L’Allemagne songerait à commander jusqu’à 123 nouveaux chars Leopard 2A8 [MàJ]

Les prochaines semaines seront sans doute décisives pour le programme franco-allemand MGCS [Main Ground Combat System / Système principal de combat terrestre], actuellement bloqué à la phase d’étude d’architecture SADS Part 1, faute d’accord entre les parties concernées.

En effet, lors d’une récente audition au Sénat, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, a indiqué que ce projet sera au centre d’une rencontre avec son homologue allemand, Boris Pistorius, d’ici le 14 juillet. Et, pour le moment, selon lui, les états-majors sont « en train de se parler pour s’accorder sur les attendus » du MGCS, qui vise à développer un « système de systèmes » centré autour d’un nouveau char de combat.

Cela étant, les chances pour que le MGCS soit opérationnel en 2035, comme cela était initialement prévu, sont minces… Et cela alors qu’au regard du contexte sécuritaire, marqué par la guerre en Ukraine, plusieurs pays européens envisagent de renforcer et de moderniser leurs flottes de chars de combat.

Aussi, bien que partie prenante au MGCS, Rheinmetall a dévoilé le char KF-51 « Panther » lors du salon de l’armement aéroterrestre EuroSatory 2022. Et KNDS, la co-entreprise franco-allemande formée par Nexter et Krauss-Maffei Wegmann, n’est pas en reste, avec l’E-MBT. D’ailleurs, le Pdg de l’industriel français, Nicolas Chamussy, soutient que ce dernier pourrait constituer une « solution intermédiaire » pour succéder au char Leclerc. Selon lui, cette idée s’imposerait « petit à petit, du fait du contexte ukrainien et de l’arrivée de chars avec de nouvelles capacités ».

Sauf que le général Pierre Schill, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT] a exclu de recourir à une solution intermédiaire lors de sa dernière audition à l’Assemblée nationale. « Mon objectif de court terme est donc de prolonger les Leclerc jusqu’en 2040 ou 2045 » car « j’estime qu’il est possible de le faire en les modernisant, notamment en numérisant la tourelle, en modifiant le viseur et en pérennisant le moteur », a-t-il dit.

Mais tel n’est visiblement pas le calcul que l’on fait en Allemagne… Le mois dernier, Europäische Sicherheit & Technik [ESUT] a révélé que Berlin envisageait de commander un lot de dix-huit nouveaux chars Leopard 2A8 pour remplacer les Leopard 2A6 livrés à l’armée ukrainienne.

« Pour la première fois depuis 1992, […] la Bundeswehr recevra des chars de combat entièrement nouveaux à partir du milieu des années 2020 », a ensuite souligné la publication allemande, avant de préciser qu’une commande de Leopard 2A8 beaucoup plus conséquente était dans « les tuyaux ».

La version allemande de Business Insider a apporté de nouveaux éléments, ce 12 mai. Ainsi, outre les 18 Leopard 2A sur le point d’être commandés à Krauss-Maffei Wegmann pour 525,6 millions d’euros [un montant qui tient compte de l’approvisionnement en pièces détachées et du maintien en condition opérationnelle durant cinq ans], Berlin aurait l’intention de poser une option pour un total de 123 chars du même standard, via un accord-cadre d’une valeur de 3 milliards d’euros.

Cependant, précise Business Insider Deutschland, tous ces Leopard 2A8 ne seraient pas forcément destinés à la Bundeswehr… dans la mesure où certains d’entre-eux pourraient être livrés à des pays partenaires, comme les Pays-Bas. En tout cas, une demande a été adressée à cette fin au Bundestag, lequel doit donner son feu vert à tout projet d’armement nécessitant un investissement supérieur à 25 millions d’euros.

Photo : Leopard 2A7+ © KMW

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