L’allemand TKMS doit signer un accord en vue de produire six sous-marins en Inde

Alors qu’elle n’a pas condamné l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui reste son principal fournisseur d’armes [et de pétrole, qu’elle revend, une fois raffiné, aux Européens…], l’Inde est au centre de toutes les attentions… notamment occidentales.

Ainsi, le 5 juin, à l’occasion d’une visite officielle à New Delhi de Lloyd Austin, le secrétaire américain à la Défense, l’Inde et les États-Unis sont convenus d’une feuille de route « ambitieuse » afin de renforcer leur coopération industrielle en matière de défense.

Selon le Pentagone, l’objectif est de « changer le paradigme de la coopération des secteurs de la défense américain et indien » tout en permettant à l’Inde « d’accéder à des technologies de pointe et de soutenir les plans de modernisation » de ses forces armées.

Il sera ainsi notamment question de « co-développer » de nouvelles technologies et de « co-produire » des systèmes « existants et nouveaux ». Comme par exemple le réacteur F414 de General Electric, qui équipe le F/A-18 Super Hornet [en compétition avec le Rafale Marine dans un appel d’offres lancé par l’Indian Navy] mais également le HAL Tejas, l’avion de combat développé par Hindustan Aeronautics Limited [HAL].

Cette « feuille de route » prend sa place dans une coopération militaire toujours plus étroite entre l’Inde et les États-Unis, les seconds misant sur la première pour contrer la Chine. Au point de ne pas lui tenir rigueur de ses commandes d’équipements militaires auprès de la Russie, comme celle relative au système de défense aérienne S-400.

Cela étant, d’autres pays occidentaux ne sont pas en reste. Tel est ainsi le cas de l’Allemagne.

Ce 6 juin, le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a affirmé que l’Inde est « un partenaire stratégique important, pour ne pas dire le plus important, non seulement pour l’Europe mais aussi pour l’Allemagne ». Et d’ajouter, alors qu’il venait de s’entretenir avec Rajnath Singh, son homologue indien : « Ce serait bien que nous trouvions un moyen de traiter l’Inde de la même manière que le Japon et l’Australie ».

En attendant, M. Pistorius ne devrait pas repartir les mains vides de New Delhi, où il effectue actuellement une visite de deux jours.

En effet, après avoir construit et mis en service six sous-marins Scorpène de conception française, l’Inde a lancé l’appel d’offres P-75i afin de s’en procurer six de plus… mais avec des performances nettement accrues. Et le tout pour un investissement de l’ordre de 5 milliards de dollars.

Seulement, cette procédure n’a pas suscité un fol enthousiasme parmi les candidats potentiels, en raison notamment des exigences indiennes en matière de responsabilité industrielle et de transferts technologiques.

Et l’allemand ThyssenKrupp Marine Systems [TKMS] fit ainsi savoir qu’il retirerait sa candidature. Était-ce du chiqué? Toujours est-il qu’il est encore en lice dans cet appel d’offres P-75i… Et qu’il devrait même signer un accord de partenariat avec le chantier naval indien Mazagon Dock Shipbuilders Limited.

« Un protocole d’accord sera signé en présence du ministre [allemand] de la Défense Boris Pistorius » durant son séjour en Inde, a ainsi affirmé le quotidien The Hindustan Times, sur la foi de confidences faites par des responsables allemands et indiens. Le Frankfurter Allgemeine Zeitung a avancé la même chose, mais en précisant que la valeur de l’accord pourrait approcher les 7 milliards d’euros.

D’ailleurs, avant de s’envoler vers New Delhi, sur les ondes du radiodiffuseur public ARD, M. Pistorius avait déclaré qu’un accord sur les sous-marins serait « à l’ordre du jour ». Et d’ajouter : « Ce devrait être un contrat important, non seulement pour l’industrie allemande mais aussi pour l’Inde et le partenariat stratégique indo-allemand ».

Pour autant, la partie n’est pas encore gagnée pour TKMS… puisqu’une autre offre concurrente devrait être défendue par Larsen & Toubro, probablement associé au construteur sud-coréen Daewoo Shipbuilding & Marine Engineering.

Par ailleurs, si l’Allemagne est active en Inde, la France l’est tout autant. Ainsi, le Premier ministre indien, Narendra Modi, a été convié à Paris pour assister aux festivités du 14-Juillet prochain. Une occasion pour annoncer une commande de Rafale Marine?

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