Le ministère des Armées a soutenu la relance d’une filière française de production de quartz de synthèse

Alors que les autorités françaises avaient jusqu’à présent accepté – si ce n’est assumé – une dépendance à l’égard de certaines productions pourtant critiques, le ton a désormais changé sous l’effet de la pandémie de covid-19 et de la guerre en Ukraine. Et, maintenant, il est de plus en plus question de « relocaliser » des productions et des filières industrielles jugées stratégiques.

Cependant, la Direction générale de l’armement [DGA] n’a pas attendu cette évolution pour se mettre en ordre de marche. Ainsi, en 2015, elle fit en sorte de sécuriser l’approvisonnement en Nitrure de Gallium [GaN], un matériau clé pour la production de circuits intégrés à hautes performances, utilisés pour les télécommunications spatiales et militaires ainsi que pour améliorer la puissance des radars et autres systèmes de guerre électronique.

À cette fin, elle lança le projet NIGAMIL [pour « NItrure de Gallium pour applications MILimétriques »] afin de développer une filière française liée au GaN. Celui-ci s’est concrétisé en 2021, avec un parteneriat établi avec la société United Monolithic Semiconductors [UMS].

« Le nitrure de gallium constitue un enjeu stratégique pour la défense et un intérêt de souveraineté européenne et nationale. NIGAMIL vise donc à réaliser des composants hyperfréquence pour des applications de forte puissance et haut rendement jusqu’en bande de fréquence Ka », avait alors expliqué la DGA, à l’époque.

Cela étant, un autre projet, tout aussi important, avait été mis sur les rails par la DGA quelques mois plus tôt. Appelé « Quartz », son objectif était de relancer une filière française de production de quartz de synthèse de haute qualité. Filière disparue en 2010 quand le seul fabricant français décida de se recentrer sur d’autres productions.

Or, explique la DGA, le « quartz constitue le cœur battant de tous les systèmes électroniques » dans la mesure où il est « utilisé directement comme capteur pouvant mesurer une fréquence avec une très grande précision », ce qui le rend « incontournable dans des applications telles que les centrales inertielles ou les émetteurs et récepteurs radars ou de radiocommunications ».

Si le quarz existe à l’état naturel, il exige cependant un traitement industriel pour pouvoir l’utiliser pour des applications électroniques. Et l’approvisionnement en quartz de haute qualité, d’origine exclusivement extra-europénne, était donc devenu très compliqué depuis l’arrêt de la production française. Aussi, poursuit la DGA, « aucun substitut à ce matériau n’ayant donné de résultats probants malgré les nombreux axes de recherche étudiés, le développement d’une filière quartz sur le sol européen était nécessaire ».

Ce projet de relocalisation a fini par se concrétiser. C’est en effet ce qu’a annoncé le ministère des Armées, le 6 avril. « Cette filière est aujourd’hui une réalité portée par le site de production de Cristal Innov, situé dans la région de Chambéry en Savoie », a-t-il précisé, soulignant « l’enjeu de souveraineté nationale et européenne » que représente la relance de cette filière quartz.

« Grâce à la création d’une plateforme de production développée par Cristal Innov avec le soutien du ministère des Armées, les cristaux sont aujourd’hui développés dans un autoclave, pendant 6 à 9 mois au sein d’une solution à haute température et haute pression. L’autoclave a été conçu pour produire des blocs de quartz de différentes dimensions et adaptés aux besoins des filières de la micro-électronique », développe-t-il.

Le quartz produit par Cristal Innov est d’une excellente qualité puisqu’il affiche des « performances supérieures » justifiant l’appellation de « matériau Pure Premium ».

Pour arriver à ce résultat, il aura fallu fédérer, via Cristal Innov, les principaux spécialistes des cristaux de synthèse, notamment les laboratoires de recherches. « Spécialisé en cristaux piézoélectriques, Cristal Innov est l’unique producteur européen de quartz de qualité pure premium et de cristaux résistant à très haute température », conclut le ministère des Armées.

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