L’armée de l’Air et de l’Espace brouille les signaux GPS pour un exercice

Depuis maintenant plusieurs mois, les signaux de géolocalisation par satellite [GNSS] sont fortement perturbés dans la région de la Baltique, ce qui affecte la navigation maritime et la circulation aérienne. Étant donné qu’elles disposent de capacités avancées de guerre électronique, comme les systèmes Krasukha-S4 et Tobol, dans les environs, notamment à Kaliningrad, les forces russes sont évidemment soupçonnées d’être à l’origine de ces interférences.

Il existe deux techniques pour rendre un système de navigation par satellite inopérant : le brouillage, qui vise simplement à empêcher la réception de signaux par un avion ou un navire, et le « spoofing » [ou « usurpation de signaux »], qui consiste à envoyer de fausses données à un récepteur.

Pour se prémunir contre ces perturbations, une solution repose sur l’utilisation d’un récepteur de signaux de géolocalisation par satellite « multi-constellations » [Galileo ou GPS]. Un autre passe par l’application de contre-mesures. Tel est l’objet de l’exercice « Black Crown 24 », que l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] a lancé le 27 mai dernier.

Ainsi, dans une notice aux aviateurs [NOTAM – NOtice To AirMen] évoquée par la Fédération française de vol libre [FFVL], il est précisé que, « à l’occasion de l’exercice Black Crow 24, l’AAE va procéder à du brouillage GNSS effectif, avec un équipement de grande envergure depuis potentiellement plusieurs sites ».

« L’objectif de cet exercice est d’entraîner les équipages aux missions d’appui au sol dans un environnement électromagnétique perturbé par du brouillage GPS. Le brouillage GNSS sera effectif sur la totalité de l’exercice, du 27 mai au 7 juin », indique encore le document.

Les signaux GNSS ne seront perturbés que pendant 2 à 3 heures par jour, dans un cercle centré sur le Puy de Dôme, dans un rayon de 320 km au niveau 150 [15000 pieds] et de 160 km à 4000 pieds.

« Deux NOTAM [un par semaine] seront rédigés par l’AAE. Un impact sur les procédures GNSS est possible en fonction de votre localisation par rapport au brouillage », précise la FFVL.

À noter que cet exercice de l’AAE n’a pas fait l’objet d’une SupAIP [Information Aéronautique Permanente] émise par le Service de l’information de l’aéronautique [SIA]. « On suppose que Black Crow 24 a dû être préparé seulement le veille… La Direction de la sécurité de l’aviation civile [DSAC] n’a prévenu personne par le système Meteor. Les autres fédérations n’ont émis aucune information sur le sujet, peut-être ont-elles été non prévenues… », s’est étonné le site spécialisé aeroVFR. En revanche, une NOTAM [n° F0795/24] a bien été diffusée pour prévenir des risques de perturbation des signaux GPS.

Photo : FFVL

Voir aussi...

 

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]

51 contributions

  1. Félix GARCIA dit :

    Grâce à votre lien (en haut à droite), je comprends l’appellation « Corbeau Noir ».

    • Titi dit :

      Avec le bec jaune, ce ne serait pas plutôt un merle ?

      • Félix GARCIA dit :

        Ah ben voui …
        ^^

        Retour à la case départ du coup.
        Quelqu’un pour m’expliquer ?

  2. Fernand dit :

    Quelles conséquences prévues sur les GPS de voitures/camions etc ? N’est-ce pas un peu dangereux pour les usagers civils ?

    • La globule dit :

      On ne trouve pas trop de voiture et/u camion à (environ) …. 5000 mètres d’altitude (niveau 150)

    • Soad dit :

      Dangereux? bah… le GPS ne conduit pas à votre place non?

      • EchoDelta dit :

        Il est peut être en Tesla…

        • Fernand dit :

          Un brouillage GPS peut-il être sélectif en altitude ? Je me (vous) pose la question…
          Quant à la conduite… le GPS est aussi utilisé par exemple pour les voitures radar et les sulfateuses à PV. Quid de la validité des contraventions dressées pendant ces horaires ?

  3. Vroom dit :

    Une exercice fait l’objet d’un SupAIP quand il nécessite la création d’espaces aériens n’existant pas à l’AIP ; il comporte alors les coordonnées géographiques de ces zones pour les limites latérales et les planchers plafond associés , le calendrier d’activation, ainsi que les organismes de contrôle gestionnaires. Par exemple, les couloirs Atlantique d’un POKER, des ZRT/ZDT , des espaces pour protéger un 8 mai ou 14 juillet….
    ou aussi quand une zone existante sera utilisée dans un créneau horaire qui n’est pas celui défini d’origine : une ZENA D300 par exemple qui serait utilisée l’après-midi alors qu’elle ne peut être utilisée que le matin de 9h à 10h30 locale.
    Alors , Black Crow 24 n’utilise que des zones déjà existantes : R68 R368 TRA43 R115 R34 TRA34 … et utilisées quotidiennement.
    Le brouillage devant être signalé, il ne reste que le Notam, certe moins facilement consultable qu’un SupAIP.
    Toutes les semaines , il y a des exercices mettant en œuvre un grand nombre d’aéronefs, mais ils ne font pas l’objet de SupAIP pour les raisons citées plus haut.

  4. Robmac dit :

    Ah bon ??? On peut donc brouiller les signaux GPS (et d’autres) ! Mais que vont devenir les futurs ‘systèmes de systèmes’, qui partent du casque du soldat au fond de sa tranchée jusqu’au Rafale qui vole à 2 000 km H dans la stratosphère, sans oublier les navires de la marine ?

    • ji_louis dit :

      A mon époque, les marins s’entraînaient à la navigation à l’estime et à la navigation astronomique, y compris sur avion de patrouille maritime, le GPS était présent mais pas généralisé, beaucoup se faisait déjà avec des moyens électromagnétiques (Loran, Oméga, etc). L’estime à 12 noeuds, c’était déjà quelque chose quand on faisait du rase-cailloux, mais alors en silence radio à 180 noeuds à 100 pieds et 25 nautiques devant les côtes « adverses »…

      • miaou dit :

        La navigation sans GPS est au programme d’étude de toutes les formations de permis de mer. Par ailleurs, le sextant, c’est bien, mais dans le meilleur des cas, la précision est de 10 milles nautiques.

    • dolgan dit :

      ah zut. heureusement que vous êtes la pour nous prévenir de ce problème.

    • Elwin dit :

      Vous êtes donc d’accord avec l’exercice – il faut se préparer à toutes les situations. Merci de ce soutien inattendu de votre part.

    • Jack dit :

      @Robmac/Raymond75 : « Ah bon ??? On peut donc brouiller les signaux GPS (et d’autres) ! Mais que vont devenir les futurs ‘systèmes de systèmes »
      .
      Définition de FUD : Fear, uncertainty and doubt (FUD, litt. « peur, incertitude et doute ») est une technique rhétorique utilisée notamment dans la vente, le marketing, les relations publiques et le discours politique.
      .
      Elle consiste à tenter d’influencer autrui en diffusant des informations négatives, souvent vagues et inspirant la peur. Terme initialement utilisé pour qualifier une tactique de désinformation d’IBM, le FUD est utilisé plus largement au XXI siècle.
      .
      Source : Wikipedia

  5. Goulag dit :

    Les civils doivent aussi être capables de travailler sans GPS, à l’ancienne…

    • La Globule dit :

      Perso, j’ai un sextant dans la boite gant !

      • Tu abuses un peu... dit :

        Perso, encore mieux… une carte Michelin et une montre

      • EchoDelta dit :

        C’est plus une boussole et des cartes qu’il faut dans sa voiture.

    • HMX dit :

      C’est en effet une réflexion intéressante. Des exercices de sécurité civile « grandeur réelle » devraient pouvoir être programmés dans les grandes agglomérations, simulant des attaques sur des réseaux et infrastructures de communication (réseau GPS, réseau GSM), le réseau électrique, le réseau de distribution d’eau, le réseau bancaire ou des infrastructures de transport.

      Lorsqu’on observe les réactions de panique, de colère ou de détresse absolue d’un grand nombre d’individus lorsqu’ils sont momentanément privés de leur smartphone, on se dit que ce genre d’exercice serait tout à fait utile…

      Ces exercices simuleraient des pannes ou des attaques sur une durée allant de quelques heures à quelques jours, et testeraient la capacité de la société civile et des autorités à y répondre de façon coordonnée. Il faudrait évidemment et au préalable former la population, les administrations et les entreprises sur la conduite à adopter dans ces situations d’urgence.

      le but serait d’augmenter la résilience générale face à des attaques ayant des conséquences très concrètes pour les populations concernées. Ce genre d’exercice pourrait donner lieu à des Retex particulièrement intéressant : par exemple la nécessité pour les Préfectures de constituer des stocks de biens de première nécessité, et/ou d’établir et d’alimenter ce type de stocks en partenariat avec des acteurs privés. Cela permettrait également d’évaluer la capacité des autorités à mobiliser des agents publics et des volontaires issus de la société civile pour faire face à ces situations d’urgence.

      • Manu dit :

        Les clients Free sont bien entrainés:
        Février 2024. Une pelleteuse casse une grosse fibre à Vélizy (78). Plus de GSM, plus de Freebox, plus de TV, plus d’internet pendant 30 heures sur les Yvelines.
        Mai 2024. NRA inondé à Gambais (78). Rebelote pendant 30 heures aussi sur la zone Saint-Quentin en Yvelines.
        Tête des neuneus perdus sans leur smartphone. Une horde de zombies… 😉

    • Jack dit :

      Et bien Moi, j’ai une technique in-fa-illi-ble : je lis les panneaux routiers.

  6. PHILIPPE dit :

    Cet article nous parle du GPS mais quid de Galiléo ? de Glonass ? de Beidou ?
    ces différents systèmes sont-ils en fonction puisque même le GPS pourrait, le cas échéant, faire défaut.

  7. Momo dit :

    Il est aussi possible d’affecter le réseau en s’occupant des satellites eux-mêmes.
    Les Russes et les US y travaillent et il est vraisemblable que ces derniers soient nettement en avance grâce à l’usage d’engins manoeuvrant pré-positionnés en orbite d’attente et en mesure de délivrer différents bidules à proximité immédiate des satellites cibles (XB37, on trouve facilement les infos).

    L’impact d’un brouillage un peu étendu ne serait évidemment pas que militaire, l’utilisation croissante de voitures autopilotées par exemple serait totalement compromis. Ne parlons pas de waze, tous les conducteurs savent parfaitement lire les panneaux et les cartes. Bien sûr.

    • EchoDelta dit :

      Alors en France, çà part les expérimentations, il n’y a pas de voiture autopilotée par GPS. Le pilotage tel qu’on peut le trouver sur une Tesla par exemple, se fait avec des capteurs frontaux (Radar et Caméra pour l’essentiel) et les protos (non commercialisés… ndlr) utilisent aussi le Lidar.
      Tous ceux qui travaillent sérieusement ont en tête la continuité service OutDoor -> InDoor comme dise les anglo-saxon, c’est à dire avoir la capacité à ne pas s’arrêter lors d’une coupure du signal de géolocalisation, quelque soit la constellation utilisée. Des vidéo circulent sur internet pour montrer cette continuité de service en passant de la localisation GNSS au SLAM (conduite par retour de capteur d’environnement) qui, avec une bonne méthode d’apprentissage, permet de se mouvoir en environnement étanche aux onde GNSS.
      Donc cela n’affectera pas vraiment les véhicules en France…
      En revanche les engins et robots agricoles risque d’être plus perturbés mais ils utilisent souvent des références aux sol (du type GPS RTK) pour obtenir un meilleur service : a voir s’ils seront aussi perturbé, car là il faudra plus de puissance de brouillage… Certain comme la petite société Geoflex par exemple, propose d’utiliser une base de référence au sol avec d’autres fréquences.

  8. Simpore dit :

    J aime beaucoup l âme de terre

  9. bil36 dit :

    Envie de rire : j’ai lu sur ce blog il y a quelques années que les iraniens avaient volé un drone américain en envoyant de faux signaux GPS, les futures guerres électroniques qui se préparent ne vont pas manquer de piquant et vont probablement nécéssiter autant de programmeur que de combattants, enfin espérons le

    • St-Denis dit :

      Possible… mais sûrement avec de l’aide extérieure… les chinois peut-être..!.?

      • EchoDelta dit :

        Les iraniens ont de très bonnes formations techniques, mathématique et des compétences. Seul l’embargo sévère et bien appliqué depuis longtemps limite vraiment leur capacité de développement. Ils sont meilleurs techniquement que les russes dans bien des domaines. En revanche les Russes sont moins bloqués sur les matières premières, car ils en ont beaucoup sur leur territoire, ce qui n’est pas le cas des Iraniens.
        L’autre très gros handicap des iraniens est leur pouvoir central et leur régime de dictature peu éclairé, qui n’incite pas du tout à travailler et à produire pour eux. On peut vite passer du héros de la nation au paria à faire disparaitre rapidement et discrètement.
        Et c’est notre meilleur atout pour nous protéger d’eux.

    • Thierry le plus ancien dit :

      oui, un drone furtif U.S ultra secret qui survolait librement l’Iran, visiblement les iraniens n’en ont pas tiré grand chose puisque qu’ils ont bien fait une copie de ce drone mais pas du tout aussi performante, 3 copies se sont fait descendre par les F-35 israélien lors d’une tentative d’incursion, et quand on voit la grosse bouse qu’est le Shahed 136, à peine plus qu’un avion amateur radio commandé… Visiblement être scientifique et iranien cela a l’air antagoniste ! même leur programme nucléaire a été « volé » ailleurs…

      • Qui qu'ils fussent dit :

        Puisqu’ils ont bien fait une copie, pas « puisque qu’ils ont bien fait une copie ».

        C’est déjà assez compliqué avec « quoique » ou « quoi que » et « quelque » ou « quel que » sans y ajouter des « puisque que », des « quelque que » et des « quoique que ».

    • ji_louis dit :

      C’est déjà le présent puisque les ukrainiens se plaignent du manque de d’efficacité des armes « de précision » américaines à cause du brouillage russe, et que cela entraîne l’arrêt des livraisons des obus « Excalibur » qui deviennent pas plus efficaces (mais beaucoup plus chers) que des obus classiques.
      https://meta-defense.fr/2024/05/31/obus-m982-excalibur-brouillage-russe/

  10. Raphaël dit :

    l’armée parle de gnss, pas du gps uniquement, donc incluant, a priori, Galileo. quant au chinois…il n’est actif qu’en Chine. et le glonass,bon, voilà.

    • ji_louis dit :

      Le Glonass russe et le GPS américain font partie des systèmes utilisés par INMARSAT (britannique, communication par satellite), Caspass-SARSAT (systçme international de détresse), entre autres.

    • Harvester dit :

      Non, Beidou est aussi disponible en Europe, de meme que Glonass, il suffit d’installer une application type GPSTest sur votre smartphone pour voir ce que votre smartphone utilise comme constellation a l’instant T.

  11. Bob dit :

    Il aurait été intéressant de connaître le matériel de EW froggy pour cet exercice.

  12. Pascal dit :

    et on le brouillage sur le compte des radioamateurs un comble

  13. miaou dit :

    Ne prévenir personne ou au strict légal; C’est peut-être justement le but de l’exercice. L’idée est de voir ce qui va être perturbé et comment les utilisateurs du système GPS vont réagir.

  14. Ratel dit :

    Une carte et une boussole suffisent!

  15. Félix GARCIA dit :

    En Ukraine, on voit de plus en plus d’interceptions de drones par d’autres drones.
    Un « ROADRUNNER » en version FPV avec verrouillage et guidage terminal assisté par logiciel, ça pourrait faire le taf’ :
    —> « Anduril unveils Roadrunner & Roadrunner-M »
    https://www.youtube.com/watch?v=al9ITeP4fUA
    En gros, un drone aérien à réaction ADAV en vue subjective, conçu pour intercepter des drones aériens avec sa cellule renforcée.
    —> Cellule renforcée : arêtes/bords métalliques et « tête » transparente en céramique (SPINELLE) soutenue par une ossature métallique légère et résistante ?

  16. charly10 dit :

    Navigation carte, cap montre c’est la base en école de pilotage donc pas de gros pb pour retrouver une cible, peut être un pilotage plus précis et qq gène supplémentaire et encore aujourd’hui la cartographie de terrain est affichée sur les écrans. Excellent comme exercice, on oublie un peu trop vite qu’ont peu brouiller les info satellites, mais on peut aussi utiliser les armes a impulsions électromagnétiques pour mettre une panique générale sur tout un secteur. Aujourd’hui plus qu’hier avec la généralisation des systèmes numérisés connectés.