La phase 1B du Système de combat aérien du futur a été officiellement lancée à Madrid

En décembre, et après des mois de discussions et de polémiques, la France, l’Allemagne et l’Espagne entérina l’accord trouvé entre les industriels au sujet de la phase 1B du programme SCAF [Système de combat aérien du futur]. En effet, la Direction générale de l’armement [DGA] notifia, au nom des trois pays concernés, les contrats relatifs à cette nouvelle étape à Dassault Aviation, Airbus Defense and Space GmbH et Airbus Defense and Space SAU, Indra et Eumet [co-entreprise entre Safran Aircraft Engines et MTU Aero Engines].

Pour autant, les travaux n’étaient pas pour autant officiellement lancés par les trois ministres concernés, à savoir Sébastien Lecornu pour la France, Boris Pistorius pour l’Allemagne et Margarita Robles pour l’Espagne… Et ils viennent de l’être, lors d’une réunion organisée ce 28 avril… à Madrid. Un choix surprenant étant donné que la France assure la maîtrise d’ouvrage de ce projet.

« Le démarrage effectif des travaux de la phase 1B constitue une avancée majeure. Il démontre la volonté commune de l’Espagne, de la France, de l’Allemagne et de leurs industries, de conduire le programme ensemble, pour garantir la supériorité aérienne et l’interopérabilité de nos forces armées », a commenté le ministère des Armées, via un communiqué. Et d’ajouter : « Ce projet doit nous permettre de renforcer le développement de l’industrie européenne, afin que nos trois pays restent dans le cercle restreint des concepteurs de systèmes aériens innovants ».

Pour rappel, la première tranche de cette phase, d’une durée d’environ 36 mois, nécessite un investissement de plus de 3 milliards d’euros, pris en charge à parts égales par les trois pays concernés. Selon le ministère des Armées, le montant total du contrat s’élève à près de 8 milliards d’euros « avec la phase 2 optionnelle ».

« Le démarrage effectif du SCAF […] est une étape importante pour la préparation du système de combat aérien du futur. Il démontre l’excellence de notre industrie et permettra de faire émerger des innovations et ruptures technologiques dans certains domaines techniques clés comme la propulsion, la furtivité, la manœuvrabilité, l’optronique, la connectivité, et l’intelligence artificielle au profit du combat aérien, au service de notre autonomie stratégique européenne », a commenté M. Lecornu.

Et celui-ci d’ajouter : « Cette coopération est d’abord, et avant tout, l’expression d’un besoin militaire commun. Nos trois armées pourront s’appuyer sur l’intéropérabilité. Je salue le rôle de mes homologues cette aventure commune. Nous savons compter sur une industrie de défense allemande et espagnole de grande qualité ».

Cela étant, lors d’une audition devant la commission des Affaires étrangères, à l’Assemblée nationale, pour présenter le projet de Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30, M. Lecornu a laissé entendre que la route sera longue – et probablement encore semée d’embûche – avant que le SCAF soit opérationnel.

« Le SCAF repose sur plusieurs piliers […] et se décompose en plusieurs phases. Nous sommes actuellement dans la phase 1B, qui consiste à réaliser un démonstrateur, pour un coût global d’un peu moins de 3 milliards d’euros. Selon certains experts, sa réalisation dans un cadre national aurait coûté un peu moins cher au total. Mais comme le programme comprend trois partenaires […] cette phase coûte environ 1 milliard à la France. On peut évaluer l’économie à au moins 1 milliard », a d’abord expliqué le ministre, qui n’a d’ailleurs pas écarté l’ouverture de ce programme « à d’autres partenaires, pourvu que cela présente un intérêt industriel et militaire ».

Ensuite, il faudra encore se mettre accord avec l’Allemagne et l’Espagne sur les caractéristiques de l’avion de combat de nouvelle génération, celles-ci n’étant pas gravées dans le marbre pour le moment. Ce qui risque de donner lieu à d’autres tensions…

« Il s’agit de savoir ce que l’on attend de l’avion de combat, y compris au sein de nos armées, où les approches peuvent encore diverger. Après la phase de démonstration technologique, il va falloir faire des choix avant de se lancer dans le développement et la production : des discussions interviendront avec notre partenaire allemand. Ces choix concerneront notamment le poids de l’avion, qui conditionne ses performances », a en effet expliqué M. Lecornu.

« Nos amis allemands sont davantage attachés à la défense aérienne, alors que la France est plus attentive au rayon d’action nécessaire pour mener un raid nucléaire. La question de la dissuasion revient toujours et fait partie de la grille de lecture des choix militaires et industriels effectués sous l’autorité du président de la République. Nos partenaires allemands le savent car nous sommes clairs avec eux », a-t-il poursuivi.

Aussi, a conclu le ministre, « si l’on est de bonne foi, il est trop tôt pour être contre le SCAF, car nous connaîtrons la vérité des prix dans deux ans ».

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