La force aérienne ukrainienne prétend avoir abattu un missile hypersonique russe Kinjal

Dévoilé en mars 2018 par le président russe, Vladimir Poutine, parmi plusieurs nouvelles armes décrites comme « invincibles », le Kh-47M2 Kinjal [code Otan : AS-24 « Killjoy »] est un missile aérobalistique pouvant être doté d’une ogive fragmentation de 500 kg ou d’une tête nucléaire. Ayant une portée [annoncée] de 2000 km, il serait en mesure de voler à une vitesse approchant Mach 10 après avoir tiré par un avion de combat MiG-31K « Foxhound ». En clair, son hypervélocité fait que, théoriquement, il ne laisse quasiment aucun temps de réaction aux défenses aériennes.

Ces dernières années, ce Kh-47M2 Kinjal a fait l’objet de beaucoup de publicité… Sans doute à des fins d’intimidation et de « signalement stratégique » vers l’Otan, comme l’a souligné le colonel David Pappalardo, dans un numéro de la revue Vortex, publiée par l’armée de l’Air & de l’Espace. En tout cas, utilisé pour la première fois au combat en Ukraine en mars 2022, ce missile n’a pas donné un avantage opérationnel significatif aux forces russes.

« La mise en service de missiles hypersoniques a bien eu lieu. Si leur emploi a été très médiatisé, leur efficacité opérationnelle n’est pas encore à maturité », a d’ailleurs récemment constaté le général Thierry Burkhard, le chef d’état-major des armées [CEMA]. Cependant, a-t-il aussi prévenu, « nous ne pouvons ignorer l’apparition de cette menace » car « un jour, la pleine capacité opérationnelle sera atteinte ».

N’ayant pas, pour le moment, apporté de plus-value opérationnelle aux forces russes engagées en Ukraine, le Kh-47M2 Kinjal est-il vraiment invincible? La question se pose, après que le site spécialisé ukrainien Defense Express a publié des photographies – non authentifiées – montrant ce qui semble être les restes d’un tel missile, celui-ci ayant été abattu dans les environs de Kiev le 4 mai, a priori par une batterie Patriot.

Seulement, la force aérienne ukrainienne a d’abors refusé de faire le moindre commentaire… Puis, via son porte-parole, le colonel Yuri Ignat, elle a démenti avoir abattu un Kh-47M2 Kinjal le 4 mai [soit après la mystérieuse attaque de drones ayant visé le Kremlin, ndlr].

Puis, à peine vingt-quatre heures plus tard, la force aérienne ukrainienne a fini par revendiquer l’interception d’un engin hypersonique russe.

« Oui, nous avons abattu le missile Kinjal, qui n’a pas d’équivalent. Je félicite le peuple ukrainien pour cet événement historique », s’est en effet réjoui le général Mykola Oleshchuk, son chef d’état-major, ce 6 mai. Et de préciser qu’une batterie de défense aérienne Patriot avait été sollicitée et que le missile en question avait été tiré par un MiG-31K depuis l’espace aérien russe.

Pourquoi l’état-major ukrainien a démenti avoir abattu un Kh-47M2 Kinjal pour ensuite affirmer le contraire et s’en féliciter? Était-ce pour ne pas révéler d’informations sensibles aux forces russes? Peut-être… encore que celles-ci devaient bien être au courant de l’échec de leur missile… sous réserve qu’elles aient bel et bien lancé un Kinjal, comme le laisse supposer la forme de la coiffe de l’épave photographiée par Defense Express.

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