La Marine nationale envisage d’installer une imprimante 3D métal à bord du porte-avions Charles de Gaulle

Lors de la mission Akila 24, le porte-avions Charles de Gaulle a été sollicité pour l’exercice Ursa Minor, lequel vise à préparer le Service de soutien de la flotte [SSF] à assurer le Maintien en condition opérationnelle [MCO] des navires en mer dans le cadre d’un engagement de « haute intensité ».

À cette occasion, le Service logistique de la Marine de Toulon [SLMT] a expérimenté la technologie LMD [Laser Metal Deposition], un procédé de fabrication additive qui permet d’obtenir des pièces métalliques.

« Cette technologie fonctionne par dépôt d’énergie directe, c’est-à-dire par l’empilage de cordons de soudure les uns sur les autres, sous forme de fil introduit dans un bain de fusion généré par laser. Elle s’appuie sur une modélisation numérique du rechange, opération préalable indispensable avant toute réalisation », avait expliqué la Marine nationale, en juin dernier.

Ainsi, à Toulon, le SLMT avait utilisé une imprimante 3D « MELTIO M450 » pour fabriquer une pièce défectueuse qui n’était pas en stock à bord du porte-avions. Reposant sur un procédé consistant à déposer un fil métallique fondu, cette machine fonctionne avec de l’inconel, du titane et différents types d’acier.

Ce 17 juillet, dans un communiqué diffusé par l’entreprise espagnole Meltio 3D, l’ingénieur en chef de l’armement [ICA] Jean-Marc Quenez, directeur de l’innovation et de la fabrication additive au Service de soutien de la flotte, a livré plus de détails sur cette expérimentation.

« En mai 2024, nous avons réalisé l’exercice en mer Ursa Minor 2024, au cours duquel le porte-avions Charles de Gaulle nous a demandé […] de réparer des pièces métalliques. C’est à ce moment-là que nous nous sommes tournés vers la technologie d’impression 3D de Meltio. Disons que cette machine remplit une fonction, pour l’instant expérimentale depuis la terre, de téléassistance terre-mer. L’exercice a été un succès. Nous prévoyons de réaliser d’autres exercices de ce type dans les mois à venir. À l’avenir, la Marine nationale envisage la possibilité d’incorporer ce type d’imprimante 3D métal à bord », a en effet déclaré l’ICA Quenez.

Cela étant, les composants produits par impression 3D n’ont pas vocation être installés durablement. « Nous avions choisi [l’imprimante 3D] Meltio pour cet exercice car elle nous permet de réparer des pièces métalliques existantes. Avec cette machine, nous fabriquons des pièces d’essai avec la technologie DED et non des pièces finales, que nous soumettons ensuite à un post-traitement et un usinage en fonction de nos besoins », a expliqué le responsable du SSF.

Cette imprimante 3D métal « répond à nos attentes en termes de fiabilité » et elle « est très facile à utiliser pour nos ingénieurs. […] Elle continuera à faire partie de notre programme expérimental en matière de fabrication additive, qui continue à évoluer », a conclu l’ICA Quenez.

L’impression 3D « métal » offre plusieurs avantages : elle permet de réparer rapidement une avarie et de maintenir ainsi un navire en ordre de combat. En outre, les pièces de rechange sont obtenues à faible coût et dans des délais courts, ce qui évite de constituer des stocks. En outre, il arrive que des composants ne sont plus fabriqués.

Si la Marine nationale envisage d’installer une telle machine à bord du porte-avions Charles de Gaulle, l’US Navy a déjà franchi le pas, avec le navire d’assaut amphibie USS Bataan. Selon l’entreprise espagnole, celui-ci a déjà produit ses premières pièces métalliques en mer.

« La solution de Meltio a permis de fabriquer en seulement cinq jours une plaque de pulvérisation de remplacement en métal 3D pour un compresseur d’air de ballast [DBAC], alors qu’il aurait fallu attendre plusieurs semaines par le biais des circuits d’approvisionnement conventionnels de la marine » américaine, a-t-elle expliqué.

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39 contributions

  1. Débraye et passe la seconde, tonton. dit :

    Donc, l’US Navy a déjà franchi le pas et nous on envisage. Mieux vaut tard que jamais diront certains. En attendant, l’OTAN a publié des informations sur le top 3 des armées de l’OTAN. Un, les USA. Deux, la Turquie. Trois, la Pologne. Qu’allons nous envisager ?

    • rainbowknight dit :

      Une dissolution, envisageons une dissolution…..
      Envisager : déjà une prise de conscience des contraintes budgétaires et des efforts à consentir ? Vivement qu’on s’en tire….

    • radionucleide dit :

      C’est de la com

      pour la fabrication de fourchette pas de problèmes
      Pour une pièce soumis à des contraintes mécaniques, il est nécessaire de valider la fabrication (réglage machine …) et faire des tests sur des éprouvettes ou des martyrs
      il faut ensuite prévoir une phase usinage pour les fixations …

      rien de simple ou rapide

      • NVG dit :

        Encore un môsieur je sais tout.
        On ne parle pas de l’imprimante 3d du garage là.
        L’industriel qui a produit la piece en usine fournit le plan pour celle en impression 3D ainsi que sa durée de vie et ses contraintes maximales en attendant un véritable remplacement.

        • radionucleide dit :

          môsieur je sais tout

          ton imprimante fait le filetage?
          et la qualif se fait sur l’installation?

          « L’industriel qui a produit la pièce en usine fournit le plan pour celle en impression 3D » c’est évident que tous les industriels ont la même machine, identique au CdG …
          prêt à mettre ta tête sur une pièce hydraulique en fabrication additive sans aucun contrôle? un petit 100 bar?

          va fabriquer tes LEGO

          • NVG dit :

            C’est fascinant les gens comme vous qui pensent soulever des problèmes évidents que les ingénieurs n’auraient pas anticipés.
            Pour vous répondre, oui l’industriel fournit les plans, contraintes max et durées de vie selon l’imprimante 3D embarquée (et autres dispositifs de fabrication à bord).

            Je vous conseille cette petite lecture: https://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_Dunning-Kruger

            Et personne ne parle de refaire les hélices ou la chaudière nucléaire en impression 3D au cas cela vous aurait échappé.

          • radionucleide dit :

            NVG

            je ne lis pas wikipedia, je fais de l’impression 3D dans le secteur de la défense

      • Lex dit :

        https://www.3dnatives.com/naval-group-helice-impression3d-150120213/

        ça évolue très vite, ce qui n’était pas possible hier pourra être la norme demain.
        Une imprimante et un petit atelier d’usinage à fond de cale, ça ne peut pas faire de mal, mais il va falloir former des usineurs pour les reprises de pièces.
        Et les filières de formation sont…. plutôt en panne depuis quelques années.

      • Participe dit :

        Une pièce soumise.

      • v_atekor dit :

        Je suis partiellement d’accord avec vous. Mais il n’y a pas que ce genre de pièces. Le cas échéant, ça peut vraiment dépanner, mais pas sur un train d’atterrissage. Ca me fait penser à une pub ancienne que j’ai vu. Un bras dans le plâtre tentant vainement d’attraper du papier toilette : ce n’est pas parce que ce n’est pas grave, que ce n’est pas embêtant. C’est un peu la même chose. Ce n’est pas parce qu’on ne corrigera pas les pièces à fortes contraintes que ça ne sert à rien.

    • Slasher dit :

      3è la Pologne, c’est une plaisanterie ?

      • Un simple lieutenant dit :

        Non, c’est vrai. Il suffit de consulter le site de l’Otan… Moi aussi, je l’avais lu. Pas vous ? Pour avoir des informations sérieuses sur l’Otan, il veut mieux consulter son site (il est fait pour ça !) que d’écouter les conversations du café du commerce.

        • Pascal, (l'autre) dit :

          « Pour avoir des informations sérieuses sur l’Otan, il veut mieux consulter son site  » Comme nous sommes des mauvais auriez vous un lien à nous proposer?

    • Pascal, (l'autre) dit :

      « En attendant, l’OTAN a publié des informations sur le top 3 des armées de l’OTAN. Un, les USA. Deux, la Turquie. Trois, la Pologne. Qu’allons nous envisager ? » Comme d’hab, quelques liens à nous proposer?

  2. Bastan dit :

    En un an ils construisent un second porte-avion.

  3. Sempre en Davant dit :

    Simple : couper le PAN en deux, écarter les segments, imprimer la coque, et tout ce qui qui manque entre les deux.

    Chaque fois que la mer est calme : on rallonge le bâtiment… les marins expérimentés embarqueront avec une trottinette comme les anciens avec du biscuit.

    • Sempre en Davant dit :

      Avec toute cette place nouvelle une école de mécanique pourra prendre place à bord avec ses tours, ses fraises , ses découpeuses et ses postes à souder…

  4. weingarten dit :

    Super comme ça il pourront refaire les hélices quand elles foirent

  5. Lothringer dit :

    J’ai souvenir d’avoir vu un article il y a quelques années parlant de pièces imprimées en 3D à bord du PA-CDG pour faire rapidement une pièce de réparation de Rafale à courte durée de vie en attendant l’arrivée de la pièce depuis Dassault, grâce à la numérisation

    Ah, je viens de trouver un article.
    https://www.3dnatives.com/rafale-marine-nationale-impression-3d-03032020/

  6. Alfred dit :

    Ça risque quand même d’être compliqué pour les pieces qui nécessitent outre leur usinage, un forgeage, un traitement de surface, etc… Sauf si tout le monde a conscience des limites et du caractere provisoire des réparations effectuées. Mais comme en France le provisoire a plutôt tendance à durer…, il ne faudrait pas non plus que l’imprimante 3D finisse par remplacer les stocks et devenir la version moderne de la b….et le couteau. On peut egalement se demander s’il ne serait pas plus intéressant d’avoir un navire atelier qui accompagne le PA et son escadre plutôt que d’installer le materiel’ sur le PA où la place est déjà comptée.

    • PK dit :

      « Ça risque quand même d’être compliqué pour les pieces qui nécessitent outre leur usinage, un forgeage, »

      Par définition, une imprimante 3d permet de sauter la case usinage et forgeage… Elle permet même de construire des pièces « impossible à faire » (selon les techniques habituelles), comme une pièce d’un seul tenant avec un vide intérieur…

      • Marco dit :

        Nope, il faut pratiquement tout le temps usiner après impression 3D.
        Ne serait-ce que pour atteindre des états de surface acceptables pour les zones de contact servant au montage. Même un carter sec doit être serré au reste du système pour tenir en place et cela nécessite une certaine planéité pour éviter les fissures.
        On n’usine que là où c’est nécessaire mais on usine tout de même.

    • La charité dit :

      Le navire atelier est évidemment la solution. Le problème est de trouver une nation qui veuille bien nous en donner un …

  7. Convertor dit :

    Cette solution d’impression 3D existe dans l’industrie depuis … 30 ans. Bien sûr il y a des limites en termes de contraintes thermiques et mécaniques de la pièce à obtenir. C’est très onéreux mais ça peut sauver beaucoup de situations désespérées où on attend la pièce du fournisseur des lustres. On peut « imprimer » jusqu’à une ailette de turbine ou une roue de pompe hydraulique. Et il n’y pas besoin de spécialiste dédié à bord.

  8. Thierry le plus ancien dit :

    C’est forcément une bonne idée mais il faudra une imprimante 3D d’une sacré taille (qui coute très très cher) vu le gigantisme des pièces sur un porte-avion, et bien entendu il s’agira de pièces de rechange provisoire car leur traitement métallurgique est différent de celui produit en fonderie, les pièces d’imprimante ne pouvant prétendre à des caractéristiques de résistance mécanique similaire par rapport à différents procédés conférant aux métaux plus de souplesse ou de dureté.

    Par exemple si vous faisiez une lame de couteau par imprimante 3D il y a de forte chance qu’elle casse en utilisation intensive alors que la lame ayant reçut plusieurs traitement comme la trempe ou le martellement ne fasse que se courber légèrement sous l’effort pour reprendre leur forme initial.

  9. Kardaillac dit :

    Se méfier de la logique de contrôle budgétaire qui réduirait les stocks de pièces. A moins d’avoir une imprimante ancillaire qui fera la pièce avariée de l’imprimante principale.
    De toutes façons il faut un porte-avions plus grand

  10. 19 rouge dit :

    Peut-on imaginer de faire imprimer des amiraux en 3D aussi ? vu qu’il en manque cruellement, ceux imprimés en 3D auront de toute façon autant de pouvoir que les vrais : …les décisions, c’est à Bruxelles et Washington que ça se passe .

    • Pascal, (l'autre) dit :

      et imprimer des…………………………….cerveaux?
      ps: « bort » krasnyy (красный) 19?

    • Son de cloche dit :

      « les décisions, c’est à Bruxelles et Washington que ça se passe »

      Donc, ça se confirme, c’est le nouveau mantra de la propagande poutinophile.

      • Son du réel dit :

        son de cloche : pas du tout : c’est la formulation la plus concise de l’état de l’europe depuis 50 ans

        • Son de cloche dit :

          La formulation la plus concise de l’état de l’UE depuis 50 ans, c’est : la paix entre les nations.

  11. Alex dit :

    Ça permet clairement pas d’oublier la case usinage !
    Les états de surface et ma précision n’ont strictement rien a voir !