La Pologne relance son projet d’acquérir de nouveaux sous-marins

En 2017, quand elle prit la tête du ministère des Armées, Florence Parly fit de la vente potentielle à la Pologne de trois sous-marins Scorpène [à propulsion diesel-électrique, ndlr] l’une de ses priorités. Et il s’agissait alors de répondre à l’exigence polonaise de doter ses trois unités de la capacité à emporter des missiles de croisière.

« L’attrait pour les missiles, qui dépendent de la commande de sous-marins parce qu’il n’y aura pas de missiles sans sous-marins, est fort auprès de la marine polonaise » et « nous ne lâcherons pas sur cette affaire de missiles et d’une manière générale je ne lâcherai pas l’affaire tant qu’elle n’aura pas été conclue », avait ainsi déclaré Mme Parly lors d’une audition parlementaire.

Pour rappel, le programme Orka visait alors à remplacer les quatre sous-marins de type Kobben, acquis auprès de la Norvège au début des années 2000. Et cela dans le cadre d’un marché estimé à environ 2,4 milliards d’euros et convoité par Naval Group [DCNS à l’époque], l’allemand TKMS et le suédois Kockums.

Le français Naval Group s’était d’ailleurs mis en ordre de marche pour le remporter, en nouant des accords de coopération industrielle avec le chantier MARS-Nauta et le groupe public de défense Polska Grupa Zbrojeniowa [PGZ]. En outre, il avait assuré qu’il proposerait des Scorpène capables de lancer le Missile de croisière naval [MdCN] et qu’il serait en position de créer 2000 emplois en Pologne.

Depuis, les quatre Kobben ont été retirés du service sans avoir été remplacés, ce qui fait que la marine polonaise ne dispose plus que d’un sous-marin, l’ORP Orzel, de conception… soviétique. En effet, pour Varsovie, la priorité aura été de renforcer significativement les capacités de ses forces terrestres [au point qu’elles deviendront probablement les plus puissantes d’Europe] et aériennes.

À noter que, en 2019, le ministère polonais de la Défense avait songé à acheter deux sous-marins de type « Södermanland » ayant servi sous le pavillon suédois.

Cela étant, et alors que ses dépenses militaires progresseront encore significativement dans les années à venir, la Pologne entend relancer le programme Okra très prochainement. C’est en effet ce qu’a déclaré son ministre de la Défense, Mariusz Błaszczak, ce 24 mai, lors du « Defence24 Day ».

« Cette année, nous prévoyons de lancer une procédure visant à acquérir des sous-marins, avec un transfert des technologies nécessaires que nous souhaitons obtenir par le biais d’un compensations industrielles », a en effet déclaré M. Błaszczak, en précisant qu’il avait « observé le modèle australien d’appel d’offres » pour les sous-marins… Ce qui n’est pas forcément bon signe quand on sait comment il s’est terminé…

Cela étant, le ministre polonais n’a pas souhaité donner plus de détails sur cette procédure à venir. « Le nombre de sous-marins, leurs capacités et leurs équipements seront révélés bientôt », a-t-il dit. Au plus a-t-il concédé que ces bâtiments devront pouvoir assurer des missions de longue durée [ce qui plaide en faveur d’un système AIP], avoir une capacité « élevée » en termes de moyens de combat et faire preuve de flexibilité.

À noter que, selon M. Błaszczak, des industriels européens et non-européens seront invités à soumettre des offres. En clair, Naval Group, ThyssenKrupp Marine Systems et Kockums pourraient bien être mis en concurrence avec les sud-coréens Hanwha Ocean [ex-Daewoo Shipbuilding & Marine Engineering] et Hyundai Heavy Industries, qui produisent le sous-marin de type « Dosan Ahn Changho »… doté de six systèmes de lancement vertical [VLS] pour tirer des missiles balistiques mer-sol « Hyunmoo 4-4 ». Et, étant donné les liens que Varsovie a tissés avec Séoul dans le domaine de l’industrie de l’armement [avions de combat léger F/A-50, chars K-2 Black Panther, obusiers K-9 Thunder, lance-roquettes multiples K239 « Chunmoo »], il n’est pas impossible de voir ces derniers s’imposer…

Photo : sous-marin Scorpène

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