Des Su-24 Fencer ukrainiens ont été modifiés pour tirer les missiles de croisière Storm Shadow fournis par Londres

Le 11 mai, le ministre britannique de la Défense, Ben Wallace, a révélé que le Royaume-Uni avait livré des missiles de croisière Storm Shadow [appelés SCALP en France] à l’Ukraine, afin de lui donner « la meilleure chance de se défendre contre la brutalité continue de la Russie » ainsi que la capacité de « repousser » les forces russes « basées sur le territoire souverain ukrainien ».

Cela étant, M. Wallace ne s’est pas attardé sur les détails… Ainsi, il n’a pas précisé le version de ces Storm Shadow, leur cession étant soumise au Régime de contrôle de la technologie des missiles [RCTM], lequel concerne les engins ayant une une capacité maximale supérieure ou égale à 300 km [de porteée] et une charge de 500 kg.

En outre, le ministre britannique n’a pas dit non plus comment la force aérienne ukrainienne allait les utiliser, sachant que ces missiles ne pouvaient alors pas être mis en oeuvre par ses avions de combat, tous de conception soviétique [pour le moment].

Cependant, sur ce point, M. Wallace a assuré que les Storm Shadow seraient « compatibles » avec les appareils ukrainiens hérités de la période soviétique… avant de féliciter les techniciens ayant « rendu cela possible ».

Étant donné que Kiev venait de recevoir des MiG-29 « Fulcrum » mis aux standards de l’Otan par la Pologne, on pouvait dès lors penser que ces avions avaient été modifiés en conséquence. D’autant plus qu’ils l’avaient déjà été pour tirer des missiles anti-radar AGM-88 HARM fournis par les États-Unis. Une autre hypothèse – sans doute la plus séduisante – reposait sur le bombardier tactique Su-24M/MR Fencer, dont le nombre d’exemplaires encore opérationnels demeure inconnu.

En 2019, l’International Institute for Strategic Studies [IISS] avait estimé que 23 Su-24 étaient en service au sein de la 7e Brigade d’aviation tactique. Depuis, et en plus des difficultés pour assurer leur maintien en condition opérationnelle [MCO], au moins 12 ont été endommagés ou détruits lors de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Quoi qu’il en soit, il s’avère que c’est bel et bien le Su-24 Fencer qui a été choisi pour emporter les Storm Shadow fournis par le Royaume-Uni. Du moins, le ministre ukrainien de la Défense, Oleksii Reznikov, l’a suggéré en diffusant une photographie d’un avion de ce type armé de l’un de ces missiles, à l’occasion d’une visite de son homologue britannique à Kiev, le 24 mai.

« Nous avons eu une discussion axée sur les priorités pour accroître les capacités de défense de l’Ukraine, en particulier la fourniture d’armes à longue portée telles que les [missiles] Storm Shadow », a fait savoir M. Reznikov, via Twitter.

Sur le même réseau social, le collectif « Ukraine Weapons Tracker » a déterminé que l’avion en question était le Su-24MR n°60, lequel fut remis à neuf en 2018. Est-ce celui qui a tiré le Storm Shadow qui, selon Moscou, a visé les forces russes basées à Louhansk, le 15 mai dernier?

Pour rappel, le Su-24MR est, à l’origine, dédié aux missions de reconnaissance, pour lesquelles il est en mesure d’emporter au moins trois types de nacelles spécialisées [Shpil-2M pour la reconnaissance laser, SRS-13 Tangazh pour le renseignement électronique et Efir-1M pour détecter les radars] ainsi que deux missiles air-air R-60M d’autodéfense. Et il n’est pas supposé avoir une capacité de frappe au sol, faute de disposer d’un radar de tir et d’un système de visée.

Étant donné le faible nombre de Su-24 ukrainiens encore en ligne [on peut le supposer, en tout cas], il n’est pas non plus impossible que des Su-27 Flanker aient également été modifiés pour tirer des Storm Shadow.

Par ailleurs, dans un entretien diffusé le 23 mai par RND, le député conservateur allemand [et ex-colonel] Roderich Kiesewetter a appelé Berlin à fournir des missiles de croisière KEPD 350 Taurus [d’une portée de 500 km, ndlr] à Kiev. « Il y a dix ans, environ 600 missiles de croisière de ce type ont été achetés pour la Bundeswehr, mais seulement environ 150 d’entre eux sont encore opérationnels », a-t-il relevé. Aussi, a-t-il ajouté, il « serait plus raisonnable d’utiliser ces missiles guidés en Ukraine que de les stocker en Allemagne ».

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]