Les États-Unis ne vont pas autoriser la Thaïlande à acquérir des chasseurs-bombardiers F-35A

Le 20 mars dernier, les États-Unis et la Thaïlande [Siam à l’époque, ndlr] ont célébré les 190 ans de leurs relations diplomatiques, nouée à la faveur de la signature d’un traité d’amitié et de commerce. Et, au fil du temps, ces deux pays n’ont cessé d’approfondir leur coopération, notamment dans le domaine militaire, que ce soit au niveau des équipements, de la formation et de l’entraînement [avec les exercices conjoints « Cobra Gold ».

Aussi, en janvier 2022, la Force aérienne royale thaïlandaise fit connaître, via son chef d’état-major, le général Napadej Dhupatemiya, son intention de se procurer entre 8 et 12 chasseurs-bombardiers de 5e génération F-35A auprès du constructeur américain Lockheed-Martin.

Pour rappel, la force aérienne thaïlande dispose de plusieurs flottes d’avions de combat, dont 12 JAS-39 Gripen C/D, 18 F-16 A/B portés au standard MLU, 14 F-5E/F modernisés entre 2014 et 2017 et 18 Alphajet. Évidemment, cette disparité complique le maintien en condition opérationnelle [MCO] de ces appareils et suppose de maintenir plusieurs lignes d’approvisionnement pour les pièces détachées.

Aussi, le général Dhupatemiya aurait pu envisager l’achat de JAS-39 Gripen E/F auprès de la Suède. Mais tel ne fut pas son choix. « Le nouveau Gripen est au prix unitaire de 85 millions de dollars » alors que « celui du F-35 n’est pas hors de portée étant donné qu’il s’élève à un peu plus de 70 millions de dollars », avait-il avancé. Et d’ajouter qu’une « planification budgétaire » allait être mise sur les rails en 2023 pour acquérir de nouveaux avions de combat.

Dans l’absolu, l’idée d’acheter des F-35A n’était pas saugrenue… d’autant plus que, depuis 2003, la Thaïlande a le statut d’allié majeur non membre de l’Otan aux yeux des États-Unis. Statut qui lui permet de faciliter l’acquisition d’équipements militaires auprès de l’industrie américaine.

Seulement, le chef de la force aérienne thaïlandaise a oublié quelques données. D’abord, l’achat de F-35A implique une mise à niveau des infrastructures, ce qui ne peut qu’alourdir la note. Ensuite, Bangkok entretient également de très bonnes relations avec Pékin, au point de lui commander des chars Type 69-II, des blindés de Type 85, des sous-marins S-26T et un navire d’assaut amphibie de Type 071E [celui-ci a d’ailleurs été récemment livré]. Mieux encore : en août 2022, la Thaïlande accueillit l’exercice aérien « Attaque du Faucon », mené conjointement avec l’Armée populaire de libération [APL].

Pour autant, ce n’est pas cette proximité avec la Chine qui a été mise en avant par les États-Unis pour justifier leur refus [encore officieux] de livrer des F-35A à la force aérienne thaïlandaise.

En effet, selon un message transmis aux autorités thaïlandaises par Robert F. Gordec, l’ambassadeur des États-Unis en Thaïlande et évoqué par le Bangkok Post, Washington considère que son allié n’est pas prêt à mettre en oeuvre des F-35, en raison de ses infrastructures, de la sécurité de ses bases aériennes et de questions relatives à la maintenance ainsi qu’à la formation etc. Les mêmes arguments avaient été servis à l’Indonésie, en 2020.

Aussi, et comme cela fut le cas pour Jakarka, les États-Unis proposent de vendre des F-15EX ou des F-16 « Viper » à la force aérienne thaïlandaise… laquelle pourrait alors se tourner vers le constructueur suédois Saab, en vue de se procurer un lot de Gripen E/F. Cependant, précise le Bangkok Post, qui cite une source militaire, la demande pour les F-35A n’est « pas catégoriquement rejetée »… mais elle devra faire l’objet d’une nouvelle instruction dans cinq ou dix ans.

La réponse des États-Unis au sujet des F-35A devrait être officialisée en juillet. Et elle aura pour première conséquence la restitution par le ministère thaïlandais de la Défense d’environ 10 millions d’euros au budget général, cette somme correspondant à une « avance » consentie par le Parlement au titre de ce programme d’acquisition.

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