Bombardier Défense lorgne sur le marché des futurs avions de patrouille maritime des forces canadiennes

Lors de la Guerre Froide, l’Aviation royale canadienne [ARC] se fit une solide réputation dans la lutte anti-sous-marine, que ce soit dans l’Atlantique-Nord ou dans le Pacifique, grâce à ses avions de patrouille maritime CP-107 Argus, puis CP-140 Aurora, dérivé du P-3C Orion de Lockheed-Martin.

Même s’ils ont été régulièrement modernisés, notamment pour élargir leurs capacités aux missions de recueil du renseignement, les 14 CP-140 encore opérationnels au sein des forces canadiennes ne tarderont pas à arriver au bout de leur potentiel, dans un contexte marqué par une menace sous-marine de nouveau plus pressante en raison des tensions liées à la Russie et à… la Chine.

D’où le programme « Aéronef multimissions canadien » [AMMC] qui, doté d’une enveloppe de près de cinq milliards de dollars canadiens, vise à acquérir un avion dédié aux missions de commandement et de contrôle, de renseignement, de surveillance, de reconnaissance et de lutte anti-sous-marine.

Écarté – sans ménagement – du marché des futurs avions de combat de l’Aviation royale canadienne [celle-ci ayant confirmé le F-35A de Lockheed-Martin, ndlr], Boeing fait figure de favori pour ce programme, avec son P-8A Poseidon. Le constructeur américain a d’ailleurs renforcé son statut en mars quand selon Radio Canada, Ottawa a demandé au gouvernement américain de lui fournir « plus d’informations » au sujet de cet appareil en vue d’un « achat éventuel d’un maximum de 16 exemplaires ».

Le ministère fédéral canadien de l’Approvisionnement a assuré que les consultations menées en vue du remplacement des CP-140 Aurora ont déterminé que le Posedion était « le seul susceptible de répondre aux exigences du Canada pour un nouvel avion de surveillance ».

Pour autant, la messe n’est sans doute pas encore dite… En effet, la semaine passée, le constructeur Bombardier Défense a annoncé qu’il venait de s’associer avec General Dynamics Mission Systems Canada en vue de proposer au ministère canadien de la Défense un solution de patrouille maritime reposant sur l’avion d’affaires Global 6500, doté de « moteurs de nouvelle génération » d’une « longue autonomie », d’une « grande endurance » et d’une fiabilité éprouvée ».

Cet avion disposera des « systèmes de mission intégrés de General Dynamics », lesquels tirent directement parti de l’investissement du Canada dans les CP140 Block IV et [hélicoptères] CH-148 Cyclone nouvellement modernisés. Cette conception canadienne, éprouvée sur le plan opérationnel, constitue la base de l’intégration itérative et à faible risque de capteurs et de systèmes modernisés permettant au Canada de prendre encore plus d’avance sur ses pairs et ses adversaires », fait valoir Bombardier Defense.

Cependant, étant donné que ce marché tend les bras à Boeing en raison de la procédure suivie par Ottawa, Bombardier Défense et General Dynamics Mission Systems Canada ont également fait savoir qu’ils uniraient leurs forces pour « demande au gouvernement du Canada d’ouvrir un processus d’approvisionnement concurrentiel, équitable et transparent ». Reste à voir s’ils finiront par obtenir gain de cause…

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