Safran propose une version sol-sol de l’A2SM pour la capacité de frappe à longue portée de l’armée de Terre

Lors de son audition à l’Assemblée nationale dans le cadre de l’examen du projet de Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30, le Délégué général pour l’armement [DGA], Emmanuel Chiva, a dit ne pas exclure une solution « souveraine » pour le remplacement des Lance-roquettes unitaires [LRU] de l’armée de Terre, un investissement de 600 millions d’euros étant prévu pour moderniser et renforcer les capacités de frappe à longue portée de cette dernière.

Et, citant « MBDA, Ariane et Safran », M. Chiva a indiqué que la Direction générale de l’armement [DGA] avait déjà engagé des « discussions pour une solution nouvelle », qui présenterait « l’avantage de préserver notre souveraineté » tout en renforçant « notre base industrielle, qu’elle soit française ou européenne ».

Évidemment, compte-tenu de ses savoir-faire, MBDA semble le mieux placé pour proposer une solution de frappe à longue portée. D’ailleurs, auditionné le lendemain [le 3 mai, ndlr] par les députés de la commission de la Défense, son Pdg, Éric Béranger, s’est félicité des investissements envisagés par le projet de LPM 2024-30 dans ce domaine. Toutefois, il s’est gardé d’esquisser une solution que son groupe serait susceptible de proposer à la DGA, se contentant seulement d’évoquer le Futur missile antinavire/Futur missile de croisière [FMAN/FMC], lequel fait l’objet d’une coopération entre la France et le Royaume-Uni.

En revanche, lors d’une audition réalisée le même jour, le Pdg de Safran Electronics & Defense, Franck Saudo, a été beaucoup plus loquace au sujet de la solution défendue par son groupe.

« Le besoin de frappe dans la profondeur est désormais avéré. La proposition de Safran est à la fois pragmatique et simple : elle est de s’appuyer sur un système démontré, existant, aux performances avérées et qui est un succès à l’exportation : l’A2SM [Armement Air-Sol Modulaire] », a en effet affirmé M. Saudo.

Selon lui, le dialogue qui a été engagé avec la DGA est « intense » et « extrêmement constructif », ce qui laisse entendre que l’adaptation de l’A2SM « des frappes sol-sol de longue portée » suscite un certain intérêt.

En tout cas, pour le Pdg de Safran, cette solution est un « cas d’école de l’application dde l’économie de guerre », avec une « modalité de développement à la fois agile et rapide, une solution pragmatique et également compétitive puisque, plutôt que de développer un nouveau système, on concilierait l’adaptation d’un système existant tout en étant dans l’autonomie stratégique »

Toujours d’après M. Saudo, il y aurait « beaucoup d’écoute et d’envie autour de cette solution pragmatique » qui « reste à concrétiser » avec les partenaires de Safran, dont Thales.

Pour rappel, l’A2SM [ou ASSM Hammer] est une munition qui été mise en service il y a environ 15 ans au sein de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] et de l’Aéronautique navale. D’une portée de 15 à 70 km [cela varie en fonction de l’altitude à laquelle elle est tirée], elle affiche un taux de réussite de 99%. En outre, elle est très précise grâce à ses kits de guidage [intertiel/GPS, Inertiel/GPS/Infrarouge et Inertiel/GPS/Laser].

Le projet de LPM prévoit l’acquisition d’au moins 13 nouveaux systèmes avant 2030 afin de remplacer les LRU. Et 13 autres entreront en dotation d’ici 2035.

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