La Suède exclut de livrer des avions de combat JAS-39 Gripen à l’Ukraine

Comme l’a souligné une étude du Royal United Services Institute [RUSI], un groupe de réflexion britannique, l’avion de combat JAS-39 Gripen, du constructeur suédois Saab, serait probablement le mieux adapté pour répondre aux besoins opérationnels de la force aérienne ukrainienne. Et effectivement, cet appareil présente plusieurs avantages.

Ainsi, le Gripen C/D a été développé avec l’idée de limiter sa dépendance aux infrastructures aéronautiques [toujours vulnérables aux frappes adverses] a maintenance a donc été simplifiée et n’exige qu’une formation technique minimale… Au point que des conscrits peuvent l’assurer, sous la direction, toutefois, d’un technicien expérimenté. Et le tout avec des coûts d’exploitation relativement peu élevés [surtout si on les compare avec les avions de combat américains].

En outre, le Gripen a plusieurs points forts, dont sa suite de guerre électronique, régulièrement mise à jour pour contrer spécifiquement les avions et les défenses aériennes russes, son radar PS-05/A et sa capacité à emporter des missiles air-air longue portée Meteor ainsi que toute une gamme de munitions air-sol.

« Le couple ‘Gripen/Meteor’ [missile air-air longue portée, ndlr] pourrait être le défenseur aérien suprême, surtout si vous avez un système de défense aérienne bien intégré et des bases dispersées. En n’étant jamais loin de la frontière ou d’une base, le volume de carburant et même la charge en armes importent peu, car vous retournerez dans votre grotte et vous réarmez et faites le plein », avait ainsi récemment résumé l’expert britannique Jim Smith auprès du magazine magazine spécialisé Hushkit.

Si elle insiste pour obtenir des F-16 de conception américaine, la force aérienne ukrainienne a également demandé des Gripen à la Suède. Du moins, son ministre de la Défense, Pål Jonson, l’avait affirmé en février, assurant que cette requête serait examinée avec soin. Pour autant, il n’avait pas semblé très allant dans cette affaire. « Ces avions sont très importants pour le maintien de notre intégrité territoriale et de notre souveraineté », avait-il prévenu.

Et, trois mois plus tard, la décision suédoise a été arrêtée. « La Suède n’est actuellement pas en mesure de fournir à l’Ukraine des avions de combat Gripen car elle n’en a pas assez », a en effet déclaré M. Jonson, lors d’un entretien accordé à la chaîne publique SVT, le 9 mai. En outre, a-t-il continué, le soutien militaire de Stockholm à l’armée ukrainienne sera concentrera désormais « principalement sur la formation et la maintenance des équipements déjà livrés », comme les cinquante blindés CV-90.

La force aérienne suèdoise [Svenska Flygvapnet] dispose actuellement de « seulement » 96 Gripen C/D, lesquels seront par ailleurs modernisés entre 2023 et 2029. Ce qui suppose qu’une partie de la flotte devra être immobilisée afin de mener à bien cette opération.

D’ailleurs, selon le dernier rapport annuel des forces armées suédoises, l’aviation de combat a été affectée par des problèmes d’approvisionnement en pièces détachées… Ce qui a affecté son activité, celle-ci étant passée de 11’727 à 10’364 heures de vol entre 2021 et 2022. Qui plus est, la Svenska Flygvapnet manque également de pilotes…

Quoi qu’il en soit, si la Suède n’est pas en mesure de lui livrer des Gripen, l’Ukraine aura du mal à en obtenir auprès d’autres partenaires… En Europe, deux pays en sont dotés : la Hongrie et la République tchèque. Si un refus de la première est plus que probable, la seconde pourrait peut être accepter de se séparer de ses avions… qu’elle loue à Saab. Mais dans ce cas, il lui faudrait trouver une alternative pour sécuriser son espace aérien…

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