La marine italienne a mis en échec une tentative de détournement d’un cargo turc en Méditerranée
En mars 2019, le pétrolier Elhiblu 1, battant pavillon de Palau, avait été détourné par des migrants qu’il venait de recueillir à son bord, ceux-ci ayant compris que l’équipage avait l’intention de les ramener en Libye, d’où ils étaient partis à bord de deux canots. « Le capitaine a indiqué à plusieurs reprises qu’il ne contrôlait plus le navire et que son équipage et lui étaient contraints sous la menace d’un certain nombre de migrants à poursuivre vers Malte », expliquèrent, à l’époque, les forces armées maltaises, qui étaient intervenues pour libérer le navire. Trois jeunes hommes furent ensuite inculpés dans le cadre de cette affaire.
Quatre ans plus tard, parti de Topçular [Turquie] pour rejoindre Sète [France], le cargo roulier Galata Seaways a connu une aventure similaire… à la différence qu’il n’a pas porté assistance à des migrants en difficulté… puisqu’ils se trouvaient déjà à son bord. En effet, le 9 juin, l’équipage a découvert la présence de passagers clandestins… lesquels ont ensuite tenté, avec des armes blanches, de prendre en otage des marins.
Le capitaine du navire a immédiatement envoyé un message radio à Ankara afin d’obtenir de l’aide. Le Galata Seaways se trouvant à 90 nautiques au sud du golfe de Naples, les autorités turques ont signalé l’incident à leurs homologues italiennes.
"I dirottatori della nave sono stati catturati. Tutto è finito bene". Lo scrive su Twitter il ministro della Difesa, Guido Crosetto, riguardo al tentativo di dirottamento di una nave turca da parte di un gruppo di migranti. Intervenuti gli uomini della Brigata San Marco. #ANSA… pic.twitter.com/A3VCLrqF8V
— Agenzia ANSA (@Agenzia_Ansa) June 9, 2023
« Quinze immigrés illégaux ont pris le contrôle d’un navire turc au large de Naples, enlevant 22 membres d’équipage. Les forces italiennes stationnées à Brindisi sont intervenues, elles ont repris le contrôle du navire. Il faut maintenant libérer l’équipage et sécuriser le navire », a résumé le ministre italien de la Défense, Guido Crosetto, dans la soirée.
Cette intervention a été menée avec deux hélicoptères, par la Brigade « San Marco », l’unité de fusiliers marins de la Marina Militare. Parmi les trois régiments qui la composent, le 2º Reggimento « San Marco » est spécialisé dans la lutte anti-piraterie et la protection des navires.
Selon la presse transalpine, si le contrôle du navire a été rapidement repris, l’interpellation des migrants [13 hommes et 2 femmes] a été plus compliquée, certains ayant tenté de se cacher dans les entrailles du Galata Seaways. Finalement, ils ont tous été arrêtés.
I dirottatori della nave sono stati catturati.
Tutto è finito bene.
I miei complimenti ai ragazzi del Battaglione San Marco, ai poliziotti ed ai finanzieri, che hanno concluso una splendida operazione in collaborazione. Ognuno per la sua parte.
Bravi!— Guido Crosetto (@GuidoCrosetto) June 9, 2023
Le cargo-roulier a ensuite mis le cap vers le port de Naples, sous l’escorte de deux navires de la Garde côtière et de la Guardia di Finanza. Une enquête a été ouverte afin d’établir les circonstances de cette tentative de détournement et de vérifier les motivations des migrants, qui seraient originaires de Syrie, d’Irak et d’Afghanistan. Cela étant, pour le quotidien La Repubblica, il « est très peu probable qu’ils aient un lien avec des organisations terroristes ».
Selon le dernier rapport du Centre d’expertise de la Marine nationale dédié à la sûreté maritime [MICA Center – Maritime Information Cooperation & Awareness Center], les cas de détournement de navires en Méditerranée ont surtout lieu au large de la Cyrénaïque [Libye]. Mais, ce phénomène tend à s’estomper, « avec seulement trois cas rapportés au début de l’année 2022, contre 23 cas en 2021 ».
Toujours au sujet de la Méditerranée, le MICA Center note que les « flux d’immigration [y] demeurent à niveau élevé », en particulier depuis la Libye et la Tunisie, et que la « menace terroriste [y] reste importante, notamment à l’approche des grands ports ou passages stratégiques [comme le canal de Suez]. Mais « à ce jour, poursuit-il, les différents groupes n’utilisent pas de mode d’action maritime en haute mer. »