus volé depuis huit ans, a conclu le chef d’état-major de la marine argentine.