L’ONERA distingue les travaux sur l’ASN4G, le futur missile hypervéloce de la dissuasion nucléaire française

En 2023, l’Office national d’études et de recherches aérospatiales [ONERA] a institué trois prix [recherche scientifique, jeune talent et réalisation technique] qui, décernés tous les trois ans, ont vocation à « récompenser des ingénieurs et techniciens qui contribuent de manière remarquable par leur excellence scientifique et/ou technique » à son dynamisme ainsi qu’à sa renommée.

Seulement, la création de ces trois prix a créé une injustice, dans la mesure où les équipes de l’ONERA travaillant sur des programmes liés à la défense nationale en étaient écartées pour des raisons de confidentialité inhérentes à la nature de leurs travaux. Et cela, malgré leurs contributions de haut niveau à la recherche scientifique et technologique.

Aussi, l’Office s’est attaché à gommer cette injustice en créant un prix « Défense », lequel a ainsi été attribué pour la première fois le 12 juillet dernier.

Un jury a donc été réuni pour examiner cinq dossiers « d’excellente qualité ». Finalement, c’est celui de la « Composante Nucléaire Aéroportée » [CNA] qui a été distingué, « après un choix difficile ». En réalité, souligne l’ONERA, ce n’est pas seulement l’équipe actuelle qui a été récompensée… mais toutes celles qui se sont succédé au cours de ces dernières décennies pour contribuer, notamment, au développement du missile Air-Sol Moyenne Portée [ASMP] et de ses versions successives [ASMP Amélioré et ASMP-A Rénové].

L’attribution de ce prix a donc aussi été l’occasion pour l’ONERA de distinguer les travaux actuellement menés pour mettre au point l’ASN4G [Air-Sol Nucléaire de 4e génération], un missile « hypervéloce » devant entrer en service en 2035.

« Les programmes de recherche sur la propulsion hypersonique militaire, démarrés à la fin des années 90, ont permis de faire monter en maturité les technologies du statoréacteur mixte et d’explorer de nouveaux compromis de vitesse, portée, furtivité, capacité de pénétration, pour donner la base nécessaire aux choix technologiques de l’ASN4G, et participer ainsi à la préparation de la quatrième génération de nos vecteurs aérobies haute vitesse », a en effet expliqué l’ONERA.

Et d’ajouter : « L’accès aux plus hautes vitesse a nécessité un investissement considérable dans les moyens d’essais [banc de combustion, souffleries] et les codes de calcul, l’ONERA étant le garant de leur maintien au meilleur niveau de l’état de l’art pour fiabiliser les évaluations de performances dans tous les domaines. »

Cela étant, les informations sur l’ASN4G sont très rares. Dans son dernier rapport annuel, l’ONERA ne l’a pas nommément cité. S’il a cité certains de ses travaux dans le domaine des armes hypervéloces dans son dernier rapport annuel, comme la « validation d’une électronique embarquée en soufflerie » pour le vol hypersonique, l’ONERA n’a rien dit au sujet de l’ASN4G.

Cependant, on sait qu’un essai portant sur un statoréacteur mixte [ou statomixte], c’est à dire un moteur pouvant effectuer successivement une combustion subsonique et supersonique, devait être réalisé aux États-Unis en 2021/22.