Le Japon dénonce l’incursion de quatre navires chinois armés dans ses eaux territoriales, près des îles Senkaku

Quand la Chine veut prendre le contrôle d’une île dont elle revendique la souveraineté, elle commence par y envoyer des flottilles de « pêcheurs », qui relèvent en réalité de sa milice maritime [PAFMM – People’s Armed Forces Maritime Militia], sous la protection de sa garde côtière [PAPCGC pour « Corps de garde-côtes de la Police armée populaire »]. Il s’agit d’exercer une pression constante et croissante sur le territoire convoité. C’est ainsi qu’elle a mis la main sur les récifs philippins de Mischief et de Scarborough [mer de Chine méridionale], Manille n’ayant alors que mollement réagi à de telles incursions, faute, notamment, de moyens pour intervenir.

Depuis, la Chine tente de faire la même chose pour les îlots philippins de Pag Asa, de Whitsun [ou Juan Felipe] ainsi que dans ceux de l’atoll Second Thomas, gardé par un détachement de l’infanterie de marine philippine tenant garnison dans le BRP Sierra Madre, un navire américain de la Seconde Guerre Mondiale qui y a été volontairement échoué. Seulement, il n’est plus question pour Manille de se laisser faire. D’où les incidents, souvent sérieux, qui se produisent dans les environs de ces territoires contestés.

Ces derniers mois, plusieurs accrochages ont eu lieu entre la garde côtière chinoise et la marine philippine près de l’atoll Second Thomas. Le 4 juin, l’état-major philippin a affirmé que des navires chinois avaient « saisi illégalement » du ravitaillement largué par avion et destiné à la garnison du BRP Sierra Madre. Et de dénoncer une « ingérence agressive et non provoquée ». En retour, Pékin a accusé les gardes-côtes philippins d’avoir pointé des armes vers les embarcations pneumatiques utilisées pour repêcher les colis en question.

Cela étant, outre les Philippines, le Japon doit faire face aux incursions chinoises répétées dans les environs des îles Senkaku, également convoitées par la Chine [où elles sont appelées Diaoyu]. Ainsi, fin mai, Tokyo a dit avoir observé la présence de navires chinois à proximité de l’archipel disputé pendant 158 jours consécutifs.

« Le gouvernement considère cette série de faits de navigations dans la zone contiguë et d’intrusions dans les eaux territoriales comme une affaire extrêmement sérieuse », a commenté Yoshimasa Hayashi, le porte-parole de l’exécutif nippon, lequel a déjà décidé de renforcer les capacités d’assaut amphibie des forces d’autodéfense afin de reprendre par la force, si nécessaire, les îles Senkaku.

Mais, le 7 juin, un nouveau palier a été franchi quand quatre navires armés de la garde côtière chinoise ont navigué pendant deux heures dans les eaux territoriales de l’archipel Senkaku [soit à moins de 12 nautiques de ses côtes].

« C’est la première fois que quatre navires [chinois] transportant ce qui semblait être des canons sont entrés dans les eaux territoriales japonaises », a souligné M. Hayashi. Cette « intrusion des navires des gardes-côtes chinois dans nos eaux territoriales constitue une violation des lois internationales. Nous avons donc présenté une forte protestation via le canal diplomatique », a-t-il poursuivi. « Nous continuerons à faire tout notre possible pour être vigilants et surveiller les zones entourant les îles Senkaku avec un sentiment d’urgence, tout en traitant calmement et résolument avec la Chine », a-t-il ensuite assuré.

À Pékin, on a répondu aux accusations japonaises en affirmant que les navires de la garde côtière chinoise, qui étaient effectivement armés, avaient mené une « action de routine » visant à « sauvegarder la souveraineté, la sécurité et les droits maritimes » de la Chine. C’est une « étape nécessaire » pour la paix et la stabilité ainsi que pour « contrer les récentes mesures négatives » du Japon », a-t-on fait valoir.

« Nous conseillons à la partie japonaise d’être prudente dans ses paroles et ses actions, de réfléchir sur elle-même et de mettre fin aux provocations », a déclaré la garde côtière chinoise, avant de prévenir qu’elle intensifierait ses actions.

Le risque qu’un incident grave se produise est très important. En 2021, la PAPCGC a en effet été autorisée à utiliser « tous les moyens nécessaires » [y compris des armes] pour « dissuader toute menace posée par des navires étrangers naviguant dans les eaux sous juridiction chinoise ». À ce titre, elle peut aussi effectuer des « frappes préventives sans avertissement préalable » et « démolir » toute installation construire par des « puissances étrangères » dans les eaux contestées par Pékin.

En retour, considérant qu’un débarquement non autorisé sur les îles Senkaku pourrait être assimilé à un « crime violent », le Japon a autorisé ses gardes-côtes à tirer sur tout navire – y compris gouvernemental – qui tenterait d’y accoster sans y avoir été invité.

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