L’avion d’attaque A-10 Warthog pourrait devenir un chasseur de drones

Conçu autour du canon Gatling de 30 mm GAU-8 Avenger, pouvant tirer jusqu’à 3.900 projectiles à la minute et affichant une très grande maniabilité à basse vitesse et à basse altitude, l’avion d’attaque A-10 Thunderbolt II [ou Warthog] est un pur produit de la Guerre Froide, sa mission étant d’anéantir les colonnes de blindés. Et il démontra l’étendue de ses capacités lors de l’opération Tempête du Désert [1991], menée pour libérer le Koweït de l’emprise irakienne.

Par la suite, le Warthog fut surtout utilisé pour fournir un appui aérien rapproché aux forces terrestres lors des interventions en Afghanistan et en Irak. Seulement, cela fait maintenant plusieurs années que l’US Air Force dit vouloir les retirer du service, afin de trouver des marges de manoeuvres budgétaires pour financer d’autres programmes, dont celui du F-35. Mais le Congrès s’y est toujours opposé jusqu’à maintenant.

Cela étant, et alors que la guerre a fait son retour en Europe avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie [ce qui par ailleurs conduit le Pentagone a en déployer de nouveau en Europe pendant un temps], l’A-10 Warthog devrait en principe prendre sa retraite d’ici 2030. Et selon la demande budgétaire qu’elle a adressée au Congrè pour le prochain exercice fiscal, l’US Air Force entend en retirer 42 exemplaires de sa flotte.

Le Warthog « a plus de quarante ans. C’était un super avion à l’époque. Et il nous a bien servi. Je l’ai longtemps défendu mais il n’effraie pas la Chine », a fait valoir Frank Kendall, le secrétaire à l’Air Force, durant une audition parlementaire, cette semaine. « Il a encore une utilité limitée mais nous devons nous concentrer sur des choses qui seront plus efficaces par rapport à la menace », a-t-il ajouté.

Le A-10 Warthog n’est peut-être plus adapté aux menaces actuelles, marquées par un renforcement des capacités de déni et d’interdiction d’accès [A2/AD]… Mais il l’est visiblement encore pour certains théâtres d’opérations.

En effet, l’US CENTCOM, le commandement américain pour le Moyen-Orient et l’Asie centrale, peut désormais compter sur un escadron de Warthog depuis peu.

Ces avions nous permettent de « rassurer nos partenaires » et de nous donner « une capacité pour contrer certaines menaces auxquelles nous sommes confrontés », notamment « celles qui viennent de l’Iran », a ainsi expliqué le général Alexus Grynkewich, qui commande l’AFCENT, c’est à dire les forces aériennes du CENTCOM. « Ce que nous avons maintenant nous permet de maintenir une posture raisonnable, durable et suffisante », a-t-il ajouté, dans un entretien accordé à Defense One.

En outre, a fait valoir le général Grynkewich, le Warthog peut encore être utilisé pour empêcher l’État islamique [EI ou Daesh] de se reconstituer au Levant ou encore pour conter les menaces maritimes iraniennes dans le détroit d’Ormuz.

Sauf que, et malgré leur retrait annoncé, les A-10 Warthog mis à la disposition de l’US CENTCOM ont été améliorés, l’idée étant d’en faire des « camions à bombes ». En effet, grâce à une mise à jour logicielle, ces appareils sont désormais en mesure d’emporter jusqu’à 16 bombes GBU-39B. Soit deux fois plus qu’auparavant. Cette configuration a récemment été testée par le 422nd Test and Evaluation Squadron de Nellis Air Force Base [Nevada].

Visiblement, il est question d’aller encore plus loin, le général Grynkewich ayant évoqué la possibilité de porter la capacité d’emport de l’A-10 jusqu’à 24 GBU-39B.

Par ailleurs, selon le chef de l’AFCENT, le Warthog pourrait aussi être utilisé pour abattre des drones hostiles, bien qu’il ne dispose pas de radar pour cela.

On peut envisager « d’utiliser un réseau de radars américains et alliés pour guider les avions d’attaque vers leurs cibles. Grâce à sa nacelle de ciblage infrarouge, le Warthog serait en mesure d’engager un drone avec des missiles ou des roquettes à guidage laser », a déclaré le général Grynkewich. « Nous sommes dans la phase d’expérimentation mais, conceptuellement, nous pensons qu’il y a là beaucoup de promesses », a-t-il estimé. « L’A-10 va voler à une vitesse plus lente, ce qui est un avantage quand vous affrontez un drone. Nous pensons que cette capacité supplémentaire pourrait nous fournir quelque chose de vraiment excitant », a-t-il conclu.

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