Ses MiG-29 arrivés au bout de leur potentiel, l’aviation de chasse bulgare est dans une passe difficile

Prenez quelques avions de combat Mig-29 « Fulcrum » ayant fait leur temps et qui ont usé le potentiel qui leur restait lors de fréquentes interceptions d’aéronefs russes à proximité de l’espace aérien qu’ils était censés protéger. Ajoutez-y des coupes budgétaires, des tentatives de corruption et des ingérences étrangères [en l’occurrence russe]. Et assaisonnez le tout avec une dose d’indécision et une pincée de désaccords politiques… Et vous obtiendrez la situation dans laquelle est plongée la force aérienne bulgare.

Certes, en décembre 2018, et devant l’urgence de la situation – des pilotes de MiG-29 ayant refusé de voler car jugeant leurs avions trop dangereux – Sofia fit part de son intention d’acquérir huit F-16 « Viper » [le dernier standard du chasseur-bombardier de Lockheed-Martin] pour environ 900 millions d’euros. Ce qui n’alla pas sans susciter quelques tensions au sommet de l’État, le président bulgare, Roumen Radev, ayant contesté cette décision. Puis, après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, il fut très vite question de doubler cette commande.

Seulement, les premiers F-16V tarderont à être livrés à la Force aérienne bulgare. La faute à la pandémie de covid-19, qui a affecté les chaînes d’assemblage de Lockheed-Martin, ainsi qu’aux difficultés d’approvisionnement. Et, au mieux, la commande passée par Sofia ne pourra commencer à être honorée qu’à partir de 2025 [d’autres sources évoquent l’échéance de 2027].

Or, les derniers MiG-29 encore en service n’en peuvent plus… Et la force aérienne bulgare se démène pour trouver des pièces détachées et des moteurs pour continuer à les faire voler. Et, évidemment, il n’est plus possible de se les procurer auprès de la Russie…

En mars, le ministère bulgare de la Défense a lancé une procédure visant à acquérir six réacteurs Klimov RD-33 [soit de quoi équiper seulement trois avions] pour 13,5 millions d’euros. Devant se terminer en avril, elle a été prolongée jusqu’à 25 mai. Dans le même temps, Sofia mise sur Varsovie pour en obtenir. Si la Pologne a pu lui en livrer quelques uns, cette source d’approvisionnement risque de se tarir rapidement… les MiG-29 polonais ayant été en partie donnés à l’Ukraine.

La semaine passée, le quotidien économique Dnevnik a rapporté que le ministre bulgare de la Défense, Dimitar Stoyanov, était confiant sur le fait que les MiG-29 continuerait à voler d’ici la fin de cette année… Et que le général Nikolay Rusev, le commandant de la base aérienne de Graf Ignatievo, avait estimé que ces appareils pourraient rester en service jusqu’à la fin de la décennie, pourvu qu’ils aient des pièces de rechange. Ce qui n’est donc pas gagné. La « probabilité » pour que l’aviation de chasse bulgare cesse d’être opérationnelle d’ici la fin 2023 est « très élevée », a d’ailleurs estimé le journal.

Une solution aurait été d’acquérir une flotte intérimaire d’avions de combat d’occasion. D’ailleurs, Sofia a adressé des demandes à la Suède [pour le Gripen], à la France [Mirage 2000] et à Israël [F-16]. Les offres devaient lui être remises au 15 février dernier. Et aucune annonce n’a été faite depuis. Et Dnevnik a laissé entendre que la procédure pourrait de toute façon ne pas aboutir, car jugée trop coûteuse.

Cela étant, le plus simple aurait été demander à Washington quelques F-16 d’occasion. C’est d’ailleurs ce qu’ont fait les autorités bulgares… Mais elles ont fait chou blanc. « Les États-Unis ne peuvent pas nous fournir de F-16 pour remplacer nos avions et nous recommandent vivement de continuer à exploiter le MiG-29 », a déclaré M. Stoyanov, en citant une lettre de l’US Air Force, a rapporté le média Obektivno.

Quoi qu’il en soit, pour assurer la protection de son espace aérien, la Bulgarie pourrait toujours compter sur l’Otan.

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