Russie/Ukraine : Les forces tchétchènes ont reçu des blindés « Tigre » produits en Chine
Depuis le début de la guerre en Ukraine, la Russie et la Chine ont encore resserré leurs liens économiques, diplomatiques et… militaires. Et cette proximité n’a pu que nourrir les soupçons des Occidentaux sur un soutien de Pékin à l’industrie de l’armement et aux forces russes, via la livraison de semi-conducteurs, d’équipements « non-létaux » ou encore de mini-drones de surveillance.
D’ailleurs, le mois dernier, l’Union européenne a dit envisager des sanctions contre plusieurs entreprises chinoises [comme 3HC Semiconductors, King-Pai Technology, Sinno Electronics, etc.], accusées d’appuyer l’activité militaire russe en Ukraine. Cependant, trois mois plus tôt, les États-Unis avaient affirmé que la Chine envisageait de « fournir un soutien létal » à la Russie. Ce que Pékin réfuta, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin, ayant dénoncé de « fausses informations ».
« Les États-Unis ne sont pas qualifiés pour donner des ordres à la Chine. Nous n’acceptons jamais que les États-Unis pointent le doigt sur les relations sino-russes, ou même menacent et fassent pression », avait-il fait valoir.
Évidemment, un tel soutien de la Chine changerait la donne en Ukraine dans la mesure où il réduirait le bénéfice de l’aide fournie par la plupart des pays occidentaux aux forces ukrainiennes. D’où la mise en garde adressée à Pékin par Anthony Blinken, le chef de la diplomatie américaine, en février dernier.
Un mois plus tard, alors qu’on venait de lui demander si la Chine était prête à livrer des munitions et des armes à la Russie, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, répondit par la négative. « Mais nous avons vu des signes indiquant que la Russie en avait fait la demande et que cette question était examinée à Pékin par les autorités chinoises », précisa-t-il. Et les choses en restèrent là…
Du moins jusqu’aux récentes affirmations de Ramzan Kadyrov, le chef de la République tchétchène et… du 141e régiment motorisé spécial « Kadyrovtsy ». Ainsi, celui-ci a confirmé que ses troupes venaient de recevoir des blindés 4×4 de transport de troupes « Tigre », produits par le groupe chinois Shaanxi Baoji Special Vehicles Manufacturing Co., Ltd.
The first Chinese military vehicle in Russian service: Ramzan Kadyrov showed footage of "new vehicles purchased for Chechen units participating in the SMO" at his palace – featuring 8+ brand new Shaanxi Baoji Special Vehicles Manufacturing Co. "Tiger" armored personnel carriers. pic.twitter.com/yUDREwXVoC
— 🇺🇦 Ukraine Weapons Tracker (@UAWeapons) June 7, 2023
S’il n’a pas précisé le nombre de blindés chinois reçus [il y en aurait au moins huit selon les photographies qu’il a publiées], le chef tchétchène a laissé entendre qu’ils seraient bientôt engagés dans « l’opération militaire spéciale » menée par la Russie en Ukraine. Ces derniers jours, il a été avancé que le régiment « Kadyrovtsy » pourrait relever le groupe paramilitaire Wagner dans le secteur de Bakhmout… ou qu’il serait déployé dans la région de Belgorod pour y contrer les incursions de combattants russes enrôlés dans les forces ukrainiennes.
D’une masse à vide d’environ 4,5 tonnes, le Tigre transporte jusqu’à 11 soldats [9 fantassins équipés, un conducteur et un chef de bord]. Armé, il peut également emporter une charge utile de 1100 kg.
Cela étant, il est possible que ces blindés aient été commandés par la République tchétchène avant le début de la guerre en Ukraine… En outre, réputé pour sa brutalité, le régiment « Kadyrovtsy » relève de la garde nationale russe [depuis 2016]. Aussi, ses missions se concentrent surtout sur le maintien de l’ordre et la stabilisation. En clair, il n’a pas vocation à participer à des actions de combat…