L’État-major des armées confirme qu’au moins un drone Shahed iranien a été abattu par les Rafale de Chammal

Dans la nuit du 13 au 14 avril, l’Iran lança une attaque massive contre Israël, en représailles à une frappe de Tsahal ayant visé la section consulaire de son ambassade en Syrie, deux semaines plus tôt. Ainsi, dans le cadre de l’opération « Vraie promesse », en coordination avec les groupes armés qui leur sont affiliés dans la région, les forces iraniennes tirèrent 120 missiles balistiques [probablement des Kheiber-Shekan, Emad, Dezfuls et Qadr], 30 missiles de croisière et 170 munitions téléopérées [MTO], dont des drones Shahed.

Si elle eut un retentissement médiatique, de par son caractère inédit et son ampleur, cette attaque fut un échec sur le plan militaire, étant donné que seuls 7 missiles purent atteindre le sol israélien, sans causer de dommages significatifs. En clair, 99 % des tirs iraniens furent interceptés par Tsahal, avec l’appui direct des forces américaines et britanniques. Mais pas seulement car la Jordanie fit savoir qu’elle avait « abattu des dizaines de drones iraniens » qui devaient traverser – et donc violer – son espace aérien pour se diriger vers Israël.

En outre, le porte-parole de Tsahal, le contre-amiral Daniel Hagari, indiqua que les forces françaises avaient aussi contribué à contrer l’attaque iranienne. « Au cours des six derniers mois, nous avons travaillé en étroite collaboration avec nos partenaires américains, britanniques, français et autres dans la région pour anticiper divers scénarios d’attaques », avait-il ensuite expliqué auprès du quotidien « The Times of Israël ».

Cependant, l’exécutif français nuança le propos de l’officier israélien. « Nous avons une base aérienne en Jordanie, pour lutter contre le terrorisme. L’espace aérien jordanien a été violé par ces tirs. Nous avons fait décoller nos avions et nous avons intercepté ce que nous devions intercepter », déclara en effet le président Macron, le 15 avril. Et de préciser que cela avait été fait à la demande des autorités jordaniennes.

Pour rappel, au titre de l’opération Chammal, qui est le nom de la contribution française à la coalition antijihadiste dirigée par les États-Unis, l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] déploie quatre Rafale sur la base aérienne projetée [BAP] H5, en Jordanie.

La seule déduction que l’on pouvait tirer des propos de M. Macron était que les quatre Rafale B de la 4e Escadre présents sur la base H5 au moment de l’attaque iranienne venaient d’ouvrir leur « tableau de chasse ». De son côté, l’État-major des armées [EMA] se garda d’apporter la moindre précision, ses « points de situation » hebdomadaires sur les opérations n’ayant évoqué à aucun moment l’action des forces françaises.

« On n’en dit pas trop pour des raisons de discrétion. Les Jordaniens nous demandent cette discrétion. Les interceptions, très minimes en nombre que les Français ont pu réaliser cette nuit-là sont des interceptions en approche de la base H5. Nous étions dans un cas de stricte légitime défense. En clair, c’était un drone, pour être précis. [Mais] je n’entrerai pas dans tous les détails. Et ça s’est fait avec l’autorisation des Jordaniens », crut bon de justifier Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, alors qu’il était interrogé par un député LFI lors d’une audition à l’Assemblée, le 14 mai dernier.

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— Armée française – Opérations militaires (@EtatMajorFR) May 30, 2024

Quoi qu’il en soit, si l’EMA n’a pas communiqué sur ces interceptions avec les mots, il vient de le faire avec une photographie, diffusée dans son dernier point de situation sur les opérations. En effet, ce cliché montre le Rafale B n°333 [immatriculé 4-IH] sur lequel on peut distinguer la silhouette d’un drone Shaheb dessinée sur son fuselage.

Cet avion appartient à l’Escadron de chasse 1/4 Gascogne, et plus précisément à l’escadrille SPA 79 « Tête de Loup », dont la dernière victoire aérienne homologuée remonte probablement au 22 août 1918. Celle-ci avait été obtenue, « en coopération », par le sous-lieutenant Clément Payen, le sous-lieutenant Georges Sittler et le maréchal des logis Auguste Couez, au-dessus de la Somme.

Pour rappel, en configuration air-air, le Rafale est armé de missiles Meteor [dont l’usage est peu probable pour intercepter un drone Shahed], de missiles MICA IR/EM et d’un canon interne Nexter 30M711 de 30 mm pouvant tirer 2500 coups par minute.