Un navire chinois a été surpris en train de piller les épaves des HMS Prince of Wales et HMS Repulse

Le 10 décembre 1941, soit trois jours après la destruction d’une grande partie de la flotte américaine du Pacifique, deux navires britanniques engagés au sein de la Force Z, à savoir le cuirassé HMS Prince of Wales et le croiseur de bataille HMS Repulse, furent coulés par la marine impériale japonaise au large de la Malaisie. Et 840 marins de la Royal Navy y laissèrent la vie.

Normalement, les navires de guerre coulés sont considérés comme des sépultures. En outre, aucun État ne peut revendiquer un quelconque droit de propriété sur les épaves découvertes dans les eaux sur lesquelles s’exerce leur souveraineté, celles-ci appartenant au pavillon de leur pays d’origine [cette disposition est aussi valable pour les aéronefs, ndlr].

Pourtant, en 2016, les Pays-Bas et le Royaume-Uni exprimèrent leurs préoccupations auprès de l’Indonésie après avoir constaté la disparition des épaves des navires HNMLS De Ruyter, HNMLS Java et HMS Electra, coulés en février 1942, lors de la Première bataille de la mer de Java. « Le Gouvernement de Sa Majesté a contacté les autorités indonésiennes pour […] demander l’ouverture d’une enquête », avait réagi le ministère britannique de la Défense [MoD], à l’époque. Son homologue néerlandais en fit de même.

On « ne peut pas rendre le gouvernement indonésien responsable car on ne nous a jamais demandé de protéger ces navires », répondit Jakarta. Seulement, un reportage publié par le quotidien The Guardian révéla que le « recyclage » de l’acier des épaves gisant dans les eaux indonésiennes était devenu une pratique courante au port de Brondong [est de Java].

Entre 2014 et 2016, « chaque jour, environ 50 ouvriers coupaient l’acier des vieux navires en blocs d’un mètre et demi maximum, avant qu’il ne soit vendu 200’000 roupies la tonne et chargé à l’arrière d’un camion. […] Nous avons souvent trouvé les ossements. Nous travaillions ici tout le temps, donc nous n’y prêtions pas attention, qu’il y ait des os ou pas d’os, cela ne faisait aucune différence pour nous », avait témoigné un ancien ferrailleur.

À l’époque, il était estimé qu’au moins 40 navires coulés lors de la Seconde Guerre Mondiale avaient partiellement ou complétement disparu. Depuis, d’autres ont certainement connu le même destin… Comme le HMS Prince of Wales et le HMS Repulse?

En tout cas, ces deux épaves intéressent la Chine… puisque l’un de ses navires de sauvetage, le Chuan Hong 68, qui appartient à Fujian Ya Rui Marine, a été supris alors qu’il se trouvait au large de Kuantan [Malaisie], à l’endroit où reposent les cuirassé et le croiseur de bataille britanniques. Mettant en oeuvre une drague à benne preneuse, ses intentions ne laissent aucun doute : son objectif est de récupérer l’acier des deux épaves, d’autant plus que sa qualité passe pour exceptionnelle.

Pour rappel, Pékin revendique la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale… et ignore par conséquent les revendications des pays riverains, dont le Vietnam, les Philippines ou encore la Malaisie.

Cependant, le Chuan Hong 68 avait déjà fait parler de lui en 2017 pour avoir été arraisonné par la garde-côtière malaisienne, après avoir « pillé » trois épaves de navires de guerre japonais près d’Usukan. Puis il fut autorisé à lever l’ancre… avant de manquer de se faire prendre par la marine indonésienne, alors qu’il s’intéressait aux restes d’un autre bateau, près des îles Anambras.

S’agissant de l’affaire concernant les HMS Prince of Wales et HMS Repulse, le journal malaisien New Straits Times a précisé qu’elle serait traitée par le « département du patrimoine national » et que le haut-commissariat britannique à Kuala Lumpur en a été prévenu.

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