La frégate Provence a évalué l’apport de planeurs sous-marins au sein du groupe aéronaval

En 2019, l’amiral Christophe Prazuck, alors chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM] avait soutenu l’idée de doter le Service hydrographique et océanographique de la Marine [SHOM] des « gliders » [ou planeurs sous-marins] afin de lui permettre d’améliorer sa connaissance de l’environnement océanique, ce qui est essentiel en matière de lutte sous la mer [LSM].

En effet, contrairement aux apparences, la mer n’est pas un milieu homogène : elle est une juxtaposition de plusieurs masses d’eau susceptibles d’avoir des propriétés différentes [turbidité, température, salinité, etc.]. Or, ces facteurs peuvent avoir une influence, par exemple, sur la propagation du son.

« L’océan est fait de collines, de promontoires, d’enfoncements. Et je ne parle pas du fond, mais des masses d’eau : elles sont très différentes, ce qui a d’ailleurs une influence considérable sur le climat. On peut se cacher, derrière ces masses d’eau, et devenir invisible au sonar. Cette connaissance intérieure de l’océan, j’ai besoin de l’enrichir en permanence », avait expliqué l’amiral Prazuck pour justifier l’acquisition de planeurs sous-marins.

Un tel engin, comme le SeaExplorer de l’entreprise française ALSEAMAR, est capable de rester sous l’eau pendant une centaine de jours, grâce à une batterie Li-ion. Autonome, il peut plonger jusqu’à près de 1000 mètres de profondeur. Pour communiquer les données collectées par ses capteurs, il remonte à la surface pour entrer en contact avec un navire ou centre de transmissions à terre grâce à une liaison satellite.

Cela étant, en fonction de la nature de ses capteurs, un planeur sous-marin peut aussi avoir des applications militaires, comme par exemple la surveillance acoustique d’une zone maritime donnée.

En tout cas, lors de la mission AKILA qui, menée par le groupe aéronaval [GAN] formé autour du porte-avions Charles de Gaulle, vient de se terminer, la frégate multimissions [FREMM] Provence en a mis quatre en œuvre à l’occasion de l’exercice Mare Aperto 24 / Polaris, organisé par la Marina Militare italienne.

Régulièrement sollicitée pour tester des innovations [comme cela a récemment été le cas avec un « data hub » et le Système de drone aérien de la Marine], la FREMM Provence a ainsi été « chargée de cordonner […] l’emploi de quatre gliders, pour collecter en temps réel des données sur l’environnement marin et apporter une contribution directe au cadre tactique », a expliqué la Marine nationale, le 30 mai.

Et d’ajouter : « Grâce à l’implication efficace du Centre d’expertise des programmes navals [CEPN] et de la Direction générale de l’armement [DGA] via le centre d’expertise et d’essais DGA Techniques navales, cette expérimentation a permis d’apprécier les performances des gliders et l’évaluation de leurs apports au sein d’une force à la mer ».

A priori, l’expérimentation a donné des résultats encourageants puisque la Marine envisage de « systématiser » l’usage de ces planeurs sous-marins afin, notamment, de mieux connaître « l’environnement sous-marin en précurseur ». « Ils apportent ainsi une plus-value essentielle à la force navale en lui permettant de voir plus loin, plus tôt, et d’établir une situation tactique maîtrisée élargie, le tout à moindre coût matériel et humain », a-t-elle expliqué.

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30 contributions

  1. Félix GARCIA dit :

    « Ils apportent ainsi une plus-value essentielle à la force navale en lui permettant de voir plus loin, plus tôt, et d’établir une situation tactique maîtrisée élargie, le tout à moindre coût matériel et humain »
    Excellent.
    C’est pour cela que la combinaison avec les hélicoptères peut être géniale. L’hélicoptère déposant et allant chercher le drone en question avec une grande vitesse.
    C’est aussi pour cela que le PHA Mistral serait l’idéal pour faire office de porte-drones.
    Les hélicoptères pouvant emmener rapidement les drones navals de <3 tonnes à grande distance, le radier inondable pouvant mettre à l'eau une multitude de navires (CB90, HSAB20/32, embarcations légères …) ou drones navals de surface (Sterenn Du, etc …) et sous-marins (DSMO, D19, D2i, SLAM-F …), tout en étant capable d'embarquer différents modules dans des conteneurs et en gardant ses capacités de bâtiment de guerre amphibie.
    Les EDA-R/S ou le Sterenn Du pourraient d'ailleurs faire office de ravitailleurs à la mer pour des hydravions.
    Hydravions qui ne seraient pas nécessairement les nôtres d'ailleurs (Liberty Lifter, ShinMaywa US-2, etc …) …

  2. Olivier_M dit :

    Ben chapeau …

    100 jours, vraiment ?

    • ji_louis dit :

      Les gliders utilisés en océanographie (civile) ont une autonomie de plusieurs mois.
      exemple (2019) : https://www.youtube.com/watch?v=Z2AxHVqPYcc

      Un glider est juste un ballast équipé d’ailerons, de senseurs et de moyens de communication, son fonctionnement est très économe en énergie. Par contre, il est trés dépendant des courants marins.
      Pour qu’une flotte ait une idée de la bathy avant d’être sur zone, il faut forcément que le(s) gliders y aient été déposé(s) en avance, donc par moyen civil sous couvert de mission civile, ou bien par sous-marin ou hélico éclaireur.
      Un glider récupéré (pêcheur chinois ? sous-marin burkinabé ?) pourra donner aux « autres » des indications techniques sur nos communications (par exemple, fréquence et codage des messages aux satellites). C’est pourquoi il vaut mieux les équiper au plus simple de manière à envoyer sur des fréquences radio maritimes civiles des messages en clair veillés automatiquement (bref, pas grand chose de mieux qu’une ancienne bouée bathy). Ou alors prendre un tel risque et avoir sur place avec ça un senseur quasi-permanent et relativement discret.

      • PK dit :

        « de senseurs »

        de capteurs… sinon, ces objets auraient du sens ou bien joueraient le rôle de censeur de la mer…

    • vrai_chasseur dit :

      Utilisé depuis 2016 par l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse (projet Medtrix avec l’association l’Oeil d’Andromède) pour cartographier les fonds marins et la qualité de l’eau sur le pourtour côtier méditerranéen.
      En 2016, 2 engins lâchés en autonomie durant 75 jours.
      http://medtrix.fr/le-planeur-sous-marin-seaexplorer/
      L’ampleur et la précision des données sous-marines accumulées par Medtrix a convaincu la MN de faire à son tour des essais – c’est chose faite.

  3. Félix GARCIA dit :

    Disposer de voiliers avec un dispositif LARS (Launch And Recovery System) « léger », une hélisurface (sans hangar) et des moyens de ravitaillement des hélicos/hydravions/drones navals.
    Silencieux et prépositionnés pour faciliter le déploiement de drones, d’hélicoptères et d’hydravions, ils seraient un véritable atout dans nos ZEE, que ce soit pour la surveillance des infrastructures marines, le sauvetage en mer, le « blanchiment de zones », la lutte contre la piraterie ou les trafics illicites, la police des pêches, etc … n’intervenant pas directement mais facilitant les opérations.

    • ji_louis dit :

      Aucune de ces missions ne serait facilitée par un ou des gliders.
      Le problème est la quantité de données à transférer à la station d’écoute : Il ne peut pas envoyer en quelques secondes des heures ou des jours de relevés sans qu’il n’y ait une grosse perte (échantillonnage), c’est pourquoi ils se contentent actuellement de relevés techniques ponctuels et périodiques (température, pression, salinité, etc).
      Si on embarquait à bord un ordinateur pour discriminer l’audio, la consomation énergétique serait BEAUCOUP plus importante, rendant la permanence sur zone impossible, et les infos seraient transmises systématiquement avec un retard de plusieurs heures ou jours.

      • Félix GARCIA dit :

        « Aucune de ces missions ne serait facilitée par un ou des gliders. »
        D’où l’hélisurface pour servir de plateforme-relai.
        Il ne s’agit pas de remplacer des patrouilleurs.

        Avec les drones navals, surveillance : des champs d’éoliennes, d’aquaculture future, des modules houlomoteurs, des câbles sous-marins, des gazoducs/oléoducs, petits drones de surface pour la patrouille maritime, drones sous-marins type ARKOCEAN, drones de déminage rôdeurs (vieilles munitions des guerres précédentes) …

        Avec les hélicoptères : ravitaillement pour sauvetage et hélisurface pour déposer d’éventuels secourus avant d’y retourner, surveillance, interventions …

      • alexandre dit :

        Une masse d’eau ne change pas ces paramètres en quelques secondes ou minutes, un point de situation transmis tout les , plusieurs jours ou semaines, restera d’actualité et viable pour être exploité. Des gliders déployés par un patrouilleur ou une frégate apporteront des informations à un sous marins passant sur la même zone jusqu’à 3 mois plus tard, ce qui est un avantage non négligeable, notamment dans la chasse aux sous marins adverses afin de signaler de potentielle zone de cache et pour améliorer la dissolution de nos sous marins.

        • ji_louis dit :

          Les masses d’eau changent suffisament souvent pour devoir être scrutées quotidiennement dans plusieurs cas:
          – calme établi ou vent changeant soudain modifiant la bathy au dessus de la thermocline (cas typique des coups de Mistral ).
          – courants océaniques tourbillonnants (cas typique du Gulf Stream a quelques dizaines ou centaines de nautiques des côtes).
          – embouchure des fleuves et leur cône de dépôts alluviaux, dont la turbidité, la salinité dépendent des évènements climatiques dans leur bassin versant. Exemples: le Dniepr, le Rhône, le Nil, etc.

    • alexandre dit :

      Nous avions eu peu d’informations jusqu’ici sur le développement de ces capacités et moyens techniques. Plus que la protection de notre ZEE, je pense que le déploiement et la vitesse de développement (surprenante) de ses moyens à pour objectif principale de conserver la suprématie dans la guerre sous marine. Encore d’avantage que pour l’aviation de combat , ce domaine semble concentrer énormément de nos efforts.

    • Félix GARCIA dit :

      Navires (voiliers Solid Sail motorisé) dont l’équipage serait remplacé et dont les cales seraient réapprovisionnées par hydravions/hélicoptères/navires.

      • ji_louis dit :

        Un navire civil sans équipage court plusieurs dangers:
        – 1) être considéré juridiquement comme une épave. C’est le cas actuellement dans le cas de la réglementation internationale. Cela limite leur exploitation actuelle aux navires militaires ou aux expérimentations nationales en eaux territoriales (selon la réglementation locale).
        – 2) La panne sans bosco/mécano/électicien/électronicien pour les dépannages possible à bord. La redondance parfois ne suffit pas.
        – 3) Être abordé/détourné/piraté sans équipage pour le défendre.

        Par ailleurs, quel intérêt d’avoir des navires à voiles automatisés si il faut les doubler par des hydravions/hélicoptères/navires ?

  4. Anonymelol dit :

    De loin ça ressemble à un tournevis

    • Rakam dit :

      @anonymelol..plus à un obus fléche…
      Après on dirait que c’est assez efficace…

    • JILI dit :

      Les commandes vont tomber de toutes parts, et franchement bravo à cette création, qui déjà est opérationnelle car lorsqu’on est bien renseigné sur la grande bleue, on est sidéré par son extrême puissance et notre méconnaissance de ce qu’elle est à tous ses niveaux, comme ses profondeurs etc.. Je n’oublierai pas qu’à certains endroits des mers et océans différents, leurs eaux ne se mélangent, et j’en passe sur cette Grande et Vénérable Dame.

    • PK dit :

      « De loin ça ressemble à un tournevis »

      C’est un vice de forme : l’avis sur la vis du vicieux vise un vis-à-vis vivifiant.

  5. AirTattoo dit :

    Super idée pour sécuriser la zone de déploiement et d’opération. C’est un très bon complément du SNA. Il semble aussi qu’on soit pas les derniers sur le sujet, ça fait plaisirs.

  6. PHILIPPE dit :

    Certes maintenant drones marins, drones sous marins et planeurs sont là et il faut bien sûr en tenir compte mais oublier la torpille russe Shkval / Ouragan serait une erreur.
    En effet, même sans explosif, avec une masse de une masse de 2700 kg et une vitesse de 90 km/h elle constitue une réelle menace si elle est opérationnelle :
    https://fr.wikipedia.org/wiki/VA-111_Chkval

  7. AlexS dit :

    « Pour communiquer les données collectées par ses capteurs, il remonte à la surface pour entrer en contact avec un navire ou centre de transmissions à terre grâce à une liaison satellite. »

    Gros ennuis, et peut-elle être rappelée à la surface par une commande sonar ? ne semble pas très utile pour le combat en temps réel.

    • vno dit :

      Si la Freem l’a utilisé, c’est que l’engin à des options non documentées qui n’ont pas besoin de 100 jours d’autonomie…

      • Dolgan dit :

        on ne sait pas ce qui a été testé.

        l autonomie dépend principalement de la consommation énergétique de la charge utile.

        et les missions sont fortement limitées par la vitesse inférieure à 2 kmh.

        en usage normal, une mise à l eau par des seconds rangs voir les patrouilleurs semble plus pertinent que depuis une fremm amha.

        mais tout dépend des capacités.

  8. Félix GARCIA dit :

    « IISS Shangri-La Dialogue 2024: Keynote Address »
    Ferdinand R. Marcos Jr., President of the Philippines
    https://www.youtube.com/watch?v=ZwC6xScHzKA

    « IISS Shangri-La Dialogue 2024 | Special Session 1: Deterrence and Reassurance in the Asia-Pacific »
    https://www.youtube.com/watch?v=zlGB4Ex61Rc

  9. jean dit :

    « Gliders » encore un terme en breton parmi tant d’autres pour désigner un produit d’une société française.
    Je n’en peux plus de cette façon de baisser la tête en permanence. Ikea est fière d’utiliser le suédois et cela n’empêche pas le succès commercial.
    Nos élites doivent se renouveler d’urgence. Nous pouvons faire bien mieux qu’elles. En Français. Cela peut avoir des répercussions énormes.
    Si on suit cette tendance, cela peut aboutir au démantèlement du pays. On a déjà la communauté européenne d’alsace qui pourrait très bien devenir un état fédéré européen, tout comme les pyrénées orientales qui doivent changer de nom et devenir pays catalan et pourraient intégrer la catalogne dans un état lui aussi fédéré. C’est le projet du probable futur président de la commission européenne Dragui qui promet la création d’un état européen et donc de faire de la France un état fédéré (et quitter l’ONU, le conseil de sécurité, fin du statut de grande puissance, …etc.)
    Nos élites affaiblissent la France. Si nous-mêmes ne croyons plus à la puissance du pays, comment donner envie aux Kanaks de rester avec nous ?
    Je vois la situation actuelle comme une lumière qui s’éteint sans que personne parmi les élites n’ait envie de la rallumer, cela ne les concerne pas.

    • ji_louis dit :

      Le concept est américain et date des années 1960. La DARPA a testé un premier prototype en 1988, d’où le nom américain. Le premier exemplaire français date de 2016, le nom américain avait déjà été repris un peu partout, d’où la difficulté à imposer la dénomination francophone (par ailleurs plus compliquée) tant que l’Académie française ne s’est pas prononcée.

    • mich dit :

      Entre les correcteurs et les orthodoxes cela devient un site littéraire ici ,bien sur sans aucun rapport avec les sujets car faut pas trop en demander non plus à ces éminentes cervelles pas trop politisée bien sur !

  10. Sorensen dit :

    Le mini SMR va permettre l’accès à l’avion aéro-submersible, torpille volante intelligente, frégate chenillé autonome patrouillant au fond de l’océan pendant des années, porte avion sous-marin prêt à bondir devant les côtes ennemis. Le futur de la marine de ce siècle est insondable, c’est supérieurement passionnant, la recherche Allemande avance unie en leader, nous aiderons la France AA- en rachetant les quelques entreprises technologiques qui en valent la peine.