Un drone issu du programme nEUROn accompagnera le Rafale porté au standard F5

Au regard du retard pris et des incertitudes qui demeurent à son sujet, le programme SCAF [Système de combat aérien du futur, mené par la France en coopération avec l’Allemagne et l’Espagne, risque de ne pas être opérationnel à l’horizon 2040. D’où la nécessité de développer le standard F5 du Rafale, afin de permettre aux Forces aériennes stratégiques [FAS] et l’Aéronautique navale de mettre en oeuvre le missile à superstatoréacteur hypersonique ASN4G au cours de la prochaine décennie.

Lors d’une récente audition à l’Assemblée nationale, le chef d’état-major de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE], le général Stéphane Mille, a confié que le lancement des travaux de développement du standard F5 avait été approuvé par Sébastien Lecornu, le ministre des Armées. « Ces travaux seront réalisés dans le cadre de la présente Loi de programmation militaire [LPM]. Ils témoigneront de l’évolutivité du Rafale, que nous recherchons depuis plusieurs décennies », a-t-il dit.

Pourtant, le projet de LPM 2024-30, qui sera prochainement discuté en séance publique par les députés, ne parle pas du Rafale F5 mais seulement d’une « évolution du Rafale » et la « préparation de l’avion de combat futur » dans le cadre du SCAF. Or, actuellement, il est prévu de porter le Rafale au standard F4… Ce qui peut prêter à confusion…

Quoi qu’il en soit, le ministère des Armées entend clarifier ce point avec l’amendement n°292. Celui-ci vise en effet à préciser que « le standard F5 du Rafale sera développé pendant cette loi de programmation militaire. Mais il livre aussi une information importante. « Il [ce nouveau standard] comprend notamment le développement d’un drone accompagnateur du Rafale, issu des travaux du démonstrateur nEUROn ».

Le texte n’apporte pas plus de détail… Et sans doute en saura-t-on davantage lors des prochains débats parlementaires. Cependant, il est possible que l’intention du ministère des Armées soit de développer un drone de type « ailier fidèle » [Loyal Wingman].

Pour rappel, fruit d’une coopération européenne associant la France [Dassault Aviation, maître d’oeuvre], la Suisse [avec RUAG], la Suède [avec Saab], l’Italie [Leonardo], l’Espagne [Airbus Defence & Space] et la Grèce [HAI], le nEUROn est un démonstrateur de drone de combat [UCAV] à la furtivité « excellente ». D’une masse de 7 tonnes pour 12,5 mètres d’envergure et 9,2 mètres de large, il a la capacité d’emporter des bombes guidées laser GBU-12. Enfin, grâce à son turboréacteur Rolls-Royce Turbomeca Adour Mk. 951, il peut voler à la vitesse de Mach 0,8 à 14’000 mètres d’altitude.

Comme l’a expliqué Emmanuel Chiva, le Délégué général pour l’armement, aux députés de la commission de la Défense, les capacités du nEUROn dans les domaines de la manoeuvrabilité et de la furtivité sont « intégrées dans notre feuille de route sur le futur de l’aviation de chasse ».

« Nous conduisons également des réflexions sur la dronisation d’avions de combat dans le cadre du SCAF. Celui-ci concerne un avion de nouvelle génération doté d’un cloud de combat et intégrant deux ailiers dronisés. Ceci implique de travailler sur les capacités de robotisation d’un avion sans pilote et d’interaction avec un avion piloté et le pilote lui-même », a ensuite développé M. Chiva, qui n’a pas pu en dire plus, les autres travaux en cours étant « classifiés ».

Quoi qu’il en soit, selon le général Mille, le Rafale F5 sera un avion « très différent », avec la capacité de traiter « d’énormes volumes de données » et une connectivité accrue. En outre, il permettra de disposer à nouveau de capacités dites SEAD [suppression des défenses aériennes adverses].

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