L’armée de l’Air et de l’Espace envisage de déployer ses futurs drones MALE dans les collectivités et territoires d’outre-Mer

Selon le projet mis en annexe du projet de Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30, l’armée de l’Air & de l’Espace devrait disposer de quinze drones MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance], dont douze MQ-9 Reaper et trois « EuroMALE » [encore appelés « EuroDrone » ou MALE RPAS] en 2030. Puis, à l’horizon 2035, elle comptera « au moins » six systèmes « EuroMALE », soit dix-huit appareils.

Doté de capteurs à la pointe de la technologie, susceptible d’être armé et censé afficher des performances supérieures à celle des actuels Reaper [avec une autonomie annoncée de plus de quarante heures], l’EuroMALE ne sera pas forcément adapté pour un engagement dit de « haute intensité ».

Avec sa masse de dix tonnes et sa taille imposante [26 mètres d’envergure pour une longueur de 16 mètres et une hauteur de 6 mètres], un tel appareil sera forcément vulnérable… d’autant plus qu’il n’est pas question qu’il soit furtif. En clair, il ne sera pas apte à intervenir dans des environnements contestés. Et cela vaut d’ailleurs aussi pour les Reaper et leurs successeurs, à savoir les SeaGuardian et SkyGuardian.

D’ailleurs, l’US Air Force a fait part de son intention de réduire de plus d’un tiers sa flotte de drones MALE… tandis que la garde-côtière japonaise a indiqué qu’elles utiliserait ses MQ-9B SeaGuardian pour des missions de surveillance maritime, de recherche et de sauvetage. Et, l’an passé, la force aérienne néerlandaise [KLu – Koninklijke Luchtmacht] a affirmé que ses quatre MQ-9A Reaper Block 5 seraient finalement déployés sur l’île de Curaçao, dans les Antilles néerlandaises, pour y disposer d’une « capacité de surveillance de longue portée » afin de « soutenir les missions de protection des intérêts des Pays-Bas ».

Et c’est bien ce que pourrait aussi faire l’armée de l’Air & de l’Espace. En tout cas, son chef d’état-major [CEMAAE], le général Stéphane Mille, n’en a pas écarté l’idée lors d’une récente audition à l’Assemblée nationale, dans le cadre de l’examen du projet de LPM 2024-30.

« Après vingt-cinq ans d’expérience opérationnelle ininterrompue, l’armée de l’Air et de l’Espace poursuivra sa montée en puissance dans [le] domaine [des drones]. Le Reaper recevra un pod ROEM [renseignement d’origine électromagnétique] et de nouvelles capacités permettant une exploitation à plein régime avant sa fin de carrière, dans une dizaine d’années [ndlr, soit au-delà de 2030…] », a d’abord rappelé le général Mille.

« D’ici là, le développement et la mise en service de l’EuroMale doteront l’armée de l’Air et de l’Espace […] d’un outil interopérable et souverain, au potentiel d’évolution élevé. Il pourra en particulier être adapté, si nécessaire, pour des besoins outre-mer », a-t-il ensuite ajouté.

Cela étant, le rapport annexé du projet de LPM 2024-30 précise que, s’agissant de l’outre-Mer, les « forces de souveraineté disposeront de capacités de surveillance-anticipation développées qui amélioreront la couverture de nos territoires Outre-mer et de leurs zones économiques exclusives ».

Par ailleurs, en octobre dernier, la 33e Escadre de surveillance, de reconnaissance et d’attaque [ESRA] a réalisé une « évaluation opérationnelle » visant à « mesurer l’intérêt et la plus-value opérationnelle du Reaper pour les opérations de surveillance maritime », lors d’un vol au-dessus de l’océan Atlantique. Une façon, sans doute, de préparer de possibles déploiement outre-Mer à l’avenir.

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