Moins d’un an après le départ de Barkhane, la ville de Ménaka est encerclée par l’État islamique

Le 13 juin 2022, la force française Barkhane remettait à l’armée malienne les clés de la base opérationnelle avancée [BOA] de Ménaka, qu’elle avait établie quatre ans plus tôt pour faire face à une situation sécuritaire « dégradée » dans le sud du Liptako et la région dite des trois frontières [située aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso]. Il s’agissait ainsi de contrer les actions de l’État islamique au grand Sahara [EIGS] et d’empêcher sa « territorialisation », comme le souligna l’État-major des armées [EMA], à l’époque.

Or, moins d’un an plus tard, l’EIGS est en passe de s’implanter dans la région de Ménaka…

En effet, après avoir mis en échec le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM ou JNIM, lié à al-Qaïda], qui convoitait également ce secteur, et pris plusieurs localités, dont celles d’Anderamboukane, de Tamalat, d’Inekar et de Talataye [cette dernière étant stratégique car, située à 150 km à l’est de Gao, elle se trouve au milieu de plusieurs zones d’influence de groupes armés, ndlr], la branche sahélienne de l’État islamique vient de s’emparer, sans coup férir, de la commune de Tidermène, à 75 km au nord de Ménaka. Désormais, la ville n’a plus de voie d’accès et se trouve par conséquent isolée.

« Tidermene est tombé aux mains de Daesh », a ainsi déclaré un élo local ayant trouvé réfuge à Ménaka, selon l’AFP. Les jihadistes « distribuent des corans à la population [et] se déplacent dans la ville avec des armes », a-t-il ajouté.

L’EIGS « coupe directement Ménaka du Nord » et désormais « peut empêcher tout ravitaillement qui n’est pas sans escorte », ont confié des sources « locales » à Radio France International. Qui plus est, l’armée malienne et ses supplétifs russes ne seraient pas en mesure de défendre la ville dans le cas où les jihadistes attaqueraient en nombre.

Cependant, pour l’organisation jihadiste, prendre Menaka n’est pas forcément un objectif en soi, d’autant plus que cela exigerait des moyens qu’elle n’a pas forcément. Aussi, elle pourrait se contenter de contrôler les approches de la ville, ce qui reviendrait au même.

Quant à la Mission mutidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali [MINUSMA], elle dispose de « capacités limitées » et éprouve de plus en plus de difficultés à « s’acquitter de son mandat », comme vient de le souligner El-Ghassim Wane, le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour le Mali.

« Avec plus de 30’000 personnes déplacées [à cause des affrontements, ndlr] vers Ménaka depuis le début 2022 et environ 2’400 autres réfugiées au nord du camp de la MINUSMA à Ménaka, la situation est catastrophique », a déploré M. Wane, lors de la présentation de son dernier rapport sur la situation malienne, le 12 avril.

La MINUSMA « continue de contribuer à la protection des civils, en coordination avec les Forces de défense et de sécurité maliennes, dans un rayon de 15 kilomètres en dehors de Ménaka. À leurs patrouilles de nuit et de jour, s’ajoutent des activités de réconciliation et de cohésion sociale visant à désamorcer des tensions intercommunautaires croissantes dans la région », a par ailleurs expliqué le diplomate.

Photo : archive

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