La Marine nationale est sur la piste du sous-marin Monge, disparu en 1915

Construit par l’arsenal de Toulon, le sous-marin Monge [classe « Pluviôse », qui compta dix-huit unités] fut armé par la Marine nationale le 2 août 1910. D’une longueur de 51,12 mètres pour un déplacement de 550 tonnes en plongée, il pouvait naviguer à la vitesse de 12 noeuds en surface [8 noeuds en immersion] grâce à ses deux moteurs électriques associés à deux chaudières à vapeur de 360 ch. Capable de plonger à 35 mètres [seuil de sécurité], il était armé de torpilles de 450 mm, modèle 1904.

Quelques mois après le début de la Première Guerre Mondiale, le Monge, commandé par le lieutenant de vaisseau Roland Morillot, fut affecté à Brindisi pour prendre part au blocus de Cattaro [Montenegro] et de Sebenico [Croatie], deux ports appartenant alors à l’Empire austro-hongrois. Mais il ne revint pas de cette mission.

Chargé de surveiller les bouches de Cattaro [ou Kotor], le Monge resta en plongée durant la journée du 27 décembre 1915 alors qu’il naviguait les environs de la pointe de Platamona. La nuit venue, ayant fait surface pour recharger ses accumulateurs, il repéra une plusieurs navires ennmis. Le commandant Morillot ordonna aussitôt de plonger, les tubes lance-torpilles prêts à l’emploi. Malheureusement, l’une de ses cibles, le croiseur austro-hongrois Heligoland, l’éperonna au niveau de son kiosque, provoquant une voie d’eau.

Le sous-marin étant en train de couler avec ses 22 hommes d’équipage, le commandant Morillot fit larguer les plombs de sécurité. Mais, une fois revenu à la surface, le Monge fut touché par des tirs ennemis.

Devant la gravité des dommages infligés à son bâtiment, le commandant Morillot donna à son équipage l’ordre de l’évacuer. Les marins français furent par la suite récupérés par le Balaton et le Czepel, deux torpilleurs autro-hongrois, à l’exception des quartiers-maîtres Goulard et Morel, qui périrent noyés.

Quant au commandant Morillot, il fit le choix de rester à bord du Monge pour le saborder, afin d’éviter de le voir tomber dans des mains ennemis. La Légion d’Honneur lui fut décernée à titre posthume. De même que la médaille d’or de la valeur militaire, sur décision du duc de Savoie, alors commandant de la flotte italienne.

Près de 108 ans après les faits, la Marine nationale cherche encore à localiser l’épave du Monge. Et sans doute a-t-elle trouvé une piste sérieuse, lors de la dernière mission effectuée par le chasseur de mines tripartite [CMT] Lyre auprès de la marine monténégrine, le 6 avril dernier.

En effet, dans le compte-rendu de cette mission qu’elle vient de publier, la Marine nationale précise que le CMT Lyre a mené une « investigation sur une épave gisant à 80 mètres de fond devant les bouches de Kotor ». Et d’ajouter que celle-ci « pourrait » être celle du Monge.

« L’équipage a été pour l’occasion renforcé d’un médecin hyperbariste du groupe de plongeurs démineurs [GPD] de la Manche, d’une archéologue du DRASSM [Département de Recherche Archéologique Subaquatique et Sous-Marine] ainsi que d’un pilote de drone sous-marin détaché du Groupe d’intervention sous la mer [GISMER] », est-il précisé dans le compte-rendu.

Durant 36 heures, et grâce à son drone sous-marin et aux plongeurs démineurs, le CMT Lyre a collecté de « de nombreuses informations dont le traitement pourrait permettre aux archéologues du DRASSM d’identifier l’épave ». On devrait donc bientôt savoir s’il s’agit bien du Monge… ou d’un autre sous-marin du même type, le Fresnel [commandé par le lieutenant de vaisseau René Jouen] ayant également sombré dans les bouches de Cattaro en 1915.

Cela étant, la Marine nationale est sur la trace du Monge depuis plusieurs mois. En 2021, lors d’une autre mission au large du Monténéfro, le Bâtiment base des plongeurs démineurs [BBPD] Pluton localisa deux épaves qui, selon l’État-major des armées, pouvaient « possiblement » être celles du Monge et du Fresnel.

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