Russie : La région de Belgorod attaquée par des combattants russes pro-ukrainiens

Alors que le sort de la bataille de Bakhmout reste incertain [Moscou revendique la prise de la ville à l’issue de plusieurs mois d’intenses combats, ce que conteste Kiev], plusieurs villages du district russe de Graïvoron, situé dans la région frontalière de Belgorod, a été bombardés durant plusieurs heures, ce 22 mai, par des opposants russes ayant rejoint les rangs de l’armée ukrainienne.

« Depuis 9 heures du matin, le district de Graïvoron est sous le feu des forces armées ukraniennes. Il n’y a pas eu de blessés parmi les civils. Notre système de défense aérienne a fonctionné », a en effet déclaré Vyacheslav Gladkov, le gouverneur de l’oblast de Belgorad, selon l’agence officielle Ria Novosti.

Cette attaque a été ensuite revendiquée par la Légion « Liberté de la Russie », une unité de transfuges russes intégrée aux forces ukrainiennes depuis mars 2022. Et celle-ci d’annoncer que « l’opération de la libération de la Russie avait commencé », via une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux à l’adresse des habitants de Belgorod.

« Le moment est venu de mettre fin à la dictature du Kremlin! Soyez courageux et n’ayez pas peur car nous rentrons à la maison ! La Russie sera libre! », a déclaré l’un des combattants de la Légion « Liberté de la Russie » dans ce document. « Nous sommes comme vous. Nous souhaitons que nos enfants puissent vivre en paix », a-t-il ajouté.

Autre unité paramilitaire russe intégrée à l’armée ukrainienne, le « Corps des volontaires russes » [RDK], créé en août 2022 par Denis Kapustin [alias Denis Nikitin, connu pour ses sympathies néo-nazies], est également engagé dans cette opération lancée dans la région de Belgorod, mais aussi dans une autre, menée dans celle de Bryansk, où il a déjà eu l’occasion de faire parler de lui, en mars dernier.

Sous réserve de l’authenticité des vidéos qu’il a diffusées sur les réseaux sociaux [Telegram et Twitter], le RDK s’est infiltré en territoire russe avec des blindés.

Et la Légion « Liberté de la Russie » en aurait fait autant, avec au moins un char de combat T-72.

Plus tard, les deux unités paramilitaires russes ont indiqué avoir « complètement libéré » les localités de Kozinka, Glotove et Gora-Podil. Ce qui signifie que leurs combattants auraient progressé de 7 km en territoire russe depuis la frontière ukrainienne.

Après une période de flottement, le gouverneur de la région de Belgorod a confirmé qu’un « groupe de sabotage et de reconnaissance de l’armée ukrainienne s’était infiltré en territoire russe, au niveau du district de Graïvoron ». Et d’ajouter : « Les forces armées, aux côtés des gardes-frontières, de la garde nationale [Rosgvardia] et du FSB [renseignement intérieur] prennent toutes les mesures nécessaires pour liquider l’ennemi ».

Quant au Kremlin, son porte-parole, Dmitri Peskov, a expliqué que le président russe, Vladimir Poutine, avait été tenu informé de la situation dans la région de Belgorod par le ministère de la Défense. « Le travail est en cours pour chasser ce groupe de sabotage du territoire russe et pour l’éliminer », a-t-il dit, estimant que cette action n’était qu’une « opération visant à détourner l’attention de Bakhmout ».

Pour la moment, la situation demeure confuse. On ignore le nombre de volontaires russes pro-ukrainiens impliqués, ni leur objectif. En outre, il est peu probable que cette opération ait été lancée sans l’aval de Kiev, notamment au regard des moyens déployés. Aussi, il n’est pas impossible que cette action vise à forcer l’état-major russe à redéployer des troupes dans le secteur de Belgorod… Troupes qui manqueront forcément ailleurs.

Par ailleurs, le général Kirilo Budanov, le chef du renseignement militaire ukrainien [GUR], a diffusé une vidéo pour appeler les soldats russes à se rendre via le projet « Je veux vivre ». Il n’est pas clair si cela a un rapport avec l’attaque de Belgorod ou avec la contre-offensive que prépare Kiev.

Pour rappel, lors de l’incursion du RDK dans l’oblast de Bryansk, le 2 mars, le gouvernement ukrainien avait réfuté toute responsabilité, affirmant que celle-ci aurait pu être une attaque sous faux drapeau pour permettre à Moscou de justifier l’invasion de l’Ukraine ou encore une action d’un groupe anti-gouvernemental interne à la Russie. Plus tard, Denis Nikitin expliqua que l’objectif était de révéler les faiblesses des zones frontalières russes et d’encourager une opposition armée contre les « usurpateurs du Kremlin ».

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