L’armée allemande va retirer du service ses hélicoptères d’attaque Tigre entre 2031 et 2038

En mai 2018, Florence Parly, alors ministre des Armées, s’était félicitée du lancement du programme Tigre Mk3 « en coopération avec l’Allemagne » [alors que l’Espagne était aussi concernée], soulignant une « nouvelle étape pour l’Europe de la défense et la consolidation de notre industrie ».

Pour rappel, il s’agissait de procéder à la modernisation à mi-vie de l’hélicoptère d’attaque Tigre en le portant au standard 3. Conduite sous l’égide de l’Organisation conjointe de coopération en matière d’armement [OCCAr], cette opération consistait à adapter cet hélicoptère au combat collaboratif [en lui donnant la capacité de contrôler des drones], à traiter ses obsolescences et à lui intégrer une nouvelle avionique et d’autres capacités. L’objectif était alors de disposer des premiers appareils avant 2030.

Seulement, depuis l’annonce de Mme Parly, l’Allemagne s’est retirée de ce programme, ce qui n’a cependant pas empêché la France et l’Espagne de le lancer en mars 2022, avec des ambitions réduites. Ainsi, Paris avait prévu une enveloppe de 2,8 milliards d’euros pour moderniser 42 hélicoptères sur les 67 en dotation au sein de l’Aviation légère de l’armée de Terre [ALAT].

Jusqu’au dernier moment, les autorités françaises ont espéré que l’Allemagne reviendrait dans ce programme. Ce qui n’avait que peu de chances d’arriver dans la mesure où il était alors prêté au ministère allemand de la Défense l’intention de se procurer des AH-64E Apache/Guardian américains…

Quoi qu’il en soit, le programme Tigre Mk3 n’a pas été confirmé dans le projet de Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30. Selon le général Pierre Schill, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], il s’agira de « tenir compte des éléments que nous fournira le conflit en Ukraine pour préciser les conditions d’emploi de ces hélicoptères, en fonction notamment de l’évolution de la capacité des drones aériens ». Cependant, l’ALAT aura tous ses 67 Tigre au standard 2 d’ici 2030. Et ils resteront en service au moins jusqu’en 2035.

En revanche, en Allemagne, la fin du Tigre est d’ores et déjà programmée : les 51 exemplaires mis en oeuvre par la Bundeswehr seront progressivement retirés du service à partir de 2031, le dernier appareil devant l’être en 2038. C’est en effet ce qu’a indiqué une porte-parole du ministère allemand de la Défense au quotidien « Süddeutsche Zeitung », le 13 mai.

« La participation au programme Tigre Mk III aurait été très risquée en termes de coûts et de délais », a d’abord souligné cette porte-parole. D’autant plus que ceux encore utilisés par la Bundeswehr ont un très faible taux disponibilité : en avril 2022, seulement neuf appareils étaient opérationnels…

Aussi, faute de modernisation à mi-vie, « selon la planification actuelle, le dernier hélicoptère d’attaque allemand Tigre sera mis hors service en 2038 », a indiqué la porte-parole sollicitée par la Süddeutsche Zeitung. « La Bundeswehr envisage d’acheter des hélicoptères d’attaque légers disponibles sur le marché », a-t-elle ensuite ajouté, sans en dire davantage… si ce n’est que le ministère allemand de la Défense travaille actuellement « sur des solutions tournées vers l’avenir ».

Et l’une de ces solutions passerait par l’achat d’hélicoptères légers H145M supplémentaires auprès d’Airbus Helicopters [le Kommando Spezialkräfte des forces spéciales allemandes en dispose déjà de 15 exemplaires, ndlr]. En mars dernier, il avait été question d’une commande de 82 appareils de ce type pour environ 3 milliards d’euros… et d’en doter deux douzaines d’une capacité antichar.

En 2022, le groupe de réflexion Stiftung Wissenschaft und Politik [SWP] avait examiné les options possibles dans le cas où Berlin renoncerait au Tigre Mk3. Une perspective, avait-il averti, qui « pourrait avoir un impact sur l’ensemble de la coopération franco-allemande en matière d’armement » et se traduire aussi par une « perte de capacités industrielles en matière de production d’hélicoptères de combat en Allemagne ».

Aussi, le SWP avait évoqué la piste d’un achat d’hélicoptères légers H145M ou H160M. Devant être « provisoire », cette solution devait être vue comme un « compromis entre la volonté politique de coopérer avec la France et de renforcer la base industrielle européenne « .

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