MBDA Allemagne propose son missile JFS-M, d’une portée de 499 km, pour le lance-roquettes Euro-PULS

Début mai, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, le Délégué général pour l’armement [DGA], Emmanuel Chiva avait dit ne pas exclure une solution « souveraine nationale ou européenne  » pour la future capacité de frappe dans la profondeur de l’armée de Terre, laquelle devrait bénéficier d’un investissement de 600 millions d’euros dans le cadre de la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30, avec l’objectif d’acquérir « au moins » treize systèmes [c’est à dire des lance-roquettes multiples] dès 2028 afin de remplacer les Lance-roquettes unitaires [LRU].

« Notre BITD [Base industrielle et technologique de défense] dispose de compétences dans ce domaine grâce à des sociétés comme MBDA, Ariane ou Safran, avec lesquelles nous discutons. Dans tous les cas, il faudra opérer un choix en prenant en compte les délais et les coûts. Nous allons ainsi demander à nos industriels de formuler leurs meilleures propositions en fonction de l’expression de besoins », avait expliqué le DGA.

Plus tard, le Pdg de Safran Electronics & Defense, Franck Saudo, affirma devant les députés que son groupe avait proposé à la Direction générale de l’armement [DGA] une solution reposant sur l’Armement Air-Sol Modulaire [A2SM]. C’est un « cas d’école de l’application de l’économie de guerre », avec une « modalité de développement à la fois agile et rapide, une solution pragmatique et également compétitive puisque, plutôt que de développer un nouveau système, on concilierait l’adaptation d’un système existant tout en étant dans l’autonomie stratégique », fit-il valoir.

Cela étant, le développement d’une nouvelle capacité de frappe dans la profondeur avait initialement été envisagée dans le cadre d’un « dialogue » avec l’Allemagne. En outre, il s’agissait également de solliciter les financements de l’Union européenne, via le projet E-COLORSS [European COmmon LOng Range indirect Fire Support System], qui devait permettre de préparer une « solution européenne pour le remplacement du châssis et de la conduite de tir LRU à l’hozizon 2030 ».

Mais la guerre en Ukraine a changé la donne, d’autant plus que la France et l’Allemagne ont cédé un certain nombre de leurs systèmes [LRU pour la première et MARS II pour la seconde, ndlr] à l’armée ukrainienne. Aussi, le renouvellement de leurs capacités respectives de frappe à longue portée est désormais prioritaire.

Outre-Rhin, le groupe Rheinmetall a misé sur un rapprochement avec l’américain Lockheed-Martin, en vue de proposer une version allemande du système M142 HIMARS [High Mobility Artillery Rocket System], qui a fait la preuve de son efficacité en Ukraine.

De son côté, Krauss-Maffei Wegmann [KMW], associé au français Nexter au sein de KNDS, a signé un accord avec l’israélien Elbit Systems afin de commercialiser l’Euro-PULS [Multi-Purpose Universal Launching System ou système de lancement universel polyvalent]. Et les deux industriels avaient même évoqué une « production locale afin d’assurer l’indépendance de l’Europe » au moment d’annoncer leur partenariat.

Le PULS peut tirer, au choix, plusieurs types de munitions : 18 ou 10 roquettes Accular de 122 et 160 mm, quatre roquettes EXTRA d’une portée de 150 km ou encore deux missiles Predator Hawk pouvant atteindre une cible située à 300 km de distance. La version européenne de ce système pourrait avoir d’autres cordes à son arc.

Lors de la conférence « Defence iQ’s Future Artillery », organisée à Munich, la semaine passée, KNDS [et non le seul KMW…] a proposé un système Euro-PULS armé du Naval Strike Missile [NSM] du norvégien Kongsberg et monté sur un châssis Iveco Tracker 8×8.

« Un représentant de KMW a déclaré que le NSM pourrait être utilisé pour des frappes sol-sol », avec sa portée de 250 km, a rapporté le magazine spécialisé britannique Janes.

Cela étant, le Joint Fire Support Missile [JFS-M], développé par MBDA Deutschland, pourrait également être tiré par l’Euro-PULS. Ayant une portée supérieure à 300 km [Janes avance 499 km], qui plus est très discret grâce à une faible signature infrarouge, ce missile de croisière évolue à basse altitude, ce qui le rend difficile à intercepter. En outre, tirés en salve, les JFS-M peuvent être mis en réseau et arriver sur une zone donnée par des directions différentes.

Pour continuer le développement de ce missile, MBDA Deutschland a signé, l’an passé, des protocoles d’accord avec KMW et ESG Elektroniksystem- und Logistik-GmbH [ESG].

Selon la presse allemande, l’Euro-PULS serait dans les petits papiers de la Bundeswehr. Outre l’implication de KMW et celle, possible de MBDA Deutschland, ce système permettrait d’établir des coopérations avec les Pays-Bas et le Danemark, qui l’ont déjà commandé.

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