LPM 2024-30 : Les députés veulent préserver l’équilibre entre militaires et civils au sein de la DGSE

En 2017, un rapport du Sénat s’était inquiété de l’érosion continue des effectifs militaires de la Direction générale de la sécurité extérieure [DGSE], en raison d’un vivier de recrutement réduit au sein des armées, conséquence des suppressions massives de postes décidées quelques années plus tôt, et d’un recours de plus en plus important à des contractuels civils.

Deux ans plus tard, un nouveau rapport parlementaire constata une accélération de ce phénomène, en notant que les difficultés les plus importantes se situaient au niveau de la « population des sous-officiers » disposant de qualifications particulières difficiles à trouver dans le civil. Et d’estimer que cette tendance, si elle devait se poursuivre, risquait d’affecter « l’efficacité et l’identité » de la DGSE.

Hors Service action [SA], la DGSE comptait 29% de militaires parmi ses agents avant 2008. Si le Livre blanc sur la Défense et la sécurité nationale [LBDSN] publié à cette époque fit de la fonction « connaissance et anticipation » une priorité, la Révision générale des politiques publiques [RGPP] se traduisit par une « fonte » des effectifs des trois armées. D’où l’évolution décrite par ces rapports parlementaires.

Après avoir vu ses effectifs monter jusqu’à 6000 agents au cours de ces dernières années, la DGSE obtiendra de nouveaux postes à la faveur de la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30. Reste à voir dans quelle proportion ils reviendront à des militaires… En tout cas, son patron, Bernard Émié ne cache pas que la perte de « militarité » est un motif de préoccupation.

« Lorsque j’ai pris mes fonctions, les militaires représentaient 25 % des effectifs, ils ne sont plus que 20 % aujourd’hui car les armées ne parviennent pas à mettre à notre disposition des personnels, non par manque de volonté mais par absence de ressources », a en effet expliqué M. Émié lors d’une récente audition à l’Assemblée nationale. « Compte tenu de la hausse des effectifs, même si l’armée a maintenu son effort en valeur absolue, la composante militaire de la DGSE baisse. C’est un sujet de préoccupation car le service fait partie du ministère des armées », a-t-il ajouté.

Visiblement, M. Émié a été entendu. En effet, le 26 mai, lors de l’examen du projet de LPM 2024-30 en séance, les députés ont adopté, à l’unanimité, l’amendement n°298 proposé par Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, afin de préserver la militarité de la DGSE.

« Les services de renseignement sont au cœur des priorités de cette LPM. Ils sont confrontés, comme les armées, directions et services à des difficultés de recrutement et de fidélisation. Pour autant l’armement RH de ces services est essentiel à l’atteinte des objectifs et à la préservation de la militarité », est-il avancé dans l’exposé sommaire de cet amendement.

Aussi, celui-ci précise que « la militarité des services de renseignement relevant du ministère de la Défense [sic] conduit à préserver un équilibre entre personnels militaires et civils, notamment à la Direction générale de la sécurité extérieure ».

Cependant, cet amendement ne précise pas où il faut situer le curseur entre les effectifs militaires et civils. « Nous devons absolument veiller collectivement à ne pas passer sous la barre des 20 % de militaires », avait dit M. Émié aux députés. Sans doute que c’est cette limite qui sera retenue.

Quoi qu’il en soit, dans le rapport annexé du projet de LPM 2024-30, il est écrit que les « capacités humaines de recherche technique, de traitement de sources, d’exploitation du renseignement ou d’action nécessitent une ressource de plus en plus qualifiée, soumise à une concurrence exacerbée avec le secteur privé ». Aussi,y est-il prescrit, une « attention renouvelée sera accordée à son recrutement et à sa fidélisation ».

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