Le Rafale F5 sera équipé du « POD TR », qui fusionnera les capacités des nacelles TALIOS et RECO NG
En mai 2022, et grâce à des ressources extrabudgétaires abondées par la cession de 12 avions Rafale à la Croatie, la Direction générale de l’armement [DGA] a commandé auprès de Thales 21 nacelles optroniques TALIOS pour 100 millions d’euros, l’objectif étant alors d’en disposer de 67 exemplaires pour les besoins de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] ainsi que pour ceux de l’Aéronautique navale.
Cette nouvelle commande était attendue dans la mesure où, ces dernières années, plusieurs rapports parlementaires ont déploré le manque de nacelles de désignation laser ainsi que le faible taux de diponibilité [34% en 2021] des plus anciennes, par ailleurs inadaptées aux exigences opérationnelles du moment.
La nacelle TALIOS [TArgeting Long-range Identification Optronic System – système optronique d’identification et de ciblage à longue distance] marque un bond capacitaire, grâce à ses capteurs électro-optiques et infrarouges de haute résolution hautement performants. Elle permet ainsi d’effectuer des frappes à longue portée et de mener parallèlement des missions de reconnaissance, les informations qu’elle collecte étant transmises en temps réel. Enfin, son système de maintenance prédictive SmartFleet augmente son taux de disponibilité.
« Nous disposerons aussi, dès 2026, de 51 pods Talios. Aucune patrouille ne décollera sans pod Talios, alors qu’aujourd’hui nous nous agitons beaucoup pour en avoir un au bon endroit et au bon moment », s’est récemment réjoui le général Stéphane Mille, le chef d’état-major de l’armée de l’Air & de l’Espace [CEMAAE], devant les députés.
Et d’expliquer : « C’est le retour d’expérience qui nous apprend l’importance de ces pods : imaginés au départ pour reconnaître un objectif pour une attaque au sol, ils ont montré toute leur utilité pour l’identification visuelle, par exemple. Nos Rafale qui rentrent de Lituanie l’utilisaient pour reconnaître, à vue, les Sukhoï qu’ils interceptaient. Lors de nos missions en Irak et en Syrie, nous nous sommes rendu compte que ce pod permettait de faire du renseignement. Ce n’était pas le cœur de la mission, mais on regardait et on apprenait des choses… Tout cela se construit donc au fur et à mesure ».
Cela étant, le Rafale met aussi en oeuvre la nacelle de reconnaissance aérienne stratégique de nouvelle génération RECO NG. Celle-ci permet de prendre des photographies en haute comme à très basse altitude, de jour comme de nuit. Et elle peut cibler un objectif – voire plusieurs – sous différents angles en un seul survol grâce à ses capteurs optiques pouvant tourner à 180°.
Mais, à l’avenir, les nacelles TALIOS et RECO NG ne feront plus qu’une.
En effet, selon le bilan d’activités que vient de publier l’Agence de l’Innovation de Défense [AID], des études ont été confiées à Thales LAS dans le cadre du projet « Pod TR », lequel vise à mettre au point une nouvelle nacelle de désignation et de reconnaissance destinée au Rafale F5. L’objectif est d’effectuer les « travaux d’architecture, de montée en maturité et de dérisquage » afin d’en « préparer le développement à partir de 2026/2027 ».
L’AID explique que ce Pod TR [TR pour Targeting and Recce, ndlr] assurera des « missions de détection, reconnaissance, identification et localisation des cibles en temps réel » et que, par conséquent, il fusionnera les capacités des nacelles TALIOS et RECO-NG.
« L’intégration du pod TR au Rafale se fera dans le cadre du standard F5 [2033-2036] », conclut l’AID.