L’armée de Terre envisage la création d’unités « territoriales » de réservistes opérationnels

Comme annoncé l’an passé par le président Macron, le projet de programmation militaire [LPM] 2024-30 prévoit de doubler le nombre de réservistes au sein des armées, avec l’idée de les considérer comme des militaires à part entière.

« La mise en œuvre des pivots stratégiques et la déclinaison des nouvelles priorités conduisent à atteindre la cible en effectifs du ministère en 2030 à 290’000 militaires [dont 210’000 militaires d’active et 80 000 réservistes opérationnels] et 65’000 civils. A l’horizon 2035, le renforcement du modèle RH des armées se poursuivra pour atteindre le ratio d’un réserviste opérationnel pour deux militaires d’active », est-il en effet avancé dans le texte.

« Je considère que les forces de réserve sont dans le format [des armées] et je pense que notre victoire sera d’ailleurs le jour où l’on dira : « il y a 300’000 militaires dans ce pays, dont 100’000 réservistes' », a ainsi affirmé Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, lors de son dernier passage devant la commission sénatoriales des Affaires étrangères et de la Défense, le 3 mai.

Évidemment, cette ambition au sujet des réserves va poser plusieurs défis, à commencer par celui du recrutement. Ensuite, il faudra former et, surtout, équiper les nouveaux réservistes… Enfin, les soutiens devront également évoluer étant donné que le Service de santé des Armées [SSA], pour ne citer que lui, aura une charge de travail supplémentaire, ne serait-ce que pour faire passer les visites d’aptitude médicale.

Pour rappel, la réserve opérationnelle est organisée selon deux niveaux : le RO1, qui réunit les volonaires ayant signé un engagement à servir dans la réserve, et le RO2, qui concerne les anciens militaires soumis à une obligation de disponibilité de cinq ans après avoir quitté l’uniforme. Seul le premier niveau sera renforcé dans le cadre de la LPM 2024-30.

Ainsi, l’armée de Terre verra le nombre de ses réservistes « RO1 » passer de 24’000 à 50’000… alors que, dans le même temps, elle ne recrutera « que » 700 engagés de plus [sur les 6000 postes devant être ouverts sur la période 2024-30]. Et, pour son chef d’état-major [CEMAT], le général Pierre Schill, cela suppose de « changer de paradigme ».

Pour le CEMAT, qui s’en est expliqué lors d’une récente audition à l’Assemblée nationale [le compte-rendu vient d’être publié, ndlr], il sera ainsi question de différencier les réservistes opérationnels selon deux catégories.

« La première viendra en appui de la force opérationnelle terrestre [FOT]. Elle sera composée de compléments individuels ou de véritables unités adossées à des régiments », a avancé le général Schill. « Son objectif sera de faire le même métier que les unités de la FOT et, ce faisant, d’aider celle-ci à mieux remplir ses missions – franchissement, logistique –, ou d’apporter un complément, par exemple en assurant la protection des postes de commandement [PC], a-t-il expliqué.

Quant à la seconde, a-t-il poursuivi, elle sera « conçue d’emblée comme territorialisée et assurera des missions de protection, d’appui aux populations, de soutien aux forces de sécurité intérieure, dans un périmètre local ou régional qui reste à définir ». Son contour n’a pas encore été arrêté. « Elle pourrait être composée d’une partie des régiments existants, ou bien d’unités nouvellement créées, qui seraient implantées de préférence dans des ‘déserts militaires’ où se trouvent des jeunes susceptibles de s’engager sous les drapeaux pour trois à six mois », a dit le général Schill.

En effet, il est aussi question pour l’armée de Terre de proposer un projet de « volontaires du territoire national », qui permette à des jeunes de servir sous les drapeaux pendant trois ou six mois. Et cela afin de pouvoir déployer au cours de la LPM « deux bataillons et quatre compagnies outre-mer », a précisé le CEMAT.

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