Pour la première fois en France, l’armée de Terre a fait tirer un robot terrestre armé lors d’une évaluation

Le projet de Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30 prévoit d’investir 5 milliards d’euros pour développer des « capacités dronisées adaptées aux différents contextes opérationnels » afin « d’accroître les fonctions de détection et d’action à distance ».

Pour l’armée de Terre, cela se traduira par une « montée spectaculaire sur les drones » [dixit Sébastien Lecornu, le ministre des Armées], avec notamment l’acquision de milliers de munitions téléopérées et de robots terrestres, « capables de coopérer avec le soldat et son environnement, sous son contrôle ».

Cependant, l’armée de Terre n’a pas attendu ce projet de LPM pour engager des actions dans le domaine de la robotique militaire. En 2021, suite à des réfexions engagées quelques années plus tôt et à plusieurs expérimentations, dont « ROBOPEX » [un robot « mule » déployé au Sahel, ndlr], elle a lancé le projet « Vulcain » et créé une section spécialisée au sein du Centre d’entraînement aux actions en zone urbaine [CENZUB] – 94e RI de Sissonne, avec la mission d’élaborer des doctrines d’emploi de telles machines.

En outre, avec le Battle Lab Terre et l’Agence de l’innovation de défense [AID], l’armée de Terre organise, depuis 2022, le défi CoHoMa [pour Coopération Homme-Machine], lequel s’adresse aux entreprises, aux écoles d’ingénieures, aux laboratoires spécialisés, etc. La seconde édition se tiendra du 11 mai au 7 juin sur le camp de Beynes [Yvelines] et aura pour thème « S’emparer d’un objectif ».

Cela étant, le robot terrestre que vient d’évaluer la Section technique de l’armée de Terre [STAT] à Satory et à Mourmelon pourrait être utilisé à une telle fin. En tout cas, cette évaluation a eu un caractère inédit.

« Pour la première fois en France, une plateforme terrestre armée a tiré en téléopération! », a en effet indiqué la STAT, via les réseaux sociaux.

Le robot évalué était un THeMIS [développé par l’entreprise estonienne Milrem Robotics], doté d’un tourelleau téléopéré fourni par le groupe belge FN Herstal et d’un système de « commandement et contrôle » de la société Glenair.

Milrem Robotics a « notamment intégré sur le THEMIS des technologies d’autonomie [suivi d’un combattant, rejeu d’itinéraire, retour vidéo du pilote et du tireur par le système de contrôle et de commande] », a précisé la STAT.

Cette évaluation, appuyée par la section exploratoire robotique du 94e RI/CENZUB, a commencé à Satory, en se concentrant d’abord, pendant trois semaines, sur la mobilité du robot et la coordination de celui-ci avec le pilote et le tireur en téléopération. Puis elle s’est terminée « par une séquence de tir à une distance comprise entre 600 et 800 m » à Mourmelon.

L’évaluation d’un robot THeMIS armé d’un tourelleau fourni par la FN Herstal n’est pas une première : en 2019, l’armée estonienne en avait engagé un exemplaire dans l’exercice Spring Storm. Et, à cette occasion, de « nouvelles façons de contrôler le poste de tir à distance deFNder » avaient été expérimentées.

Quoi qu’il en soit, en France, l’objectif est de généraliser l’utilisation des robots [et, partant, l’intelligence artificielle] sur le champ de bataille à l’horizon 2040, l’idée étant de bâtir progressivement un « saut robotique » devant assurer une « supériorité opérationnelle dans le combat aéroterrestre », comme l’a expliqué le colonel David Schuster, l’officier référent « Robotique » au sein de l’état-major de l’armée de Terre, lors du dernier point presse du ministère des Armées. Cependant, des unités « pilotes » seront dotées de telles capacités à partir de 2025.

« L’armée de Terre veut se robotiser. Nous avons besoin de systèmes de plus en plus rapides, efficaces et puissants. Ils doivent aider le soldat sur le terrain, Nous n’irons pas vers des systèmes totalement autonomes. Ils resteront sous supervision humaine », a expliqué le colonel Schuster.

En effet, l’humain sera toujours « dans la boucle ». « La première victime de la guerre, c’est le plan et il n’y a rien de plus planifié qu’un robot. Dans certains cas, les robots seront plus utiles, mais le soldat aura toujours sa place sur le champ de bataille », a en effet soutenu l’officier.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]