Pour le ministre des Armées, le Rafale porté au standard F5 devra être mis en service à l’horizon 2030

En janvier 2019, le ministère des Armées notifia à Dassault Aviation le contrat de développement et d’intégration de la version F4 du Rafale. Visiblement, ce programme est allé relativement vite puisque les premiers avions portés au standard F4.1 ont été livrés à l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] et à la Marine nationale au début de cette année. Et l’industriel assure que le « standard complet », qui ouvre la voie au combat collaboratif, « sera livré en 2024 ».

Qu’en sera-t-il pour le Rafale F5, qui, d’après le général Stéphane Mille, le chef d’état-major de l’AAE [CEMAAE], sera un avion « très différent »?

Selon les explications fournies par ce dernier, « le radar, les contre-mesures électroniques et le calculateur nécessaire à la connectivité auront été modifiés », ce qui nécessitera de disposer de « capacités de calcul permettant de traiter des centaines de milliers d’informations »… et donc d’un « câblage en fibre optique » que le « Rafale tel que nous le connaissons aujourd’hui n’est pas capable de supporter ».

Par ailleurs, et comme le précise le projet de Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30, ce Rafale F5 sera accompagné par un drone de combat développé à partir du démonstrateur nEUROn, conçu dans le cadre d’une coopération européenne dirigée par Dassault Aviation.

Le standard F5 du Rafale vise à garantir aux forces aériennes françaises la capacité de faire face à des défenses aériennes de plus en plus performantes et à évoluer dans des environnements contestés, ce qui suppose un effort particulier en matière de guerre électronique. Enfin, il devra permettre de mettre en oeuvre le missile à capacité nucléaire ASN4G, qui remplacera l’ASMP-A mis en oeuvre par les Forces aériennes stratégiques [FAS] et la Force aéronavale nucléaire [FANu].

« Le F5 sera la poursuite du combat collaboratif. Celui-ci se développe et existe déjà dans le F4, grâce à des architectures de communication définies en prenant en compte les problématiques du cyber. En effet, […] plus on est connecté et plus on est vulnérable. Or, il va falloir être plus connecté et moins vulnérable. C’est ça le grand enjeu des standards à venir », a récemment expliqué Éric Trappier, le Pdg de Dassault Aviation, lors d’une audition au Sénat.

Reste à voir quel sera le calendrier du développement de ce Rafale F5.

Devant les sénateurs de la commission des Affaires étrangères et des Forces armées, M. Trappier a donné l’échéance de 2035.

« Dassault Aviation avait en tête un standard F5 à l’horizon 2032. La tendance va vers un léger décalage à 2035. La modernisation du Rafale sera donc post-LPM dans les deux cas. L’important est de voir qu’il y a une synchronisation entre l’arrivée de nouveaux types d’armements, dans le cadre de la composante nucléaire aéroportée, et le fait que l’avion lui-même doit évoluer avec son temps. Dit autrement, le Rafale devra renforcer son système d’armes en adéquation avec les retours opérationnels », a-t-il en effet expliqué.

Et M. Trappier d’ajouter : « Au plus tôt le standard F5 sera spécifié, au mieux on pourra le préparer, en complément de ce qu’on fait déjà dans F4. Si le F5 est prévu pour 2035, ce sera en 2035. Ce n’est pas moi qui décide, c’est l’État ».

Devant la même commission sénatoriale, le 7 juin, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a donné un autre calendrier, bien plus ambitieux. « Le Rafale F5 est dans la LPM. J’ai présidé un Comité ministériel d’investissement [CMI], il y a quelques semaines, qui permet justement de lancer le standard F5. Cela veut dire que l’ensemble des sommes pour les études de faisabilité est dans la LPM, que ça emporte évidemment le nEUROn et que ça nous permet d’avoir la mise en service pour 2030 » ou au « début de la LPM suivante », a-t-il dit.

« C’est un point clé car certains ont voulu opposer le standard F5 et le SCAF [Système de combat aérien du futur, mené en coopération avec l’Allemagne et l’Espagne, ndlr] mais je rappelle qu’on n’est pas dans la même temporalité et que, ensuite, il y aura une cohabitation, si j’ose dire, entre les deux », a poursuivi le ministre, évoquant l’échéance « post-2040 » pour le SCAF.

« Et donc, pour le coup, c’est notre responsabilité politique de faire le standard F5 […]. Et pas que pous nous-mêmes. J’ai la faiblesse de penser que, à l’export, le F5 doit trouver ses partenaires dans une finalité autour du club Rafale », a conclu M. Lecornu.

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