Pour la première fois, un drone MQ-9 Reaper a été mis en oeuvre depuis une autoroute

Inspiré par les opérations menées dans le Pacifique durant la Seconde Guerre Mondiale, le concept ACE [Agile Combat Employment] doit permettre à l’US Air Force de déployer une puissance aérienne résiliente dans un environnement contesté. À cette fin, il met l’accent sur la flexibilité et la capacité à concentrer des forces pour disposer d’une supériorité aérienne à un moment donné, tout en créant un effet de surprise. D’où certaines expérimentations menées au cours de ces derniers mois, notamment au niveau du transport [réduction des équipages de C-130J Hercules] et du ravitaillement en vol [missions de très longue durée pour les KC-46A Pegasus].

La dernière en date a eu lieu entre le 30 avril et le 2 mai, dans le cadre de l’exercice « Agile Chariot », planifié par l’Air Force Special Operations Command [AFSOC]. Celui-ci a mobilisé deux avions d’attaque A-10 Warthog, un MC-130J Commando II, deux hélicoptères MH-6 Little Bird et… un drone MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] MQ-9 Reaper.

L’objectif de cet exercice était de réunir et de ravitailler ces aéronefs sans utiliser de plateforme aéronautique. En clair, ces appareils ont été mis oeuvre depuis des autoroutes, en l’occurrence les n°287 et 789. Évidemment, des tronçons avaient été préalablement identifiés pour permettre une telle opération [ligne droite, pas d’obstacle, etc].

Ainsi, l’une des phases d’Agile Chariot a consisté à faire atterrir le MC-130J Commando II et les deux MH-6 Little Birds sur une l’autoroute 789, dans le Wyoming, pour une mission d’exfiltration de personnel. Pour cela, la zone d’atterrissage avait été sécurisée par les commandos du 123rd Special Tactics Squadron. Comme d’ailleurs pour la partie de l’exercice – sans doute la plus compliquée – ayant eu lieu sur l’autoroute 287.

D’abord, le MC-130J s’y est posé pour y débarquer du carburant et des munitions afin de constituer un point de ravitaillement avancé [FARP] pour les deux A-10 Warthog. Pour l’US Air Force, cette manoeuvre vise à permettre à un escadron de continuer ses missions en-dehors de sa base avec une empreinte logistique réduite.

« Un adversaire qui peut nous empêcher d’utiliser une base militaire ou un aérodrome ne sera pas en mesure de surveiller et défendre tous les kilomètres de routes », a fait valoir le lieutenant-colonel Dave Meyer, le co-directeur de l’exercice.

Si le recours à des autoroutes pour mener des opérations aériennes n’a rien d’inédit [la pratique est courante en Suède, en Finlande et même désormais en Ukraine], y faire atterrir et décoller un Reaper, avec ses vingt mètres d’envergure, est en revanche une première. Évidemment, sans pilote à bord, un tel exercice peut s’avérer compliqué…. Sauf que, depuis 2021, ce drone dispose d’un système ATLC [Automatic Takeoff and Landing Capability], lui permettant de décoller et d’atterrir automatiquement.

Le Reaper a été contrôlé par 2e escadron d’opérations spéciales [SOS] jusqu’à son atterrissage sur l’autoroute n°287. Puis le 65e escadron d’opérations spéciales a pris le relai après son décollage. Ces deux unités sont basées en Floirde.

« L’un des plus grands atouts du Reaper est sa polyvalence car il a la capacité de soutenir les missions de renseignement, de surveillance et de reconnaissance et d’appui aérien rapproché », a rappelé le lieutenant-colonel Brian Flanigan, le chef des opérations du 2e SOS.

« L’atterrissage du MQ-9 Reaper sur une autoroute a ouvert la porte à de futures capacités », a-t-il fait valoir. Cette manoeuvre réussie a montré sa capacité « à pouvoir se dérouter vers des sites sans personnel de lancement et de récupération », ce qui est susceptible de « changer la façon dont il sera utilisé sur les théâtres [d’opérations] du monde entier », a-t-il conclu.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]