La force aérienne roumaine officialise le retrait de ses derniers avions de combat MiG-21 LanceR

L’an passé, après un nouvel accident ayant coûté la vie à l’un de ses pilotes, la force aérienne roumaine [Forțele Aeriene Române – FAR] fit part de sa décision de retirer du service ses derniers avions de combat MiG-21 LanceR de conception soviétique, en raison de leur taux d’attrition « considérablement élevé », près de trente appareils ayant été perdus entre 1990 et 2022.

Cependant, cette mesure fut contestée. Mis aux standards de l’Otan au début des années 2000 [inégration d’un radar Doppler, d’une avionique moderne, d’une suite de guerre électronique et d’un ordinateur de missions], ces MiG-21 pouvaient encore rendre quelques services, alors que le projet d’acquérir 32 chasseurs-bombardiers F-16 d’occasion supplémentaires auprès de la Norvège n’était pas confirmé. D’autant plus que, avec la guerre en Ukraine et les tensions en mer Noire, leur retrait pouvait sembler précipité.

« De mon point de vue, ces avions ne peuvent pas être considérés comme inaptes au vol parce qu’il y a eu de nombreuses victimes. Au cours des 20-25 dernières années, je ne connais aucun cas dans lequel il y a eu une catastrophe causée strictement pour des raisons techniques », fit par ailleurs valoir le général Ștefan Dănilă, ex-chef d’état-major des forces armées roumaines. « Ces avions sont vieux et ne sont peut-être pas en mesure de faire face aux exigences d’une guerre moderne, mais ils ne sont pas la cause des tragédies que l’on a connues ces derniers temps, celles-ci étant la conséquence d’un entraînement médiocre et insuffisant », avait abondé le député Nicu Fălco, ex-pilote de chasse.

Finalement, le ministère roumain de la Défense revint sur sa décision… Et prolongea la carrière opérationnelle des MiG-21 LanceR pour une année de plus. Et cette échéance est arrivée à son terme, ce 15 mai. La force aérienne roumaine va donc clore un chapitre ouvert en 1962, année au cours de laquelle elle reçut son premier MiG-21. Durant la Guerre Froide, elle en compta environ 400.

Désormais, et dans l’attente des ex-F-16 norvégiens, la Forțele Aeriene Române assurera ses missions de police du ciel avec les 17 avions du même type acquis récemment auprès du Portugal. Et elle pourra aussi compter sur l’appui de l’Otan, des F/A-18 Hornet espagnols étant actuellement déployés en Roumanie.

« Les systèmes de défense aérienne basés au sol continueront d’assurer la protection du ciel sous commandement national ainsi qu’au sein du système intégré de défense aérienne et antimissile de l’Otan », a par ailleurs souligné le ministère roumain de la Défense.

Cela étant, les MiG-21 LanceR [il n’en restait alors plus qu’une vingtaine, ndlr] aurait dû être retirés du service il y a une dizaine d’années. Mais les contraintes budgétaires, consécutives à la crise économique de 2008, en décidèrent autrement…

« Il aurait été très difficile de maintenir ces avions opérationnels en raison de problèmes techniques avec l’avionique, les radars embarqués et les missiles qui devaient être révisés. Le processus de remplacement devait commencer en 2008 et s’achever en 2012 », a ainsi résumé le général Dănilă, selon des propos rapportés par le site spécialisé Defense Romania.

Désormais, le principal utilisateur du MiG-21 est l’Indian Air Force, avec une cinquantaine d’exemplaires encore en service [et la flotte connaît également une forte attrition]. Il est prévu de les remplacer par des HAL Tejas à partir de 2025. En Europe, seule la Croatie en dispose encore désormais. Mais plus pour très longtemps, Zagreb ayant commandé 12 Rafale F3 d’occasion auprès de la France.

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