La Suède est prête à accueillir des bases « temporaires » de l’Otan avant son adhésion officielle

Un rapport remis en 2016 au gouvernement finlandais avait estimé que Helsinki ne pouvait rejoindre l’Otan qu’en compagnie de Stockholm pour au moins deux raisons. La première était que, en cas de cavalier seul, la Finlande risquait de se retrouver dans une « situation stratégiquement délicate de poste avancé sans continuité territoriale » avec le reste de l’Alliance. Et la seconde soulignait qu’une candidature suédoise était susceptible de la rendre « plus vulnérable » face à la Russie.

À l’époque, l’opportunité de rejoindre l’Otan faisait débat, tant à Helsinki qu’à Stockholm… Et l’invasion de l’Ukraine par la Russie n’a fait que précipiter les choses. Seulement, les recommandations du rapport n’ont pas pu être suivie… en raison des réticences de la Turquie. En effet, si celle-ci a fini par lever ses objections pour la candidature finlandaise, elle continue de s’opposer à celle de la Suède [comme la Hongrie].

Pour rappel, les autorités turques reprochent à leurs homologues suédoises d’être trop laxistes à l’égard des organisations kurdes considérées comme terroristes, comme le PKK [Parti des travailleurs du Kurdistan] ou le PYD syrien. Par ailleurs, des manifestations récemment organisées à Stockholm n’ont pas non plus aidé à un rapprochement entre les deux pays.

Pourtant, afin de montrer sa bonne foi, le gouvernement suédois a durci sa législation anti-terroriste… ce qui a permis, ce 9 juin, d’inculper un ressortissant turc pour « tentative de financement terroriste » du PKK. Une première en Suède… Comme, du reste, le feu vert donné par la Cour suprême suédoise à l’extradition vers la Turquie d’un sympathisant de l’organisation kurde. Celle-ci doit cependant encore être confirmée par l’exécutif.

En tout cas, la pression diplomatique devrait être forte, dans les prochains jours, pour tenter de faire plier Ankara. « Il n’y a pas de garanties, mais c’est absolument possible d’atteindre une solution pour permettre la décision sur une adhésion à part entière » de la Suède d’ici au sommet de Vilnius [en juillet] a récemment affirmé Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan. « Nous appelons la Turquie comme la Hongrie à ratifier cette adhésion aussi rapidement que possible. Il n’y a pas de raison de prendre du temps supplémentaire », s’est, de son côté, impatienté Anthony Blinken, le chef de la diplomatie américaine.

Mais, en attendant, la Suède reste à la porte de l’Alliance atlantique… Pour autant, même si son adhésion n’est pas encore officialisée, elle pourrait accueillir sur son sol des troupes de l’Otan, à titre temporaire. C’est en effet ce qu’ont annoncé Ulf Kristersson et Pal Jonson, respectivement Premier ministre et ministre de la Défense, dans une tribune publiée par le quotiden Dagens Nyheter, ce 9 juin.

« Le gouvernement a décidé que les forces armées suédoises pourraient entreprendre des préparatifs avec l’Otan et des pays membres de l’Otan pour la mise en place future d’opérations conjointes », ont affirmé les deux responsables politiques.

Et d’ajouter : « Les préparatifs pourraient inclure l’installation temporaire d’équipements et de personnels étrangers sur le territoire suédois. La décision envoie un message clair à la Russie et renforce la défense de la Suède ».

Pour justifier cette décision, MM. Kristersson et Jonson estiment que la Russie est « prête à prendre des risques militaires et politiques très importants pour atteindre ses objectifs géopolitiques » et que, désormais, le « seuil d’utilisation de la force militaire contre d’autres nations est bas ». Aussi, ils en concluent que Moscou « continuera de représenter une menace pour ses voisins dans un avenir prévisible », d’autant plus qu’il est « impossible de dire où se situent les limites des ambitions territoriales du président Vladimir Poutine ».

Aussi, dans de telles conditions, la Suède doit être en mesure d’accueillir rapidement des « ressources militaires d’autres nations », ce qui « nécessite à la fois de la planification, de la préparation et de la pratique », soulignent-ils. Et de conclure : « Le fait que les forces armées aient maintenant la possibilité de s’y préparer et aussi la possibilité d’autoriser le stationnement temporaire de matériel et de personnel étrangers en Suède renforce notre crédibilité. Cela envoie également un signal clair à la Russie que notre capacité à donner et à recevoir une aide militaire est bonne ».

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